« Weiss », Yann Sérandour, exposition à la galerie gb agency,, jusqu’au 10/01, 20, rue Louise-Weiss, Paris 13eme.
Vue partielle de l’exposition Weiss de Yann Sérandour, artiste qui tourne autour des livres, objets et contenus. © Gb agency
< 06'01'09 >
Yann Sérandour, un artiste peut en cacher un autre
Yann Sérandour est un « infiltré »… Avec tant de creux dans la manière et la pratique qu’il pourrait presque être une sorte d’« artiste invisible ». Ses sources : l’histoire de l’art, les œuvres d’artistes qu’il réactive à l’aune de ses propres préoccupations, comme l’objet livre, l’acte de lecture, le geste d’inventaire des formes connues. Il ne semble jamais s’agir chez cet artiste rennais de 34 ans de détournement ou de réappropriation, mais de glissements dans les interstices laissés par les œuvres ; d’immixtion dans celles-ci avec une prédilection pour les pièces conceptuelles des années 70. Comme s’il procédait à une lecture aux marges (ou littéraire) de pièces historiques. Il en est ainsi de la première pièce qui accueille le visiteur, jusqu’au 10 janvier à la galerie Gb agency, : « Portrait d’un jeune homme lisant un magazine pour messieurs ». Un miroir et, simplement posée sur son bord extrême gauche, une photographie trouvée par Sérandour, datant des années 30 et représentant ledit « jeune homme ». Autoportrait possible de l’artiste ? Autoportraits réinventés à chaque visiteur ? Autoportrait diffracté de l’artiste dans la succession des reflets des visiteurs dans le miroir ? Surtout « re-visitation » d’un des thèmes récurrents de l’histoire de l’art, soit l’une des lignes d’infiltration de Yann Sérandour. Ainsi les « découpages » avec miroirs auxquels procède Sérandour à partir d’images prises dans un catalogue de l’œuvre de Robert Smithson « Neuf Déplacements de miroirs » (1969) ou ce wall painting qui occupe tout un mur de la galerie : « Le Plein » inventorie tous les éléments et objets mis en place pour l’installation éponyme d’Arman, de 1994, pour l’exposition « Hors limite » au Centre Pompidou. Sérandour reconstitue là œuvre et exposition par la liste et par les mots. L’exposition comme acte de lecture et non plus de vision. L’exposition-assemblage « réduite » à son idée. Mise en critique du Nouveau Réalisme… Face à ce wall painting, « Weiss », qui donne son titre à cette exposition personnelle. Sur une table de tapissier, se déroulent les pages blanches et intercalaires de catalogues ou de revues d’art choisies par l’artiste dans la bibliothèque de la galerie et « ré-assemblées » ou « re-collées » (comme l’idée d’un long collage sur le vide). Une sorte de « rouleau » dépliable, qui travaille le « peut-être visible » ou « ce qui fut une appartenance antérieure » de cet objet livre dont on ne montrerait plus que les blancs et les vides, nécessaires respirations de la lecture, nécessaires souffles graphiques de la vision. Et les revues utilisées sont accumulées contre l’un des murs, privées désormais de leur rythme comme d’une partie de leur architecture. Yann Sérandour ne déconstruit pas, il met à nu la composition, l’invisible ou ce qui nous échappe constamment dans notre hâtive consommation des choses. Mais la question reste : où est l’artiste ? Et ce n’est pas dans le showroom adjacent que le visiteur trouvera une réponse. Yann Sérandour y a assemblé des œuvres d’artistes de la galerie, en vrac : Jiri Kovanda, Mac Adams, Roman Ondak, Yann Sérandour (artiste parmi les autres), avec cette pièce qui fut montrée l’été dernier au palais de Tokyo : « Inside the White Cube, Expanded Edition » (2008). Réunissant dix-huit livres de l’édition anglo-saxonne des textes critiques (et mythiques) de l’artiste Brian O’Doherty sur l’idéologie du « White Cube », Yann Sérandour crée un cube blanc parfait, mise en abîme à la fois du texte d’O’Doherty et de l’espace de la galerie. Critique de la critique. Objet livre dont l’artiste n’hésite pas à cacher la lecture, objet sculpture qui redonne à lire les espaces possibles de son inscription. Yann Sérandour est un « infiltré » de l’invisible ou du non-visible.
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