Méfiez-vous des geeks : ils maîtrisent la technologie et ont beaucoup d’humour… C’est ce que semble avoir oublié l’agence Heaven (marketing online) qui propose dans « Les Echos » du 14 février « une charte de bonne conduite pour les blogueurs  », une proposition qui va à l’encontre de ce qu’est aujourd’hui le Net et la blogosphère : allez parler de déontologie à la plus grosse communauté française de blogueurs (14 millions de blogs), les Skyblogueurs, en majorité des adolescents. C’est aussi aller à rebours de la première et l’une des plus anciennes pratiques numériques, la tendance têtes à claques virales et parodies. La preuve par ce pop’surf historique et hystérique.

Fin 1999, David H, première tête à claques virale du net français

Avant Youtube et les sites de partage vidéo, c’est le mail qui faisait office de relais viral. David H, comme Hirschmann, alors étudiant à H, comme HEC, vient de subir un échec cuisant, le cabinet de consultants Bain ne l’ayant même pas reçu en entretien. Il utilise alors l’annuaire interne des étudiants de la prestigieuse école pour diffuser un mail présomptueux sur ses relations avec le cabinet de consultants. Puis, par un mystérieux effet boule de neige, ses échanges avec d’autres étudiants d’HEC, puis des consultants et même des banquiers américains, font le tour du Net et de la presse, faisant de David H sans conteste l’une des premières têtes à claques virale de France, un « cyberlooser » comme le rappelle le site Hoaxbuster (un faux faire-part de décès a même circulé à son propos). David H n’a pas dû passer un bon printemps 1999, et l’absence de déontologie de tous les internautes ayant relayé son histoire y est sans doute pour quelque chose...

2007, Mathieu Vadis, clone de David H ?

Beaucoup plus récemment, en août 2007, un clone de David H a surgi sur la Toile grâce à un merveilleux CV vidéo. Grâce à sa tête de vainqueur, Mathieu Vadis a lui aussi fait le tour du Net.

De bien méchantes parodies ont été réalisées, comme cette « vidéo de Roger Rontofil à la Défense » :

Avec une absence totale de déontologie, des centaines de milliers d’internautes ont ri de lui. Pauvre Mathieu.

Le fan de Britney aux 17 millions de fans…

Attention, Chris Crocker est devenu le fan de Britney Spears le plus célèbre du Net, en pleurant pour elle, dans sa prestation intitulée « Leave Britney alone ».

Des millions de visiteurs, des reprises télé, des réponses vidéo (plus de 2000 à ce jour), de quoi largement dépasser Numa Numa, Star Wars Kid et autres cartons dans le style. Le nombre de parodies réalisées étant évidemment proportionnel au succès, celles de Chris, le fan gay de Britney, explosent, d’une version « trance » à Bob l’éponge… Et c’était il y a 5 mois.

Apple, la pomme et les pépins

Il n’y a pas que les quidams qui sont l’objet de railleries de la part de ces méchants geeks qui détournent n’importe quoi et en plus savent s’occuper du buzz. Apple est devenu un objet de moquerie assez classique. Il y a les geeks fanatiques qui adorent aveuglément et ceux qui détestent parce qu’ils pensent qu’Apple n’est pas assez geek pour eux. Du coup, les pubs d’Apple sont souvent parodiées. La dernière campagne en date pour le Macbook Air ne déroge pas à la règle. Mais cette parodie-là n’est franchement compréhensible que par les 17 millions d’internautes fan du fan de Britney. Un régal... pas du tout déontologique.

cassetoipauvrecon.com ou les bonnes affaires des têtes à claques virales

Le nom de domaine http://www.cassetoipauvrecon.com a été déposé le 24 février, soit le lendemain de la prestation de Nicolas Sarkozy au Salon de l’agriculture. N’en déplaise aux moralisateurs, il est quasi impossible de maîtriser le buzz . Avec beaucoup d’humour et de réactivité, les geeks moquent Mathieu ou toute autre tête à claques virale qui a le malheur de se faire repérer.

Pas déontologique ? Ok mais c’est bien fait pour leur gueule (après tout les écarts de langage sont devenus politiquement corrects). Mathieu Vadis le « responsable informatique » a diffusé son annonce en connaissance de cause. Sarkozy ne s’est pas fait piégé dans le cadre privé, mais au milieu d’un bain de foule avec caméras et appareils photos braqués sur lui.

mathilde bohrmann