« Bioshock », FPS développé par 2K Games. Sortie fin août sur PC et Xbox 360, 55 à 65 €.
« My heart belongs to daddy » : cherchez la Petite soeur, vous vous casserez les dents sur son Big Daddy. © DR
< 04'09'07 >
« Bioshock », le choc des profondeurs

On nous avait prévenus  : « Bioshock » n’est pas un FPS comme les autres. Est-ce son scénario bien plus fourni que la moyenne des jeux de tir, sa dimension de jeu de rôle ou l’univers rétro d’une cité sous-marine où le temps s’est figé dans les années soixante ? Une chose est sûre : on en redemande.

L’habitué des FPS (first person shooter, jeu de tir à la première personne) doit se faire une raison et s’adapter à un mode de jeu hybride. « Bioshock », multiprimé (meilleur jeu à l’E3 2006) impose son style en douceur : après une très courte cinématique où l’avion du héros s’abîme en mer, le joueur prend la main pour nager jusqu’à un phare qui dissimule l’entrée de Rapture, une cité bâtie sous les flots par une bande de scientifiques idéalistes ; l’expérience a évidemment mal tourné. En arpentant la cité en ruines, le joueur se rend compte qu’il est davantage dans un film que dans un jeu. Un vrai paradoxe, car « Bioshock » propose une immersion et une interactivité rares, malgré un environnement sixties peu familier. Les graphismes, plutôt jolis, ne sont rien à côté de l’atmosphère qu’ils composent et servent.

La frontière entre le jeu et le film est toujours floue : le joueur/acteur est maître de son destin, libre d’explorer à sa guise la ville immergée. Libre aussi de choisir entre une approche grand bourrin et une tuerie plus subtile, à base de pouvoirs spéciaux : les plasmides. Dans tous les cas, il faut une certaine dextérité à la souris ou à la manette : « Bioshock » reste, avant tout, un shooter. Qui allie cependant au tir une bonne dose de RPG (role playing game, jeu de rôle) : il faut faire des choix pour faire évoluer son personnage, privilégier certains pouvoirs au détriment d’autres, gérer au mieux les quelques dollars glanés en faisant les poches des cadavres.

Aucune cinématique n’altère le rythme de la découverte de ce monde inconnu. Outre les affiches aux murs et les différentes traces de la vie de la cité, des journaux sonores laissés par des personnages apparaissent, personnages dont on ignore tout, excepté qu’ils sont morts. L’oreille prend autant d’importance que l’œil dans l’exploration, et l’ouïe peut être bernée aussi facilement que la vue, baignée dans les bruitages angoissants, les refrains jazzy égrenés par un vieux gramophone et les discussions de personnages qu’on ne voit pas encore, mais dont on devine que leurs intentions ne sont pas des plus pures.

Pur, justement. Un mot qui reste à définir dans « Bioshock ». D’entrée, votre guide a prévenu : « Oubliez le bien et le mal. » Et c’est loin d’être une parole en l’air ! Chaque joueur établit ses propres barrières morales face au dilemme suivant : les plasmides dont il peut se doter (geler l’ennemi puis l’éclater en mille morceaux, l’électrocuter quand il a les pieds dans l’eau, le posséder, lui jeter lampes, chaises et grenades par télékinésie…) consomment une substance nommée Eve. Et le meilleur moyen de s’en procurer est de la prendre aux Petites Sœurs, des gamines génétiquement modifiées qui ramassent les dernières gouttes d’Eve sur les cadavres qui jonchent Rapture. Pour les protéger, des colosses en scaphandre, lourdement armés. Mais là n’est pas la vraie difficulté. Une fois leur Protecteur (« Big Daddy » en VO) éliminé, vous pouvez siphonner toute leur Eve et les tuer du même coup. Ou n’en prélever qu’une partie, les délivrer de leur état de servitude léthargique et compter sur leur générosité plus tard dans le jeu. Imaginer la situation est une chose. Se retrouver devant les petites filles larmoyantes aux yeux de biche en est une autre.

Et le temps s’arrête tandis qu’on joue à « Bioshock ». Assurément la marque des grands jeux : l’immersion est tellement profonde qu’on peut passer deux, quatre, huit heures pad en main avant de réaliser, l’air hébété, que le soleil se lève dans la vraie vie, là, à la fenêtre. Faut-il alors s’arracher à « Bioshock » et reprendre une activité normale, ou repartir avec délice pour un tour ? Un choix de plus. Et c’est loin d’être le plus simple.

mathias cena 

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< 1 > commentaire
écrit le < 04'09'07 > par < marco EUr yahoo.fr >
On l’attendait, il est encore plus réussi que réussi, il a eu des prix partout, et son créateur Ken Levine se la pète sur tous les forums. Et sur la fnac.com les internautes lui ont même donné 10/10. Peut-être que le côté rétro-SF est un vrai plus (après tout, les scénarios à la con de science-fiction futuriste, on en a soupé).