Interview de Chloé, à l’occasion de la sortie de son album « The Waiting Room » (Kill the dj/Nocturne).
« The Waiting Room », entre beats et intimisme. © DR
< 05'11'07 >
L’intimité du dancefloor selon Chloé
« The Waiting Room » est le premier véritable album de Chloé, qu’on connaissait d’abord comme DJette de choc, toujours prompte à mélanger dans son chaudron une culture musicale très étoffée et des textures « minimales » résolument dancefloor, découvertes et digérées entre autres dans les clubs de Berlin. « The Dysfunctional Family », l’an dernier, donna quelques indices sur sa parentèle musicale et de cœur : elle y partageait avec son comparse Ivan Smagghe une volonté de faire voler en éclats les identités, qu’elles soient musicales ou sexuelles, en mixant une sorte de compilation idéale, remplie de bombes à danser et de raretés rock, avec la touche dark de rigueur chez tous les artistes de la famille (forcément recomposée) Kill the dj. Tout au long de « The Waiting Room », publié fin septembre, on perçoit la volonté de Chloé de retranscrire un univers intime (« I Want You », « Be Kind To Me », « Amour ») sans pour autant renier les rythmiques, bien loin de la prétention auteuriste de bon nombre de DJs (qui se plantent régulièrement quant il s’agit de passer à la production, en particulier sur la longueur d’un album). Une flopée de plaques tectoniques se caresse ici pour mieux se mêler là, glissant de morceaux expérimentaux pétris de musique dite savante (Chloé avouait récemment sa passion pour Ligeti) à un rock de cendres (à l’image de la pochette N&B, très Peter Saville) ou aux pulsions vitales et autres beats martiaux toujours très subtilement agencés. « The Waiting Room » forme un puzzle ambitieux, qui propulse par un chiasme assez inédit les troubles du cœur sur la piste de danse et prend le danseur par la main. Chloé nous livre quelques pistes. Dans le champ électro actuel, où se situe « The Waiting Room » ? Cet album est une fusion de toutes mes aspirations musicales. J’essaie de rester honnête et comme la production ne me contraint pas à faire de la musique uniquement dancefloor, j’expérimente, je cherche à trouver une énergie forte même dans des morceaux acoustiques. Que je mixe ou que je produise, c’est le même univers. Comment envisagez-vous ce premier album ? Comme l’aboutissement d’un projet sur lequel j’ai travaillé sur la longueur, entre mes remixes, maxis et mes dates de tournées. Contente que ça soit terminé. Je pense déjà au suivant. Qui a réalisé l’artwork de « The Waiting Room » ? Elise Fleury, avec qui j’ai travaillé à l’époque de Dirty Crystal, le groupe que j’avais monté avec Sextoy (figure culte des nuits parisiennes et du Pulp, Ndlr), avait réalisé le logo de notre groupe. Je suis contente qu’elle ait travaillé sur la pochette de mon premier album. Vous aimez collaborer avec d’autres artistes, vidéastes, chorégraphes... Pourquoi ? J’ai collaboré à plusieurs reprises avec Lidia Terki, une réalisatrice scénariste, sur ses projets de court et moyen métrages, car nos univers sont proches. Elle avait réalisé un court expérimental, « Mains courantes » (présenté dans de nombreux festivals) sur lequel on a mis un morceau de mon album. Pour nous, c’était intéressant de trouver le morceau qui allait coller aux images, et non l’inverse. Cette année, j’ai également travaillé avec un danseur chorégraphe, Fabrice Ramalingom, sur l’un de ses projets. Nos univers sont là aussi très similaires, donc nous allons bientôt renouveler l’expérience. Question bonus, un article sur poptronics qui a attiré votre attention ?… Marseille en a gros sur l’hacker, la lourde question des fichiers téléchargés illégalement… En tant qu’artiste, c’est un peu démotivant, pour le coup « on travaille plus pour gagner deux fois moins » ! Cadeau (merci à Fanny@Kill The dj) : « Be Kind To Me », tiré de l’album « The Waiting Room », de Chloé :
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