« Femmes artistes, artistes femmes », rencontre avec Catherine Gonnard, Elisabeth Lebovici et Dana Wyse, le 7/12 à 19 h, librairie Les Mots à la Bouche, 6, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, Paris 4e.
Aurélie Nemours, « Face 1 », 1971. Une artiste qui a délaissé la peinture décorative longtemps réservée aux femmes au profit de la recherche formaliste et abstraite. © Marc Remita/Centre Pompidou
< 07'12'07 >
Femmes artistes, rencontre et plus si affinités

Après avoir longtemps tourné autour du pot, poptronics a enfin trouvé le prétexte agenda pour apporter sa pierre à l’immense édifice éditorial de Catherine Gonnard, essayiste, et Elisabeth Lebovici, éminente membre de poptronics et historienne de l’art, qu’est le livre majeur, n’ayons pas peur des mots, qu’elles ont publié à l’automne et qui fait grand bruit, « Femmes artistes, artistes femmes. Paris, de 1880 à nos jours » (éditions Hazan). Ce vendredi à la librairie gay et lesbienne les Mots à la bouche, les deux auteures signeront leur ouvrage et rencontreront leurs lecteurs.

Dans cet ouvrage, le premier exclusivement consacré aux femmes artistes du XXe siècle en France, elles opèrent une relecture de l’histoire de l’art grâce à une enquête des plus fouillées qui mélange archives et journaux, lettres et interviews d’artistes, certaines connues (Sonia Delaunay, Aurélie Nemours ou Valerie Mréjen), d’autres inconnues ou redécouvertes (comme Marlow Moss). Toutes ont en tout cas progressivement conquis leur place dans l’histoire de la création, depuis qu’en 1900 précisément, les Beaux-Arts les ont admises.

Et puis, une bonne nouvelle ne venant jamais seule, Dana Wyse, artiste canadienne bien connue sous nos latitudes pour ses petits sachets de pilules qui surfent allègrement sur notre appétit hypocondriaque et nos fantasmes les plus fous (la pilule qui garantit l’hétérosexualité de vos enfants, celle qui aide à l’orgasme ou au suicide…), sera également de la partie de signatures. Elle aussi vient de publier un livre, « How to turn your addiction to presciption drugs into a successful art career - Transformez votre dépendance aux médicaments en une prestigieuse carrière artistique » (éditions du Regard), qui raconte avec l’humour grinçant qui caractérise ses interventions sa vision sous cellophane de la mise en pilules du monde.

Et comme poptronics aime en donner plus et encore (c’est ça le plaisir !), la vidéo ci-dessous, « Jesus Had a Sister Commercials », propose une succession de parodies de publicités signées « Jesus Had a Sister Production », « une entreprise révolutionnaire qui produit des pilules, des poudres et des kits pour transformer votre désir le plus perso en réalité. Orgasme instantané, parler français, pilules de virginité, cocaïne sans coke, pilules de célibataires, de lesbiennes et plus encore… » (faut-il le préciser, on retrouve là l’humour de Dana Wyse)…



Sans aucun prosélytisme ni action prise dans la vente de ces deux livres, poptronics ne saurait trop en conseiller la lecture pour d’évidentes raisons, le premier parce que le travail encyclopédique n’y est jamais pédant, toujours surprenant et met définitivement les pieds dans le plat d’une histoire de l’art un peu trop masculine, le second parce que sous couvert de faire rire et sourire, il dénonce misogynie et connerie humaine mieux qu’aucun discours. Les deux sont donc authentiquement salutaires, au sens où ils aèrent la tête en y faisant entrer quelques petites idées subversives (puisque le féminisme est encore subversif).

Pour enfoncer le clou, puisqu’il est parfois nécessaire d’insister sur la qualité et l’importance de certains écrits, poptronics propose une interview fleuve de Catherine Gonnard et Elisabeth Lebovici, réalisée par Marjorie Micucci-Zaguedoun cet été (avant la publication du livre, donc), dans notre rubrique de ressources pop’etc.

annick rivoire 

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