« Inferno, Purgatorio, Paradiso », de Romeo Castellucci, librement inspiré de « La Divine Comédie » de Dante, coffret de deux DVD, Arte éditions, 25€.
"Paradiso", l’installation théâtrale de Romeo Castellucci au festival d’Avignon 2008, dont il était l’artiste associé. © DR
< 10'03'09 >
A saisir (et glacer), la Comédie dantesque de Castellucci en DVD
Pétrifier le spectateur est une des grandes caractéristiques du théâtre de Romeo Castellucci. Grâce à la sortie d’un coffret DVD rassemblant sa trilogie, « Inferno », « Purgatorio » et « Paradiso », « librement inspirée » de « La Divine Comédie » de Dante, on peut désormais se transformer en statue dans son salon, seul ou entre amis. L’effroi et la force de sidération générés par ces œuvres, créées l’an dernier au festival d’Avignon dont l’Italien Castellucci était artiste associé (avec Valérie Dréville), passent étonnamment bien l’épreuve du petit écran. « La Divine Comédie », donc, selon le metteur en scène-plasticien Castellucci, se traduit par deux spectacles, « Inferno » et « Purgatorio », et une installation, « Paradiso ». Les trois royaumes selon l’ordre topographique et cosmologique dantesque sont ici transformés en trois paysages distincts, trois voyages au plus intime de nos terreurs et de nos rêves. Castellucci nous donne sa vision des royaumes de l’au-delà et invente « sa » Divine Comédie. Le metteur en scène né en 1960 aime s’attaquer aux textes monumentaux et fondateurs, (Gilgamesh, La Bible, Shakespeare…), en les disséquant, les digérant et les recrachant sur scène dans une version muette. On parle très peu dans ses spectacles, voire pas du tout. Comme si tous les mots de ces œuvres littéraires se dissolvaient, s’incorporaient aux matières, aux corps, aux sons présents sur le plateau, créant des images qui, le plus souvent, frappent le spectateur de stupeur et d’effroi. Dans « Inferno », spectacle donné dans la Cour d’honneur du Palais des Papes en juillet 2008, Castellucci crée un enfer obscur et angoissant, surveillé par des cerbères aux aboiements effrayants. L’inquiétude, la peur, la culpabilité, tout y est. Des séquences spectaculaires et muettes s’enchaînent, magnifiant le lieu, notamment lors de l’escalade de la façade par un grimpeur ou l’embrasement des fenêtres. Une cinquantaine d’êtres humains constituent un corps coloré, un ballet des âmes tristes baigné par les sons stridents et déchirants inventés par Scott Gibbons. Romeo Castellucci - « Inferno » (extrait), Palais des papes, Avignon, 2008 : Le deuxième spectacle, « Purgatorio », se passe dans un décor hyperréaliste d’intérieur contemporain, chose exceptionnelle chez Castellucci, dans lequel vit une petite famille bourgeoise. Quelque chose arrive, brise la routine et va poser la question du choix entre damnation et pardon. Cela se passe hors-champ, on n’en saisit que de terrifiants échos. Avec les cris et les pleurs de ce petit garçon de bonne famille torturé et miséricordieux, on frôle l’insoutenable. Le spectacle bascule alors dans une série de visions hallucinées, splendides et monstrueuses, charriant des fleurs étranges et vénéneuses, des créatures effrayantes, informes, velues. L’installation « Paradiso », enfin, à l’église des Célestins, pose le paradis comme une brève vision, stupéfiante de beauté, voilée-dévoilée par l’aile d’un ange noir. Romeo Castellucci – « Paradiso », installation à l’eglise des Célestins, Avignon, été 2008 :
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