« Road Music », de Peter Sinclair (2009), parcours automobile sonore et interactif, dans le cadre de la biennale Figures de l’interactivité à Poitiers, le 19/11 de 17h30 à 20h, École européenne supérieure de l’image, 26 rue Jean Alexandre, Poitiers (86).

« Human Browser », de Christophe Bruno (2001-2006), performance entre un acteur et le moteur de recherche Google, médiathèque François Mitterrand de 12h30 à 14h30.

2e Biennale Figures de l’interactivité, Mémoire(s), à Poitiers, du 17 au 27/11, concerts, performances, colloque, master classes.

"Road Music", une composition pour la voiture conçue par Peter Sinclair, à expérimenter sur la route à Poitiers, ce 19/11 de 17h30 à 20h. © DR
< 19'11'10 >
Avec « Road Music », Peter Sinclair (en)chante la route

Une voiture qui joue sa propre musique, qui interprète la route, ses bosses, ses virages, la lumière, la pluie et le soleil… Il ne s’agit pas de la dernière invention en matière de design sonore d’un constructeur automobile, mais d’une création artistique qui pourrait précisément intéresser l’industrie. Mais qui pour l’instant ne fait que (mais c’est déjà beaucoup) mobiliser les sens, perturber les habitudes et faire voyager au-delà des kilomètres parcourus.

La 2e édition de la biennale Figures de l’interactivité à Poitiers (du 17 au 27/11) fournit l’idéal prétexte pour évoquer « Road Music », cette expérience sonore d’un genre vraiment nouveau (les mots veulent parfois vraiment dire ce qu’ils annoncent, contrairement à bien des expérimentations acoustico-branchées du moment). Ici au volant, Peter Sinclair, compositeur, ingénieur, chercheur, un de ces Britanniques installés en France (dans le Sud, pas fou non plus…) qui se plait à échapper aux étiquettes, l’un des fondateurs de Locus Sonus, un laboratoire de recherche artistique sur le son à l’ère du flux. Peter Sinclair a mis au point cet instrument qui n’en est pas un en 2008, et ne cesse depuis de l’améliorer, d’en étudier en route les subtilités de composition.

Vertige sonore assuré en montant dans la voiture pourtant apparemment banale de Peter. La composition est évidemment en temps réel, aléatoire, elle n’est jamais la même et demande une écoute plus qu’attentive pour décrypter ici la sonorité associée au freinage, là les sifflements émis par un virage, et par dessus le clic-clic de l’accélération. C’est un peu comme si la voiture chantait, comme si le paysage défilant au bord de la route devenait un son, comme si la lumière des phares, la pluie et le vent qui accompagnent le conducteur derrière son volant étaient les instruments d’un orchestre inédit.

« Le mouvement de la voiture sert à la synthèse sonore, nous expliquait Peter Sinclair cet été à Aix-en-Provence (où il enseigne aussi à l’école des Beaux-Arts). Les flux des capteurs sont utilisés de différentes manières, les événements (virages, bosses, accélérations…) sont analysés via des tableaux statistiques qui, grâce à la composition en Pure Data, jouent sur les variations. »

Le dispositif AutoSync, composé d’une boîte à peine plus grosse qu’un autoradio à l’ancienne, d’une caméra et de quelques capteurs, est presque simpliste. C’est bien entendu la composition de Peter Sinclair qui en fait tout le sel, l’interprétation des données, l’alchimie des quinze modules de synthèse qui parvient à faire de la voiture une forme de méta-instrument.

Ambiance tranquille au démarrage, avec la vitesse vient une certaine forme d’euphorie sonore, tandis que les chaos de la route se répercutent physiquement dans nos oreilles. « L’environnement de la voiture est d’emblée artificiel, on y est comme coupé du monde, dit Peter Sinclair. La musique aussi est un environnement artificiel qui a un rapport étroit avec la situation dans laquelle on se trouve. »

Le problème, avec « Road Music », c’est qu’on aimerait conduire jusqu’au bout du monde, pour entendre la route d’hiver, celle des paysages lunaires et des déserts, l’embouteillage et les encombrements de la ville, les cahots des voies exotiques… Une manière de réenchanter le quotidien, de revisiter l’idée du voyage, de lui coller des images sonores jamais identiques, jamais figées, déroulantes comme la route elle-même.

Et on se prend à rêver d’extensions d’Autosync pour le métro, le bus, l’avion… Et pourquoi pas le vélo ? Méditatif, sensoriel, un peu magique aussi, « Road Music » est à expérimenter à Poitiers, pendant la deuxième édition de la biennale Figures de l’interactivité. Qui réserve d’autres jolis moments, entre une master classe avec Julien Maire et un remake du toujours efficace « Human Browser » de Christophe Bruno (2001-2006), où un comédien lit en temps réel les requêtes du moteur de recherche Google. Tandis que Peter Sinclair fait chanter la voiture, la transformant en personnage à part entière, Christophe Bruno, lui, robotise l’humain… Joli programme, on vous dit.

Pour écouter et voir « Road Music » :

De nombreuses vidéos sont disponibles sur le site de Peter Sinclair, dont un bel extrait du DVD réalisé par Peggy Arraou durant une résidence à Rhizome-Lijiang art center au Yunnan (Chine), en septembre 2009.

Explications par Peter Sinclair (en anglais et en voiture), tourné dans le cadre de l’Art-Sci Center, labo de l’Université de Californie) :

annick rivoire 

votre email :

email du destinataire :

message :

< 1 > commentaire
écrit le < 19'11'10 > par < loazzopardi uia yahoo.fr >
Pour l’avoir essayé..., je confirme la magie de cette machine qui ne donne qu’une envie, aller au bout du monde. Je rêverai d’en avoir une dans ma voiture. Grand bravo à M. Sinclair.