Grand retour du duo Plaid et son electronica épurée, ce soir au Batofar. © DR
< 19'02'09 >
Au Batofar, fais ce qu’il te Plaid
Plaid, c’est un organisme à deux cerveaux et quatre mains, ceux d’Andy Turner et Ed Handley, deux Londoniens épris de science-fiction, de nouvelles technos, de hip-hop, de pulsations et de machines. Un nom culte pour les fondus de musiques électroniques de la troisième génération, celle qui, après les pionniers américains et leurs héritiers européens (acid house et smileys) de la fin des années 80, redécouvre les beautés des sonorités postindustrielles et leur brassage avec des univers visuels. Plaid, un secret bien gardé et sans doute inconnu des hordes edbangerisée à voir ce soir en live A/V au Batofar. A leurs débuts, en 1989, dans l’Angleterre grisâtre post-Thatcher, ils bricolent avec Ken Downie une techno pour androïdes, sous le nom de Black Dog. Le son est saturé, radical, les rythmes épousent une colère prolo qui ne demande qu’à exploser, bien loin du pseudo hédonisme baléarique qui agite Manchester. Au même moment, à quelques centaines de kilomètres au nord, Rob Mitchell et Steve Beckett montent leur petite boutique de disques techno, futur label Warp Records. Les EP de Black Dog illustrent la dette des artificiers électroniques de ces années-là envers le hip-hop décavé des pavés new-yorkais. En 1995, le monde et la musique ont changé et il est temps de passer à Plaid, un projet qui, comme son nom l’indique, se veut enveloppant, caressant, chaleureux. Après la rage postindustrielle, l’horizon s’élargit. Handley et Turner puisent dans leur amour pour le cinéma et ses bandes originales, les robots, le hip-hop. Plaid est né, et avec lui un courant encore tout nouveau : l’electronica mélodique, accessible, aimable et zen. Après un premier EP sur leur label, « Mbuki Mvuki », ils sont approchés par le label Warp, alors au zénith (Aphex Twin, LFO et Autechre). Leur premier album, « Not For Threes », sort en 1997, soit un mélange de sonorités exotiques, de mélodies fluides et déstructurées, brillamment enrobé par les voix de Björk et Nicolette. Il faut néanmoins attendre « Double Figure » en 2001 pour s’extasier de la radicalité du duo qui puise dans l’épure japonaise des bonheurs mélodiques tarabiscotés. A cette époque, ils se produisent en live munis de caméras-robots (un système repris par l’artiste Pierre Bastien) et commencent à collaborer avec l’artiste visuel Bob Jaroc, qui réalise quelques-uns de leurs clips. Cependant, leur plus célèbre vidéo reste « Itsu », que le collectif Pleix a réalisée. Plaid - « Itsu » (réal. Pleix) :
Après « Double Figure », « Spokes » (2003), leur album le plus resserré et aussi le plus tordu, qui marche sur les plates-bandes abstraites d’Autechre, « Greedy Baby » (2005), projet audiovisuel conçu main dans la main avec Bob Jaroc et publié en DVD, Plaid a pris du champ pour se consacrer à deux BO, celle du manga « Tekkon Kinkreet » et de la fiction « Heaven’s Door », inédits en France. Ils devraient présenter ce soir au Batofar des extraits de « Scintilli », leur prochain album prévu pour ce printemps, avant de laisser les platines à la nouvelle signature de Warp, Tim Exile, qui a fait sensation aux dernières Transmusicales de Rennes. Plaid en live à la Knitting Factory, 2007 :)
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