Pop’sélection dans la très riche programmation des 29es Transmusicales, du 5 au 8/12 à Rennes (35).
Mark E. Smith, leader radical de The Fall, allié aux Allemands Mouse On Mars : Von Südenfed joue jeudi. L’un des concerts les plus attendus de cette édition. © DR
< 05'12'07 >
Entrez dans les Trans

Comme chaque début décembre, on entre en Trans. Cette année encore, le voyage à Rennes est de rigueur (il faudra juste passer outre un site peu amène), pour l’incontournable festival breton et son alléchante programmation, comme de coutume singulière et transgenre.

Beaucoup de choses à voir et à entendre d’ici samedi lors de ces 29es Rencontres Transmusicales : folk voire country (les ultratendance The Dø, Indigo Moss, My Name Is Nobody, French Cowboy, nouveau projet de l’ex Little Rabbits Federico Pellegrini) ou rock teenage branché (Tiny Masters Of Today), électro en vogue (Simian Mobile Disco, Boys Noize, Modeselektor) ou nouveau phénomène pop britannique, après Lily Allen et The Pipettes (Kate Nash, 20 ans et pas la langue dans sa poche), sans oublier un fort contingent d’inclassables et de bizarres. On trouve (et découvre) tout ce qu’on veut aux Trans : pop’sélection.

Têtes d’affiche

La première date française de Von Südenfed, mercredi, sera l’un des événements de ces Trans 2007. Une vidéo toute fraîche l’atteste, Marc E. Smith, leader à l’irascibilité légendaire de The Fall (une quarantaine de musiciens, sans compter les extras, l’ont supporté en trente ans), est toujours aussi déglingué. Chez lui, rien n’est posture, il est vraiment là, dandy aux allures de clodo, posant sa voix reconnaissable entre mille sur les triturations électroniques, quasi ragga, des Allemands Mouse On Mars. Punk un jour punk toujours, donc attention, ce concert peut aussi tourner à la mascarade…

A surveiller aussi, comme souvent, la dernière proposition de The Ex, bientôt trente ans de musique, qui jouera samedi avec Getachew Mekuria, le « Négus du sax » (à découvrir dans la collection Ethiopiques). A 70 ans, il s’est associé aux activistes hollandais pour une tournée puis un album étonnant, rencontre d’une noise polyrythmique avec le free d’avant le free (à Paris le 20 décembre).

Von Südenfed - « Flooded » (Edimbourg, 2007) :


Electro décomplexée

Du producteur français Etienne de Crécy, on n’attendait plus grand chose, tant il est associé à la French Touch filtrée des années 90. Créditons-le malgré tout d’un certain goût du risque. Pour sa prestation en solo vendredi (un vrai live avec machines et sans appoint d’ordinateur), il a la bonne idée de s’associer au collectif d’architectes plasticiens Exyzt, qui a conçu une scénographie basée sur des constructions lumineuses.

A voir aussi vendredi, les Mancuniens The Whip. Proches de Simian Mobile Disco (à l’affiche samedi), Klaxons et autres Crystal Castles, ils sont les auteurs de l’une des scies de l’année, « Divebomb », qui figurait sur la compilation Kitsuné n°4. Des textures électroniques tout en syncopes et lardées de brisures de claviers, un travail de trituration de la voix, des visuels doucement psyché, un esprit résolument festif (leur antienne se résume à « I Just Want To Dance »), bref un concert à ne pas manquer. Ce n’est qu’un avant-goût de la grosse fête finale, généralement pas triste, en forme cette année d’avènement d’une scène électronique décomplexée : Modeselektor, débridé en live, Boys Noize, guère subtil mais réjouissant quand il s’agit de danser les bras en l’air, ou la techno crado du français Don Rimini.

Mais on sera surtout là pour la révélation hip-hop de l’année, Flying Lotus, samedi. Nouvelle signature de Warp, et par ailleurs neveu d’Alice Coltrane, le garçon navigue dans ses productions entre des escapades électroniques veloutées et des saturations intempestives, comme un Prefuse 73 en plus barré, et ses lives sont, paraît-il, fous furieux.

The Whip - « Sister Siam » :


Groove moderne

Parce que les Trans réunissent toutes les tribus, on sera attentif à la venue samedi de Santogold, jeune New-Yorkaise qui affole les baromètres depuis quelques mois, sur la foi du morceau « Les Artistes », qui convoque des accents à la Karen O (chanteuse des Yeah Yeah Yeahs) et une ferveur qui fait songer à M.I.A. (« Creators »). A vérifier, mais on est prévenu, cette donzelle ira loin.

Jeudi, on s’arrêtera sur The Heavy. Deuxième signature de Counter Records, sous-division de Ninja Tune, ces Anglais commencent à traîner une jolie réputation en live, déclinant des inspirations très sweet soul seventies (Curtis Mayfield en tête) pétries de rythmiques très mastoc. Pour amateurs d’un groove érudit et pas bégueule (attention ceci dit aux éclaboussures et aux effets de manche !).

Bizarre, vous avez dit bizarre !

Les Trans 2007 n’oublient pas les bizarreries. Cette année, on ne manquera pas de passer à l’Aire libre pour voir Tunng, une drôle bande d’Anglais qui mâtine joliment son folk orchestral de mignardises électroniques. Invité en résidence à Rennes pour ses premières dates françaises, Tunng explorera tous les soirs les marges du folk, entouré d’autres rénovateurs du genre : la harpiste bizarre Serafina Steer et l’inclassable Canadien Buck 65 (hip-hop, blues, rock, folk…).

Enfin samedi, une curiosité : The Vienna Vegetable Orchestra fera une de ses rares apparitions de l’année. Comme son nom l’indique, ce collectif autrichien ne joue qu’avec des légumes. Le résultat est assez saisissant : les onze musiciens développent une polyrythmie haletante, allant jusqu’à reconstituer des sons synthétiques avec leur carottes, poireaux et citrouilles… Les « instruments » sont achetés au marché le matin, préparés l’après-midi, et dégustés à la fin du concert. Par ici la bonne soupe !

Dans les cuisines du Vienna Vegetable Orchestra :

benoît hické et matthieu recarte 

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