parhasards.fr, jeu online créé par x-réseau, mis en scène par Jean-Paul Delore, du 14/09 au 16/10 sur Internet depuis le théâtre Paris Villette. Webcamp sur réservation (resa@theatre-paris-villette.com et 01.40.03.72.23.) ce 16/10 à 19h30 au Théâtre Paris-Villette, Parc de la Villette, Paris 19ème.
La plupart des auditions ont été le fait d’un internaute seul face à sa webcam et sa connexion internet. Exception qui confirme la règle, Tatiana a invité ses amis comédiens à une improvisation de groupe burlesque. © DR
< 16'10'09 >
Au hasard de parhasards.fr
Dernier projet signé x-réseau de tentative d’une scène du Net, parhasards.fr mélange l’idée d’un casting numérique et de répétitions à distance. Le trio qui anime le projet procède depuis la mi-septembre à des rencontres sur le Net afin de construire une fiction théâtrale. Ne pas se fier à l’intitulé du site : le hasard ne désigne pas ici une énième errance de lien en lien, mais s’appréhende tel un faisceau de possibilités liées ou non à la rencontre entre un metteur en scène, une histoire à écrire et des internautes qui, pour un temps, deviennent les figurants, voire les acteurs d’un scénario en construction. Pour le simple spectateur, le dispositif sur trois niveaux est plutôt complexe. Le premier niveau est lié à la participation : l’internaute peut se prêter au jeu du casting. Le second met en place une distance par le réseau. En retrait, à l’écart, vous observez le metteur en scène en action et comprenez le travail de l’improvisation. Surtout, vous décelez les obsessions du metteur en scène, sa fascination pour les cadres, les portes, les jeux de lumière sur les visages. Vous saisissez également le rapport qu’il entretient avec la caméra, son occupation de l’espace visuel. Quant au troisième niveau, c’est celui de la fabrication de l’écriture théâtrale, une écriture non finalisée, et encore moins fixée par des règles classiques. Ce dispositif permet au trio de fonctionner. Il est composé du metteur en scène Jean-Paul Delore et de deux « opérateurs », Alain Broders et Alexandre Lard, le premier se transformant parfois en chef d’orchestre, voire en metteur en scène-bis, tandis que le second occupe le terrain du Net et y circule en temps réel. Filmés en plongée, ils déambulent échangent et vivent sour les yeux de l’internaute. Dans les moments de latence entre deux auditions, le trio devient lui-même sujet d’observation. Extrait d’une séance de casting de parhasards.fr : « Parhasards.fr est un jeu online dédié à l’écriture d’une pièce de Jean-Paul Delore. Tout se joue à distance au hasard des connexions », annonce le site. Entendez par jeu une extension de la dialectique jeu/je, si chère à Roger Caillois… Al Brothers et Al Bacon, les deux alias des opérateurs, sillonnent le Net, utilisent Facebook pour informer des horaires, jouent des messages laissés par les uns et les autres sur Twitter. Dommage que le dispositif ne permette pas de communiquer via Twitter pendant la rencontre. Par moments, ils arpentent les flux à la recherche d’interlocuteurs pour les convoquer via Skype à participer à cette expérience théâtrale dans un autre temps et un autre espace. Le virtuel s’appréhende sur le mode du concret, du désir, de la curiosité… Faire plaisir à l’autre, accepter les épreuves, accepter de se prêter au jeu, accepter aussi le ridicule d’une situation peu commune. Audition dématérialisée Parhasard.fr demeure l’expérience d’une audition dématérialisée qui ne tient qu’à un fil, celui du synopsis, point de départ poétique mais fragile qui peut mener en un instant vers de la mauvaise science-fiction ou ressembler à une série B. Au départ, ce fil, ce sont deux jeunes femmes. L’une, Ilda, disparue à l’âge de dix ans, est réincarnée dans le corps d’une autre femme, Nicole. Dommage là encore que ce synopsis en forme de métaphore de ce que l’internaute voit à l’écran, à savoir deux espaces (celui de la salle du théâtre Paris-Villette et celui de l’internaute « casté »), semble évacué par le metteur en scène. Extrait d’audition parhasards.fr, jour 9 : Ce jeu sur les « je » dissimule une stratégie pour débuter l’écriture. Qui se fait jour lorsqu’on regarde une à une les vidéos répertoriées sur le site : prééminence de la biographie, de l’intime aussi, de deux univers qui ne semblent pas pouvoir se rencontrer, une scène sans acteur et un théâtre intime. Le spectateur perd le fil, se noie dans l’affluence des micro-actions, micro-événements et micro-saynètes qui n’ont d’autre lien apparent que la chronologie de l’enregistrement. Les archives vidéos comme la retransmission directe demeurent des objets difficilement cernables, dans un entre-deux qui laisse perplexe, surtout lorsqu’un dialogue absurde ou potache s’installe entre le metteur en scène et les internautes. Et pourtant, l’intérêt et l’enjeu de ce projet tiennent dans cette fragilité où le dialogue, la compréhension, le jeu d’acteur s’échappent par d’autres voix et voies. Reste un terme impropre pour décrire ce qui se passe : le casting. Y a-t-il eu des élus parmi les auditionnés ? Sont-ce ceux qui reviennent le plus souvent ? Se transformeront-ils ensuite en comédiens de plateau ? Rien n’est encore fixé. De même que personne n’a encore décidé si les vidéos serviraient à illustrer la future pièce ou si les comédiens répondraient depuis le plateau du théâtre aux actions filmiques. Tout reste à écrire, tout est en suspens. Il y a de l’expectative, de l’imprécis, du déceptif, de l’attente et de la curiosité dans une telle expérience. Et c’est sans doute dans ses points de suspension que la création existe, œuvre, se construit… Rendez-vous ce soir au théâtre Paris-Villette pour un barcamp, soit la possibilité pour le public d’investir physiquement la scène. Pas par hasard donc.
Il est plus que temps d’« Exploser le plafond »
“Good Bye Schlöndorff” mixe multimédia, guerre et cinéma pour Banlieues bleues Mal au Pixel #9, l’art du réseau sans paillettes ni selfies Anne Horel en interview pizza emoji Les “machines en état de rêve” de Fundbüro Valence Au secours du théâtre Paris Villette |