Festival Fiasco System le 17/09 à 19h et le 20/09 à 19h30 à la Maroquinerie, 23 rue Boyer, Paris 20e, 15 € par soir, 20 € les deux soirs.
Secret Chiefs 3, groupe californien archi culte à Paris samedi. © Kristin Burns
< 17'09'08 >
Fiasco System, du bruit et des collisions

Proposer des alternatives au tout marketing, envisager la musique comme un accélérateur de particules, raffermir des liens parfois fragiles entre des communautés musicales et façonner des moments de vraie vie qui, sous les strates de guitares et de machines, parviennent à pulvériser de l’émotion et de l’intelligence. Un programme politique ? Quasi... Eva Revox fait partie de ces rares activistes parisiens (avec Ali_fib, In Famous ou le collectif MU, dans des registres très différents) qui défend mordicus une idée contemporaine de l’underground et des modalités musicales de la lutte. A vérifier encore une fois ce soir et samedi pour la première édition du festival Fiasco System (du nom de sa structure à l’intitulé ironiquement programmatique).

Quand il se produit comme DJ, Eva Revox propage sciemment le désordre en servant sur un plateau à double fond des sets vénéneux et indisciplinés qui jouent avec les nerfs des danseurs. Quand il organise des concerts, c’est pour mieux tourner autour du bruit sous toutes ses formes, du bruit au sens linguistique : ce qui entrave la communication, construit des désordres et détourne les codes usuels liant un groupe et son public, dont les sens sont souvent sollicités, pétris, atteints. Nos acouphènes se souviendront ainsi longtemps de la prestation fin de siècle de Sunn o))).

Fiasco fait donc son festival à la Maroquinerie. L’affiche se concentre sur un rock expérimental bizarro qui tue dans l’œuf la vogue du néo-psychédélisme actuellement à l’œuvre dans les sphères anglo-saxonnes. La plupart des groupes programmés s’inscrivent pourtant dans un certain primitivisme mais qui n’est jamais synonyme de pose ou de langueur néo-hippie. Bien au contraire, ce qui est au travail dans la musique des New-yorkais Religious Knives (mercredi), la vraie tête d’affiche du festival, c’est un souci de l’incantation, de l’intimité païenne avec les éléments, dans une lignée Stooges (époque « Dirt »)/Spacemen 3 qui précipite une voix d’orfraie dans un chaudron bourré d’orgues et de claviers sous champi. Dernier album en date : « The Door » (Ecstatic Peace, le label de Thurston Moore).

Religious Knives début 2008, à Echo Park, en Californie :



Assez proches de Sunburned Hand of the Man par leur rugosité tribale, ils joueront ce soir juste après le super groupe composé de Talibam ! et de Rhys Chatham. Duo synthétiseur/batterie, Talibam ! fait dans le rock scélérat, volontiers salopé et se délecte de l’improvisation et de l’accident. Son concert avec le revenant no wave Rhys Chatham (préposé à la trompette et à la basse) aura des allures de guérilla bruitiste. A prendre ou à laisser.

Fiasco, c’est aussi des découvertes : le rock néo-tropicaliste et multicolore du groupe de Bristol Zun Zun Egui, visiblement adepte du vaudou style, les Américains Peeesseye (free folk option drone, pourquoi pas) ou encore les Portugais Gala Drop et leur dub augmenté. Mais gardons des forces pour le deuxième round de samedi, qui verra Secret Chiefs 3 aborder la rue Boyer (les riverains sont-ils prévenus ?). On connaît l’admiration que porte John Zorn à ce groupe à géométrie variable, il l’a même signé sur son label Tzadik pour l’album « Book Of Horizons », un étonnant composite de sonorités heavy/folk/métal/baroque totalement impossible à affilier. Rappelons juste que leur leader, Trey Spruance, a traîné les manches de sa robe de bure aux côtés de Mike Patton (au sein de Bungle) et de Sunn o))), encore eux, ce qui en dit long sur son goût du risque. Ce concert sera certainement celui de toutes les surprises, en conclusion du festival de toutes les collisions.

benoît hické 

votre email :

email du destinataire :

message :

< 1 > commentaire
écrit le < 17'09'08 >

moi je suis contente je découvre des choses dans poptronics, même si le rock comme d’autre genres éculés genre hip hop, salsa, reggae, traîne les mêmes casseroles depuis 50 ans...

ana vocera