Déferlante de chaussures virtuelles online après l’attentat symbolique à la chaussure commis à Bagdad par un journaliste irakien dimanche contre le président américain George Bush.
< 17'12'08 >
Des chaussures sachant choquer Bush

La chaussure comme arme de destruction massive, c’est uniquement sur le Net et exclusivement réservé à un certain président Bush, victime de l’attentat le plus humiliant qui soit, dimanche à Bagdad, où il venait faire sa tournée d’adieu. L’Irakien Mountazer al-Zaïdi, journaliste de la chaîne al-Bagdadia,, tout en le traitant de chien, insulte suprême dans le monde arabe, lui a ainsi signifié tout le mépris que provoque le premier personnage américain et principal responsable de la situation catastrophique de l’Irak.

Les images ont fait immédiatement le tour du monde, provoquant liesse et quolibets côté arabes et musulmans, que la politique des Etats-Unis n’a pas vraiment aidés à sortir de l’ornière (en Irak mais aussi au Pakistan ou en Afghanistan, le bilan de Bush est l’un des plus mauvais pour un président américain).

Quolibets côté occidental, accompagné d’un vague sentiment de gêne : certes, il vaut mieux recevoir une paire de chaussures irakiennes à la figure que subir une attaque à la bombe (les précédents étaient plus violents à l’égard des présidents US, qu’on tentait plutôt de tuer). N’empêche, la fin de mandat du président Bush vire de plus en plus au cauchemar.

L’Internet, qui avait depuis longtemps versé dans l’anti-Bush primaire, s’est enflammé comme traînée de poudre, avec une unité de traitement qui, pour le coup, unifie Occidentaux et Orientaux dans un même goût du bouc émissaire.

Bush moqué, Bush transformé en pantin de foire, Bush réduit à la fonction tête à claque, dans un éventail de jeux en Flash bricolés et mis en ligne dès le lendemain de l’événement. Les internautes, les geeks, les gamers développent ainsi une autre façon de réagir à un événement médiatique. Leurs réactions passent d’abord par le fait de faire circuler jusqu’à plus soif la vidéo en question (ci-dessous en version sans commentaires télé, presque brute de décoffrage), puis en proposant une tripotée de jeux de massacre virtuels, intégrant les images de la conférence de presse à Bagdad de George W. Bush avec le Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki.

La vidéo, en son direct :



Pauvres visuellement, au gameplay plus que limité, ces jeux (plus d’une dizaine recensés ici ou ) attirent pourtant des millions d’internautes. Ainsi, « Bush Shoe Throwing Game » revendique déjà 3 millions de chaussures jetées à la face de Bush... virtuellement certes, mais là on est en Allemagne. Sur Sock and Awe (un jeu de mots avec « Shock and awe », du nom de l’opération militaire US en Irak, qui voulait dire choc et terreur mêlée d’admiration), c’est un milliard de chaussures qui ont été jetées et ont atteint le président, qui pourtant les esquive plutôt bien, façon pantin qui se cache derrière son pupitre.

Certains proposent d’étendre la gamme des objets à jeter à la figure du président bientôt à la retraite : des armes de destruction massive, Ben Laden « puisqu’il est toujours là », les fameuses « Freedom fries » (souvenez-vous, elles s’appelaient « French » avant le discours de Villepin devant les Nations-Unies), Enron ou encore l’herbe morte, conséquences des errances de l’administration Bush. « A un certain moment de ces huit dernières années, nous avons tous eu l’envie de jeter un truc au président Bush », explique le site DuckDuckBush.

D’autres sont plus sommaires, comme ce Gif animé plutôt expressif qui reprend en boucle l’image, la séquence et lui adjoint la musique des Pokémon... façon de dire que Bush est devenu la tête de turc du Net. Avec Flying Babush, le jeu en Flash d’un Français de 26 ans dénommé Kek, on peut varier les types de chaussures à jeter au président. Comme le dit un internaute farceur : « Le jeu de mot aurait été meilleur en disant "A bas Bush !" »

Pendant ce temps, dans le vrai monde, même si Bush a bien pris l’attaque à la chaussure, demandant la clémence des autorités irakiennes, le journaliste Mountazer al-Zaïdi, devenu un héros national, est présenté à la justice irakienne ce mercredi (avec un bras et des côtes cassées au cours de l’arrestation, quand même). Alors que les manifestations de soutien se sont multipliées et qu’on lui tresse des lauriers un peu partout dans le monde...

Guillaume-en-Egypte, en observateur avisé et félin des comportements politiques à travers la planète, a vite fait de rapprocher cet attentat symbolique d’un autre événement, français celui-là : « l’ultragauche » arrêtée à Tarnac en novembre, suite aux sabotages des lignes TGV, que Michèle Alliot-Marie a tenté de nous faire passer pour la nouvelle branche du terrorisme made in France.

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