Concert de The Chap, Friction, Phospho avec interludes de Minitel Rose, pour les dix ans du distributeur indé La Baleine, le 29/05 à 20h30 au Batofar, face au 11, quai François Mauriac, Paris 13e (de 10 à 12 euros).
La pop baroque et sérieusement délurée de The Chap ce soir au Batofar. DR
< 29'05'08 >
The Chap, baroque’n’roll
Si les labels tiennent le devant de la scène médiatique, on entend plus rarement parler des distributeurs, intermédiaires cruciaux d’une chaîne du disque censée être mise à mal depuis que les majors voient leur magot fondre (à cause des méchants jeunes). Séchons nos larmes, certains indés tiennent la barre haute, telle La Baleine qui souffle ses dix bougies ce soir au Batofar. Dix ans pour un distributeur indé ET spécialisé basé à Niort, c’est presque un exploit. Fondée par des activistes de la musique électronique, La Baleine vogue d’abord en eaux techno, distribuant sur notre sol pléthore de labels aventureux (Morr Music, Kompakt, Rephlex, Playhouse...), avant d’aborder des territoires plus rock ou expérimentaux ces dernières années avec Lo Recordings, label anglais repéré pour certaines des échappées solo de Thurston Moore, la touchante collaboration Luke Vibert/Jean-Jacques Perrey et surtout The Chap, qui se produira ce soir en tête d’affiche de cette soirée anniversaire. Le troisième album de ces Londoniens, « Mega Breakfast », est un excellent polaroid du rock le plus inventif de 2008. Oubliés les fichus revivals, les reformations, les baby rockers ou le second degré porté comme un cache-sexe. La bande des quatre de The Chap (un Grec, un Ecossais, un Allemand et une Franco-britannique), qui a par ailleurs commis des remixes pour Beck et Bloc Party, construit et déconstruit à grands renforts de bruitages divers, de lardées de violoncelle et de Moog, une musique baroque qui n’oublie pas de faire danser. A peine parvient-on à l’apparier à cette scène américaine qui adore pilonner l’héritage 60’s (Fiery Furnaces) que The Chap vire déjà de bord et évoque des zones encore peu référencées à base de changement de sexe, d’hommage à Kubrick ou de dénonciation d’un certain rock aseptisé (sur « Proper Rock »). Résultat : un collage de pop moderne que « The Wire » qualifiait en 2005 de « fantastic and serious fun » (lors de la sortie de « Ham », leur précédent album orienté électro-pop-hop). La méthode The Chap tient à la fois de l’écriture ciselée (le tube « Caution Me » et ses guitares rageuses) et de l’auto-sabordage le plus fou (leurs concerts, certes moins culs-nus, relèguent ceux de Of Montreal à une aimable causerie au coin du feu, entre chorégraphies molles et énergie punk). Meilleur groupe du monde du mois. The Chap - clip de « Fun and Interesting » réalisé par Adam Lieber et Lawrence Siftel : The Chap - « Caution Me » (extrait d’un concert de mars 2008) :
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