« SPAMM Cupcake », installation vidéo projetée dans les vitrines de la galerie PROJECT-ion, à New York, du 28 février au 5 mars 2013.
« SPAMM Cupcake », installation vidéo projetée dans les vitrines de la galerie PROJECT-ion, à New York, du 28 février au 5 mars 2013.
La vitrine "Cupcake" sur Bowery Street à New York, où les glitchs et variations vidéo de près de cinquante net-artistes ont été compilées par Systaime et Ellectra Radikal pour le SPAMM. © Cherise Fong
< 20'03'13 >
Cupcake à la sauce SPAMM en vitrine à New York
(New York, de notre correspondante)Ça a duré une semaine (bien froide) à Manhattan, dans le coin sud-ouest du carrefour de Bowery et Kenmare, juste à l’est de Soho et au nord de Chinatown. Le Super Art Modern Museum (SPAMM) y présentait « Cupcake », installation vidéo projetée dans les vitrines de la galerie PROJECT-ion, visible de l’extérieur, depuis la rue. Une cinquantaine d’artistes du numérique ont collaboré à cette compilation commissionnée par Systaime et Ellectra Radikal, invitée à New York par Mark Brown, une première pour le SPAMM. Le résultat, c’est un patchwork vidéo sans bande son qui revient un peu à regarder MTV sans le son au milieu de la rue. C’est particulièrement le cas de ce contre-champ d’une fille zappant ostensiblement la télé. La vidéo muette marche mieux quand elle raconte une petite histoire, aussi anecdotique soit-elle, comme ce plan séquence d’une fille qui mange une pizza en accéléré. L’ensemble présente également des clips de musique, où figurent notamment les Bardot et Gainsbourg de « Bonnie and Clyde » ou une pub vidéo à la mode avec lèvres sans sync signée Avatar Liberation Front. « Mechanic of Love », Avatar Liberation Front, 2012 : La plupart des vidéos projetées relèvent toutefois davantage de l’abstraction sans intrigue et mélangent des images pixellisées, granuleuses, 3D synthétisées, voire psychédéliques… des animations liquides et pulsantes presque origamiques… des captures d’écrans, collages d’éléments et jeux d’interfaces, « une année » de Gifs animés… beaucoup de femmes nues faisant figuration... Bref, des images aux styles très variés et pour (presque) tous les goûts numériques. Heureuses les images qui arrivent à créer leur propre rythme visuel en contrepoint à la circulation environnante, comme les pixels ludiques clignotants de Loren Foley ou le collage digital du VJ Carrie Gates, qui sont plus agréables à contempler sans avoir à comprendre. Il y a aussi ceux qui semblent exister dans un univers autonome : une expérimentation conceptuelle affiche un compteur à l’infini entre 0 et 1 ; des bulles blanches s’entrechoquent avant de succomber à la gravité dans un cadre physique sur fond noir ; sur fond blanc, une femme porte une robe blanche progressivement envahie par une tache rouge… Finalement, on leur préfère les quelques clips qui explorent différentes textures d’image tout en gardant un certain élan. On aime particulièrement la bande de Katherine Sultan à l’apparence initialement photo-filmique, qui se dissout en vidéo-bending organique. Katherine Sultan, « k4Th.sET-A.dELΛRge », 2012 : Sans oublier « Away Glitch », signé Silke Kuhar, qui pourrait presque définir une nouvelle esthétique du cinéma muet, façon « L’Homme à la caméra » réinterprété pour l’âge numérique. Silke Kuhar, « Away », 2012 : Le souci avec cette installation qui tourne surtout le soir, c’est qu’il fait trop froid pour tarder longtemps dehors. Un petit groupe de trois jeunes passants reste le temps de regarder la fille manger la pizza, et repart aussitôt le feu viré au vert. Heureusement, on peut toujours découvrir toutes les contributions d’artistes (et plus) sur le site web dédié. C’est une des questions que pose ce « Cupcake » à la new-yorkaise : quelle valeur prennent en ville ces contenus issus du Web ? Le cadre en vitrine leur donne-t-il plus d’impact ? Leur statut est-il celui de graffitis animés qui éclaireraient un coin de carrefour autrement dominé par la circulation (sans parler de la pollution sonore) ? Ici en effet, l’environnement n’est pas noyé par le déluge publicitaire de Times Square, ni même écrasé par les gratte-ciel de Midtown. A quelques pas vers le nord, dans la même Bowery Street, le New Museum expose sur un grand écran permanent de l’art vidéo invitant à la contemplation (nos images préférées étant celles, à peine déphasées, d’un Weimaraner de Wegman). A quelques pas encore plus au nord, en diagonale de l’hypermarché bio Whole Foods, sur la transversale East Houston Street, on passe devant une surface verticale toujours changeante parfois dédiée à des projections promotionnelles, mais le plus souvent réservée à des muraux de street-artistes invités (Keith Haring, Shepard Fairey, actuellement la jeune Japonaise Aiko…) et occasionnellement barbouillés par des tagueurs qui ne le sont pas. Mais à cet endroit précis de New York, où l’horizon de l’est donne directement sur l’entrée du Williamsburg Bridge, reliant Manhattan à Brooklyn, dans cette grande rue où règnent les magasins d’éclairage, nul doute que cette belle distraction visuelle joliment éphémère, au coin d’un carrefour bruyant, est appréciable.
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