5 ans, 50 portraits.
Aujourd’hui : Nicolas Frespech,, artiste né en 1971, vit et travaille en France.
Auteur : Cherise Fong, journaliste indépendante à New York.
Autoportrait de l’artiste Nicolas Frespech dans sa maison Sims. © NF
< 29'04'13 >
Comment Nicolas Frespech habite le Net depuis Montélimar

(pop’50) Tout a commencé en 1996 avec « La Maison des iMMondes Pourceaux ». Ce CD-Rom devient vite site web. Normal, Nicolas Frespech est convaincu par le potentiel de l’Internet, encore balbutiant à l’époque. Ce premier projet ludique et insolite annonce l’univers artistique et domestique de l’artiste : sa maison, sa mère, ses chiens, ses perruches, son jardin, ses bricoles… comme un abécédaire avec bande-son imaginaire de Peter Kitsch. De sa première (et unique !) résidence d’artiste, au défunt et pionnier CICV d’Hérimoncourt en Franche-Comté, il rentre chez lui à Montélimar, en Rhône-Alpes, pour s’y fixer.

C’est cette vie provinciale et paisible, loin des cercles pseudo-intellos et du snobisme parisiens, géographiquement isolée mais intimement liée à la communauté en ligne, qui caractérise la plupart de son œuvre numérique. A commencer par « Je suis ton ami(e), tu peux me dire tes secrets », un projet participatif qui exploite l’exhibitionnisme anonyme des internautes.

Messieurs les censeurs du net…
Lancé en été 1997, le site connaît un succès foudroyant avant d’être vendu pour 25.000 francs au Fonds régional d’art contemporain du Languedoc-Roussillon. Grâce à cette acquisition, Nicolas Frespech devient à 27 ans le premier artiste français à vendre un site web en tant qu’œuvre d’art à une institution culturelle… L’œuvre en question finira par succomber à la censure pour « obscénité », suite à la publication de plusieurs secrets sexuellement explicites. Doublement pionnier, Nicolas est aussi le premier net-artiste censuré en France...

Formé en arts plastiques, doué en dessin et dévoué à la photographie, Nicolas est fan de Marcel Duchamp, Nan Goldin, Brigitte Fontaine, des « Microfictions » de Régis Jauffret, mais surtout de Claude Closky, son maître ès net-art. On en reconnaît l’inspiration dans ses jeux numériques avec l’art conceptuel et dans son goût pour l’expérimentation, du RSS au RFID, en passant par la réalité augmentée ou l’e-book. Ses pièces affichent une interface des plus simples, mais l’air de rien, il invite au fond à une réflexion sur la vie, les relations, l’amour, la mort…

Journal intime d’exposition
Le touche-à-tout facétieux qu’est Nicolas aime depuis toujours l’image et la remet en cause dans son autre projet phare, l’« Echoppe photographique », lancé le 14 février 2004. Cette œuvre (en cours) qui renverse le rapport à l’image (on commande un thème, Nicolas se charge de la réalisation) fête chaque année son anniversaire avec des archives toujours plus conséquentes. Nicolas a fait de ce processus un drôle de journal intime, sorte de work in progress guidé par les commandes provocantes des internautes.

L’interprétation photographique, et finalement très personnelle, de ces descriptions textuelles est devenue un rituel qui relie davantage son œuvre en ligne avec son quotidien rhône-alpin.

En parallèle à ces activités artistiques plus ou moins « clandestines », Nicolas a employé au fil des ans ses compétences web un peu partout, à la municipalité de Montélimar, dans l’éducation et l’animation sociale, toujours en relation avec l’art et la communication en réseau.

Depuis 2009, il partage son expérience avec ses étudiants à l’école des Beaux-Arts de Lyon. C’est dans ce cadre académique qu’il poursuit ses recherches sur le livre électronique (et artistique, bien entendu)… ceci entre deux sessions « Sims » où l’on aperçoit un artiste qui à la fois s’enferme et s’envole dans sa maison montilienne. Sans oublier ses chroniques pour Poptronics, un site pour lequel il n’a cessé de jouer la mouche du coche et la vigie du Net !

En guise d’autoportrait numérique (la commande faite aux artistes de notre pop’50), Nicolas Frespech nous a fait parvenir ce « Powerpoint Karaoké », un Powerpoint open source, s’il vous plaît (il faut dire que Nicolas défend avec les NTIC une autonomie des moyens de production, donc des standards ouverts). Une variation autour de ses thèmes de prédilection, en rose et noir.

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Cliquez sur l’icone pour afficher le diaporama. Si vous n’avez pas Open Office, il vous faudra le télécharger pour le consulter. Autre solution, télécharger « Powerpoint Karaoké » depuis le site de Nicolas.

Aller plus loin

Le site de l’artiste.
Son portrait à 27 ans dans « Libération ».
Un entretien de Nicolas Frespech avec Bertrand Gauguet dans « Archée », au sujet de la censure des « Secrets ».
Son œuvre censurée, « Je suis ton ami(e), tu peux me dire tes secrets », a trouvé refuge sur le serveur de l’école des Beaux-Arts de Lyon.
Sa playliste vidéo pour le site « Ecrans », en 2007.
Pour Poptronics, Nicolas a réalisé en juin 2007 deux pop’labs (sinon rien !) à revoir ici et .
La Sandbox de Nicolas Frespech pour ses étudiants aux Beaux-Arts, véritable boîte à outil numérique et artistique.
« Ma petite histoire personnelle du net-art », contribution au colloque « Formes et processus des pratiques artistiques dans la culture numérique », organisé par l’école des Beaux-Arts de Montpellier en novembre 2012.

Actualités à venir

Nicolas est l’un des artistes participant aux ateliers « Hype(r)Olds » (imaginés par l’artiste Albertine Meunier pour les très vieilles dames), qui font leur grande réunion nationale à Marseille les
Nicolas Frespech participe à la plate-forme de ressources et de recherche de maison d’édition d’artistes BIP (book in progress).

cherise fong 

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