77 million paintings de Brian Eno, les 29, 30 juin et 1er juillet au Yerba Buena Center for the Arts, et dans Second Life.
Une des "77 million paintings" de Brian Eno. © DR
< 02'07'07 >
Brian Eno ou l’infini de la peinture
Brian Eno n’a pas enfilé son costume d’avatar de Second Life pour admirer jusqu’au vertige quelques-unes des combinaisons aléatoires qui forment la trame de 77 million paintings, sa dernière réalisation. Pourtant, pour la première à San Francisco de sa pièce de musique visuelle au Yerba Buena Center for the Arts, les 29, 30 juin et 1er juillet, le pendant virtuel avait été organisé : trois jours d’installations de Brian Eno dans le monde virtuel, et la projection simultanée de la performance de San Francisco, dont on peut voir quelques traces ici. Rien de surprenant que l’œuvre de Brian Eno connaisse cette double exposition, dans Second Life et au musée. C’est un peu la marque de fabrique du compositeur britannique, depuis qu’il a quitté la pop de Roxy Music après deux petits albums dans les années 70, d’être toujours à la pointe de la création. Compositeur à l’origine du courant répétitif et génératif, inventeur de l’ambient avec « Music for airports » (1978), Brian Eno n’est pas que musicien. La preuve avec ses 77 million paintings, qu’il présente sous forme d’installations toujours nouvelles (en croix à Venise en octobre 2006 par exemple) un peu partout dans le monde, réel et virtuel. Autre signe, la commande qui lui a été faite par Will Wright (le créateur de Sim City et des Sims) de composer la musique de son prochain jeu, the Spore. Le paysage de ce jeu sur l’évolution (des origines de la vie juqu’aux extra-terrestres...) influencera la musique qui n’y sera jamais pareille, sauf le thème d’introduction qui agira comme une sorte de « signature », explique Eno. L’artiste visuel, le « peintre sonore » comme il se décrit lui-même a réalisé « à la main » 300 peintures, certaines datant de près de 35 ans, pour les intégrer à 77 million paintings. L’œuvre générative affiche en permanence des combinaisons nouvelles, superpositions, fondus-enchaînés de trames colorées et vives, mélange d’influences ethniques (gros traits jaunes figurant des grilles de visages) et traits à la Pollock. En aléatoire, tout comme la musique qui l’accompagne. Inspiré de la musique tonale des Terry Riley, Steve Reich et Philipp Glass, la composition est minimaliste, même si l’esthétique ne l’est pas. A la manière dont il réfléchissait dans les années 70 à composer une « musique éternelle et sans fin » qui ne soit pas pour autant répétitive, Brian Eno applique à l’image ce même concept, loin des boucles qu’on trouve un peu partout aujourd’hui. L’art génératif, c’est abandonner la finition de l’œuvre à un programme informatique, et miser sur l’infinité de mariages possibles, donc de changements. Il faudrait près de 9000 ans pour que le programme informatique de Brian Eno puisse « jouer » toutes les combinaisons possibles. Le genre de subtilité qui plait à Eno, puisqu’il s’agit d’organiser le hasard. Il faut lire l’interview d’Eno dans le magazine américain Wired, publiée ce 2 juillet, où le musicien explique : « C’est un peu comme quand vous avez des cartes en main et que soudain vous obtenez quatre as. Certaines combinaisons sont vraiment incroyables ».
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