« Clavier Dislocation II » (2006), de Grégory Chatonsky, l’une des neuf oeuvres déjà acquises par Digital Art Promotion. © DR
< 14'04'10 >
« Digitalarti, nouvel outil de promotion de l’art numérique »
Dans le petit milieu de la création numérique, Anne-Cécile Worms est connue et reconnue pour son activisme, qu’elle s’occupe d’événements en réseau (Les Immatérielles à la Maison des métallos en 2009) ou de son magazine papier « MCD » (musique et culture digitale). Depuis quelques mois, Anne-Cécile Worms s’est associée à un spécialiste du capital-risque et fourmille de projets pour booster la visibilité de l’art numérique et de son marché. Avec Digitalarti.com, elle a ouvert une plate-forme aux créateurs et internautes pour accompagner l’art numérique français, mais pas que. Ce pourrait n’être qu’un vœu pieux, mais un fonds d’investissement dédié à l’art numérique accompagne le projet. Les neuf premières pièces acquises par Digital Art Promotion sont « I just don’t know what to do with myself » (dispositif et tirage), « Clavier. Dislocation II » de Grégory Chatonsky, « Surnatures 2 » et « Pixel Snow » de Miguel Chevalier, « Keyword », et « IPC 1 », de Reynald Drouhin, « Still Living J ». d’Antoine Schmitt, Move 36 (tirage) d’Eduardo Kac. Alors que le spécial AV réalisé par « MCD » vient de sortir pour accompagner le festival Nemo (à Paris et Issy-les-Moulineaux jusqu’au 17 avril), il était temps que poptronics pose quelques questions à Anne-Cécile Worms sur l’ambition et le périmètre de Digitalarti.
Forte de l’expérience de « MCD » et de l’organisation d’événements en réseau et à Paris, vous lancez la plate-forme Digitalarti.com, ouverte aux artistes et tous internautes concernés par la création numérique. Pouvez-vous nous décrire le projet ?
Le site Internet est une plate-forme collaborative et internationale : Digitalarti est d’abord un réseau social dédié à l’art numérique qui invite chaque acteur à créer gratuitement son vidéoblog, avec des serveurs puissants et une capacité d’agréger et de relayer l’information grâce à des développements informatiques d’automatisation. Depuis sa création, et notamment grâce à un référencement très efficace, le site apparaît comme leader sur les recherches en « digital art ». Et les statistiques de fréquentation sont en augmentation constante. Même si, en termes d’ergonomie, de design, cette première version du site est amenée à se transformer et à s’améliorer, c’est chemin faisant que les bugs disparaissent, c’est en testant que l’on optimise, c’est en partant d’une version touffue et parfois compliquée que l’on simplifie et réorganise…
La plate-forme bêta préfigure un projet de développement pour l’art numérique en France. Pourquoi lancer en parallèle un fonds d’investissement sur les arts numériques ?
L’art numérique a un potentiel important aussi bien dans un cadre purement artistique que dans des entreprises et/ou des espaces publics… Digitalarti s’adresse aux collectivités territoriales et aux entreprises pour favoriser les relations entre artistes et institutionnels. Concernant les problématiques liées au marché de l’art contemporain, il nous paraissait important de créer un outil financier pour contribuer à valoriser l’art numérique. Malo Girod de l’Ain, l’un des cofondateurs de Digitalarti, ayant eu une expérience dans une vie antérieure à la direction d’un fonds de capital-risque, nous avons pu lancer rapidement ce fonds d’un nouveau type pour acquérir des œuvres. Le troisième associé de cette aventure, Jérôme Chailloux, directeur général de l’Ercim (European Research Consortium for Informatics and Mathematics), répond ainsi à la question de l’innovation dans Digitalarti : « Les sciences de l’information et de la communication engendrent, à un rythme très soutenu, des technologies numériques nouvelles qui deviennent, à leur tour, de nouveaux médias pour la création artistique dès leur émergence voire durant leur conception. Cette fertilisation croisée est une caractéristique unique de l’art numérique et Digitalarti se veut un lieu privilégié de rencontre et d’échanges entre technologues et artistes. »
Qui sont les partenaires de Digitalarti ?
Nous avons déjà de nombreux partenaires, depuis les institutionnels comme Drouot Formation dont nous avons été partenaires pour le colloque Collectionner l’art numérique, art de l’immatériel, le 12 février à Drouot, jusqu’aux festivals d’art numérique en France et à l’international…
Quels types de création avez-vous l’intention de soutenir et faire connaître ?
Le site est une plate-forme qui souhaite faire connaître l’art numérique au sens le plus large : créations en réseau, dispositifs interactifs, live AV, installations sonores, architecture, design interactif, bio-art, nano-art, art en milieu extrême…
Quels sont vos objectifs à terme : fréquentation du site, organisation d’événements, rayonnement de la culture numérique ?
Avec le site, la newsletter mensuelle qui touche déjà plus de 50000 personnes et le magazine international trimestriel (disponible en papier aux Etats-Unis, Canada et en Grande-Bretagne et en PDF gratuitement en téléchargement), nous avons lancé le média global pour participer au rayonnement de cette culture numérique. En 2010, nous continuons à être partenaire et/ou à organiser de nombreux événements pour faire connaître Digitalarti au niveau mondial et en faire le site de référence du domaine. Nous allons aussi créer la galerie Digitalarti en ligne qui sera le reflet des choix éditoriaux de notre équipe.
Vous venez d’ouvrir aux souscriptions le fonds d’investissement dans l’art numérique Digital Art Promotion. Quels en sont le calendrier et les objectifs (financiers, cette fois) ?
Les premiers investisseurs nous ont rejoints en 2009. En 2010, nous allons augmenter les capacités du fonds. Le comité de sélection se réunira une fois par trimestre. Les acquisitions ont commencé au premier trimestre 2010. Le fonds souhaite développer des relations vertueuses avec des galeries, des marchands d’art et bien sûr des artistes en direct. Pour la première acquisition, le fonds a négocié avec Numeris Causa, qui a fait un travail précurseur dans le domaine en France et a récemment fermé son activité de galeriste. Bien sûr, nous travaillons à développer les « fonds du fonds » et à convaincre de nouveaux investisseurs. L’aventure est lancée, en France et à l’international. L’objectif est à la fois de montrer que nous pouvons acquérir des œuvres historiques dans l’histoire de l’art contemporain et de constituer une collection de référence, pour permettre le soutien d’artistes français comme la découverte d’artistes émergents.
Notre fonds d’investissement, Digital Art Promotion, souhaite devenir l’un des acteurs du marché de l’art et participer aux réflexions autour de la conservation des œuvres. Très modestement, nous aimerions contribuer à l’évolution du marché de l’art contemporain et à l’émergence de nouveaux artistes français et de nouvelles œuvres à l’international qui feraient sens aujourd’hui dans des collections publiques ou privées.
Recueilli par annick rivoire
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