Sortie du premier album de George Demure, « Boomtown Medallion » (August Day/La Baleine).
George Demure, Ecossais né dans la house, revient au rock dans son premier disque panoramique. © DR
< 24'01'08 >
George Demure, un crooner électro-ironique est né

Songwriter qui sait jouer des beats, dandy nonchalant versé dans la house, George Demure, Ecossais du genre touche-à-tout, sort cette semaine un réjouissant premier album. Enfin, premier : depuis dix ans, et sous diverses couvertures (George Thomson, The Plastic Avengers, Shutterbug…), il s’est déjà fait un nom dans la sphère électronique, notamment sur le défunt label Output. Mais avec ce « Boomtown Medallion » qui nous occupe aujourd’hui, George change son fusil d’épaule de la plus belle façon : donnant de la voix pour la première fois, il s’invente tout bonnement crooner disco-pop.

S’il en est arrivé là, c’est par accident. Un portable bourré de sons crash après un déménagement à Londres et voilà George Demure contraint d’occuper son désœuvrement en reprenant sa guitare et sa basse, simplement épaulé d’une « drum machine ». « Quand j’ai récupéré mon ordinateur, mon monde avait changé à jamais », confie-t-il (par mail) à poptronics. Il se décide alors à chanter. Atavisme famililal ? « J’ai un ancêtre folksinger. Il a vécu à la fin du XIXe. Il plaisait beaucoup, et plusieurs fois, il s’est fait expulser par des maris furibards de villages où il jouait ! »

Du déglingué « Send Him To Memphis », que ne renierait pas l’électron libre jazz noise Barry Adamson (ex-Magazine, ex-Bad Seeds, etc.) à l’irrésistible boucle électro de « The Music Box » (« un morceau qui trahit mon amour du cabaret ») ou au rockabilly computérisé de l’hilarant « My Baby’s Gone », Demure ose tous les carambologes. Drôle (« Check ») et enlevé (« I think I’m In Love With Lauren Bacall »), il joue même les fils à papa dans une reprise du « Sorrow » de Bowie.

« J’ai grandi avec Kraftwerk, Heaven 17 et Eurythmics. Mes incontournables sont Grace Jones, Tom Waits et Brian Wilson, continue Demure. Je suis aussi un grand fan de Nick Cave, et pas seulement de sa musique : son livre "Et l’âne vit l’ange" est renversant. J’adore l’univers de Jarvis Cocker, ses reportages élaborés à partir d’un point de vue très personnel, particulièrement "Sorted Out For E’s And Whizz". » Pour brouiller un peu plus les pistes, ce remixeur de Freddy Mercury et Soft Cell (authentique !) cite encore Otis Redding et Lee Perry, le rockabilly de Charlie Feathers ou carrément le rock industriel de Throbbing Gristle

Une avalanche de noms qui donne une idée de ce qui se bouscule dans sa tête et de ce qu’on peut entendre sur ce disque panoramique. « Je voulais exciter, inspirer, apaiser ou révulser. » Bien sûr, le mélange des genres est parfois indigeste et les œillades trop appuyées. Mais l’ironie et le second degré planent : George Demure ne se prend pas au sérieux, porte des chemises western, s’entoure des Demurettes, et porte beau les rouflaquettes. S’il n’est pas le fils de Richard Thompson (« la rumeur qui circule est fausse »), il pourrait bien se faire un nom. Le sien. Spécialité grand écart.

George Demure – « Send Him To Memphis » :
(merci à la Baleine)

George Demure – « My Baby ‘s Gone » :

matthieu recarte 

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