Poptronics en direct du festival.
« Plot Point », « Suspension » et « Gravity », de Nicolas Provost, au programme de la 7e compétition Labo, la sélection nouvelles images du 30e festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, du 1er/02 au 9/02, sur 13 lieux (dont cinq sur le boulevard François-Mitterrand) à Clermont-Ferrand (63).
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Dans « Plot Point » (2007), des uniformes, des sirènes, la foule des jours ordinaires : des scènes de rues new-yorkaises où documentaire et fiction se mêlent pour une montée de la peur. © DR
< 07'02'08 >
Clermont 4/6 : le coup du chapeau de Nicolas Provost
(Clermont-Ferrand, envoyé spécial) Avec pas moins de trois films en compétition au festival du court métrage de Clermont-Ferrand (une première !), Nicolas Provost est en train de réussir le « coup du chapeau » du Labo 2008. « Suspension », un très beau moment de cinéma silencieux et apaisant, où des volutes de fumée sont retravaillées grâce à un effet miroir ; « Gravity » le cinéma hollywoodien « classique » revisité en superposant sur un rythme effréné des scènes de baisers ; et enfin « Plot Point » » qui plonge dans un Times Square sous tension. Plans serrés, lumières surréelles, tension palpable... « Plot Point » peut être envisagé comme un documentaire plasticien, politique et poétique, sur une ville qui fait partie de l’inconscient collectif mondial. Il marque l’aboutissement artistique de ce Belge surdoué, qui s’essaie depuis une dizaine d’années à tout ce que le cinéma compte de genres, en faisant valdinguer les étiquettes, et prépare actuellement « The Invader », son premier long métrage. Rencontre entre deux portes, avec vue sur le puy de Dôme. L’origine de « Plot Point » ? Pour « Plot Point », l’idée de base était de suivre les flics de New York comme dans l’émission de télé-réalité « Cops » et de mélanger fiction et réalité. J’ai fait une demande auprès du New York Police Department, car je voulais que les policiers soient mes comédiens. Le commissaire s’est montré très intéressé, mais l’autorisation officielle n’est jamais arrivée. J’ai recentré le projet sur des prises de vue en caméra cachée à Times Square (qui se sont déroulées l’an dernier), en parvenant à rester à peu près invisible. Seuls deux policiers et un vendeur de journaux m’ont démasqué ! Pourquoi New York ? C’est une ville qui fait partie de notre inconscient, on se croit dans un décor de cinéma. Mais mon intention n’était pas de questionner l’après-11 Septembre, ni de souligner la paranoïa sécuritaire qui y règnerait. Ce qui m’intéresse, c’est de jouer avec les codes et la mémoire du cinéma (Kurosawa dans « Papillon d’amour » ou le cinéma hollywoodien dans « Gravity » ndlr) en me fondant sur un matériel pré-existant que j’ai moi-même créé. « Plot Point » est né de ces heures de rushes accumulés, que j’ai ensuite montés en respectant minutieusement les règles du cinéma classique : exposition, montée progressive, « plot point » (le nœud de l’intrigue, là où le spectateur comprend quelles aventures le héros doit affronter, ndlr), climax et sentiment de résolution. Au montage, je m’attache à suivre cette ligne émotionnelle, qui remonte aux tragédies antiques. Quelle importance accordez-vous au son ? Je ne me définis pas comme un cinéaste expérimental, plutôt comme un artiste qui cherche en permanence des nouvelles voies. Et bien sûr, le travail sonore est très important, il représente 50% du processus. J’ai constitué une banque de données sonore (des sons comme des musiques de films), qui me permet de relire aussi le cinéma, à ma manière. Je mélange des extraits de « scores » classiques et de séries télé, je redécoupe et réagence le tout. Ce que je veux, c’est toucher les gens, émotionnellement et intellectuellement, par ce questionnement du cinéma. Je suis très marqué par le travail de David Lynch, je pense qu’« Inland Empire » annonce une étape nouvelle, et qu’il constitue un laboratoire d’idées et d’inventions.
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