Animal Collective, en concert le 16/01 au Bataclan, 50 bd Voltaire, Paris 11e. Et en tournée le 16/03 à Strasbourg (Laiterie), le 19/03 à Lille (Aéronef) et le 20/03 à Nantes (Olympic). Album : « Merriweather Post Pavilion » (Domino/Pias).
Animal Collective a trouvé son graal pop avec son neuvième album, qu’il défend sur les scènes françaises, ce soir à Paris, en mars ailleurs. © DR
< 14'08'09 >
Animal Collective : « Notre musique cherche la lumière » (et la trouve)

(Pop’archive). Animal Collective, un des vrais groupes innovants de la décennie qui s’achève, vient partager ce soir avec les Parisiens son époustouflant neuvième album, « Merriweather Post Pavilion », avant une mini-tournée française en mars. Ces années 00, celles des bouleversements (mondialisation, « révolution numérique », guerres américaines…) et du grand » recyclage musical, ont certes vu à peu près tous les styles des quarante dernières années revisités (garage, punk-rock, disco, post-punk, psychédélisme, krautrock, house, folk, et on en passe), mais de toute cette génération portée par le peer-to-peer et la découverte-minute, on ne retiendra qu’une petite poignée d’artistes réellement dans leur époque.

Apparu en 2000 dans la nébuleuse d’un Brooklyn pas encore fashion, Animal Collective, porte en lui toute la révolution musicale des années 00. Originellement marqués par le folk anglais des années 70, Avey Tare, Panda Bear, Geologist et Deakin ont patiemment défriché de nouveaux territoires, s’ouvrant à toutes les expérimentations pour, neuf ans plus tard, installer durablement (et naturellement) les machines au cœur de leur projet, pourvu qu’elles servent leurs chansons. Multicolore, lumineuse, la musique de ce quartette dépareillé entremêle voix et mélodies comme aux plus belles heures des Everly Brothers ou des Beach Boys mais peut aussi tutoyer hardiment les tendances les plus bruitistes (à leurs débuts, ils ont écumé les scènes minuscules avec Black Dice, autre formation passionnante, ce qui a laissé de belles traces), syncrétisme trop rare qui fait tout le prix de disques qui, on l’espère, influenceront la prochaine génération (certains voient carrément en eux le nouveau Velvet Underground).

« Merriweather Post Pavilion », nommé d’après un théâtre de verdure conçu par Frank Gehry dans le Maryland, est un disque à l’état de nature tant il semble en phase avec les éléments : les ambiances neigeuses, aqueuses vous enveloppent comme un cocon, rejetant les bruits du dehors en arrière-plan. On s’y sent comme chez soi. Un disque en liberté, patiemment travaillé sur scène, sur lequel les aficionados reconnaîtront les morceaux de bravoure de la tournée précédente. Animal Collective maîtrise désormais totalement son sujet, sur onze morceaux kaléidoscopiques, réinventant une fois encore sa formule.

Sans guitare (Deakin ne participe pas à ce disque, pour raisons perso), « Merriweather Post Pavilion » est plus frontalement électronique, parfois quasi-rave, mais demeure un disque indomptable, qui se cabre sans prévenir pour faire toute la place aux harmonies vocales, convoquer digeridoo et flûtiaux ou laisser place à une douce mélancolie. Un disque total, un pur bouillonnement créatif ouvert sur le monde, qui nous renseigne autant sur l’état de délabrement de la société américaine (le spectre des expropriations plane sur « My Girls ») que sur son envie de s’en sortir (l’irrésitible hédonisme de « Brother Sport »). Rarement musique si complexe a été si immédiatement accessible : Animal Collective vient de trouver le graal pop.

Animal Collective - « Brother Sport », live au Hove Festival (Norvège), juin 2008 :

Mais le groupe est déjà passé à autre chose, comme le confiaient Geologist (Brian Weitz) et Avey Tare (David Porter) à poptronics, il y a quelques semaines à Paris. « Après la tournée, nous travaillerons sur un projet visuel avec Dany Preiz (qui avait réalisé le clip de « Who could win a rabbit »). Il consistera en un DVD de soixante minutes d’images et de musiques expérimentales. Ce qu’on aime, c’est rêver les mélodies, fabriquer des images avec la musique. Cela ne nous intéresse pas de recycler des idées car c’est très contradictoire avec l’esprit des années 60, une époque de créativité intense. Nous sommes en permanence à la recherche de nouvelles expériences et d’harmonies familières, universelles, faciles à retenir. Notre musique est souvent qualifiée de bizarre ou sombre, mais en réalité nous recherchons surtout la lumière ! »

Animal Collective - « Summertime Clothes », live au Hove Festival (Norvège), juin 2008 :

Cet article a été publié la première fois le 16 janvier 2009.

matthieu recarte 

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< 1 > commentaire
écrit le < 17'01'09 > par < cjditt i4Y gmail.com >
c’est magnifique, juste minéral et bénéfique, donc une acquisition obligatoire pour tous en forme de vœux un auditeur émancipé