Nicolas Frespech est artiste, il vit dans le Sud, à Montélimar, et joue les envoyés spéciaux de poptronics sur les expositions de la région. Il a vu l’incontournable « Où se trouvent les clefs ? », la rétrospective Douglas Gordon à la collection Lambert, 5, rue Violette, et à la grande chapelle du Palais des Papes, jusqu’au 25/11, à Avignon (84).
"24 Hours Psycho", le chef d’œuvre d’Hitchcock ralenti et étiré sur 24 heures, est la pièce qui a rendu l’artiste Douglas Gordon célèbre, et qu’on retrouve dans l’immense rétrospective que lui consacre la collection Lambert en Avignon. © Collection Lambert
< 12'09'08 >
Douglas Gordon, triste égo
(Avignon, correspondance) Fin d’été, je décide d’aller faire un tour à Avignon avec ma mère pour un programme vacances : passer chez H&M, boire un verre en terrasse et aller voir l’expo Douglas Gordon à la collection Lambert. La période est idéale, le festival est terminé et les rues calmes, je n’aime pas spécialement les cortèges colorés ou rigolos qui vous invitent à aller voir une pièce de théâtre. Les comédiens qui s’amusent à jouer les statues immobiles devant les yeux ébahis des enfants, c’est pas mon truc non plus, je préfère les performances d’Orlan : mon truc c’est l’art contemporain ! Les premières œuvres que j’ai pu admirer de Douglas Gordon, c’était en 1996 au Frac Languedoc Roussillon. Ami Barak, alors directeur des lieux, m’avait même offert une visite accompagnée, j’étais jeune, impressionné et heureux. A côté de l’installation de Douglas Gordon, il y avait une présentation du travail de Matthieu Laurette. Ces deux artistes sont encore aujourd’hui une source d’inspiration pour moi. Avec « Où se trouvent les clés », Douglas Gordon impose son univers, plutôt sombre, dans un espace immense et sur deux niveaux à la collection Lambert. Le parcours est presque trop riche : il commence par une installation de crânes percés d’étoiles, qui me font penser à la coupe de cheveux de Marcel Duchamp. Chaque crâne-vanité correspond à une année de l’artiste. Comme l’artiste a 42 ans, cela fait 42 crânes. « Happy birthday to me » sera terminé une fois l’artiste mort, avec l’ajout de son propre crâne. Dans la lignée morbide, une vidéo et une série de photographies réalisées dans la région (l’artiste écossais séjourne régulièrement dans le Vaucluse) en hommage à Claude Monet montrent des crânes flottant au milieu de nénuphars. L’œuvre qui a rendu l’artiste célèbre (né en septembre 1966 à Glasgow, il a reçu le Turner Prize en 1996) n’a pas été oubliée : Douglas Gordon a étiré sur 24 heures le film « Psychose » d’Hitchcock. Quand je suis passé devant, l’héroïne était en train de fouiller dans son sac, je suis resté cinq minutes avant de continuer l’exposition, la collection Lambert n’étant pas ouverte 24h/24h pour permettre de voir la création en entier ! Surprenant, la vidéo « Zidane, un portrait du 21e siècle » réalisée avec Philippe Parreno n’est pas montrée dans cette expo pourtant très « rétrospective ». A propos de vidéos, les combles de la collection Lambert sont envahis d’écrans. Superpositions de films sur la dualité et la folie avec pour exemple un mix de « L’Exorciste » et de « La vie de Bernadette Soubirous » : pesant ! « Punishment exercice complete » est une série de photographies qui représente l’artiste avec une cicatrice en forme d’éclair sur la tête, trace d’une chute faite à New York. C’est joli de se faire mal. Et l’ambiance générale de l’expo n’est pas à la fête ! Fascination totale pour son ensemble de photographies abîmées : j’avais pu voir lors d’une autre exposition collective dans cette même collection Lambert une série tirée des photos des célèbres laboratoires Harcourt, dont les yeux avaient été découpés et les tirages posés sur un miroir. Souvenez-vous, quand enfants vous adoriez gribouiller les couvertures des magazines, une dent noire pour Isabelle Adjani, une cicatrice pour Lady Di... Avec du talent, ça produit une réjouissante série de photos tirées du patrimoine français et ses stars populaires. J’aurais adoré avoir trouvé cette idée ! La pièce est saturée de portraits retouchés violemment : avec leurs yeux brûlés à la bougie, Louis de Funès ou Brigitte Bardot prennent alors une toute autre dimension. J’aime cet artiste, mais ses pièces les plus récentes m’achèvent. Elle se veulent d’inspiration mystique, Douglas Gordon réinterprète des écrits bibliques, se pique de spiritualité et d’allégories. Je n’arrive pas à adhérer à ce qui me paraît un peu illustratif, presque scolaire. Je commence à saturer dans cette ambiance lourde. En fin de parcours, un téléphone posé sur le bord d’une fenêtre nous invite à le décrocher : on peut y entendre l’artiste présenter ses excuses. Acceptées bien volontiers ! Je sors de l’exposition un peu secoué. Il est temps de prendre le train retour pour regagner Montélimar avec dans mes mains mon sac H&M et un superbe livret jeune public édité pour l’exposition. Je le lis dans le train, c’est bien illustré et écrit avec humour, ouf, enfin un peu d’humour !
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commentaires
écrit le < 13'09'08 > par <
lozano NyF provisoire.com
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C’est clair ça devient lourd, j’ai de plus en plus de mal avec les installations vidéos, je me sens pris en otage, comme si on m’imposait un temps de lecture, un angle de vue, un déroulement... Autant les premiers temps, début des années 80, les vidéos apportaient une dynamique aux expositions (mouvement, son, lumière). Autant aujourd’hui je ressens une répétition, une routine.
écrit le < 24'10'08 > par <
henri a96 plastico.fr
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Ouf ! adorable ... Ouioui VIT l’Art contemporain ! qu’est-ce qu’on rigole chez vous.
écrit le < 06'11'08 > par <
mister.n Trs laposte.net
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