A force d’entendre artistes, directeurs de théâtre et de compagnies, petites structures et grosses manifs évoquer leurs inquiétudes pour le financement de leurs activités en 2008, on s’était presque habitués, comme déjà résignés, à ce que la culture fasse les frais, avec pertes et fracas, de cette nouvelle politique sarkozyienne qui rase tout, et pas gratis. N’empêche, aujourd’hui vendredi 29/02, c’est un jour de mobilisation pour la culture, un truc sans doute un peu suranné, un mouvement social, qui passe par des manifs, des pétitions, des prises de parole dans la rue, devant les théâtres ou les préfectures, pour qu’enfin la mise en pièces culturelle à laquelle le pays assiste passivement depuis l’élection de Nicolas Sarkozy soit au moins discutée.

La culture a été la grande absente de la campagne pour l’élection présidentielle, il y a un an. Ni droite ni gauche ne semblaient alors s’intéresser à la diffusion de l’art et du spectacle vivant, aucun débat n’a enflammé le pays sur le financement de la création et l’entrée massive du privé dans la culture. Mécénat et désengagement de l’Etat semblaient acquis, comme s’il fallait prendre acte d’un certain désamour pour la culture (cf « l’inculture » du président, entre Eurodisney, Mireille Mathieu et Barbelivien…). Mais on en était encore aux mots, qui, s’ils pouvaient blesser (on pense à la lettre de mission d’un certain président à sa ministre…), n’avaient pas encore d’effet couperet.

Fin 2007, les rumeurs bruissent, le ministère est en plein démantèlement, à se demander si la ministre restera en poste, le CNC, la DAP, les Drac, ces institutions entrent dans l’incertitude des lendemains qui déchantent. Le budget de la Culture avait été annoncé en hausse de 3,2% en septembre, en décembre, le discours a changé, les premières estimations tombent : moins 20% de subventions en moyenne (un chiffre énorme pour la plupart des structures pour qui le financement de l’Etat est le sésame pour obtenir d’autres subventions, locales ou privées). Disparate et inégale, la baisse touche tous les secteurs, des théâtres publics aux micro-scènes de diffusion des musiques actuelles, des structures de création expérimentale type les Labos d’Aubervilliers jusqu’à la totalité des Espaces culture multimédia (supprimés unilatéralement… aux structures porteuses de se débrouiller pour éventuellement trouver les moyens de leur survie). Sans oublier les menaces de l’évaluation qui commencent à se profiler…

Alors que la ministre essaie vaguement de faire croire qu’elle défend le spectacle vivant et la culture française en organisant des Entretiens de Valois (le pseudo-Grenelle de la culture qui ne s’adresse qu’au spectacle vivant), les professionnels réunis sous la bannière de l’Union fédérale d’intervention des structures culturelles (Ufisc, un bien vilain nom) appellent aujourd’hui à une mobilisation nationale. Danse, théâtre, performance, musiques actuelles, cirque, création numérique, électro, pop et classique pour une fois réunis. Un truc archaïque sans doute (pensez, la défense des acquis, l’idée que la culture n’est pas une marchandise comme les autres), dont poptronics se sent totalement solidaire. Des rendez-vous sont fixés à Paris, à 15h devant le Palais Royal, sous les bureaux de la ministre Christine Albanel, et dans l’après-midi devant la préfecture à Marseille et Orléans ou Toulouse. Poptronics en sera.

L’appel à la mobilisation de l’Ufisc (et les signataires) :

L’appel à mobilisation pour le réexamen de la politique de l’Etat français en matière de culture multimédia, du collectif culture-multimedia :

elisabeth lebovici et annick rivoire