« H Box », espace de projection nomade Hermès au Centre Pompidou, Foyer, niveau -1, place Georges Pompidou, Paris 4e, jusqu’au 7/01 de 11h à 22h, entrée libre.
« Midway », vidéo de de Judith Kurtág, dans la chambre noire de la H Box. © DR
< 04'01'08 >
H Box, l’art en boîte (de luxe)

Entrer dans la boîte à images pour y découvrir des histoires, voilà une proposition qui attire. La H Box, « espace de projection nomade » de 6,5 m x 5 m, estampillée Hermès, posée dans le foyer du Centre Pompidou jusqu’au 7 janvier, présente huit vidéos d’artistes, français et internationaux. A quoi ressemble cet art nomade sous mécénat, alors ? L’architecte et designer Didier Fiuza Faustino a conçu ce qui ressemble de l’extérieur à une navette spatiale à grosses ventouses dont l’entrée serait la rampe d’accès d’un avion. A l’intérieur, résolument froide, la H Box d’aluminium et de plexiglas accueille une dizaine de personnes. Rien à voir avec l’espace molletonné des Multiimages de la Ferme du buisson, ici, quatre personnes au mieux peuvent se caler contre les barres de cuir quand les autres s’assoient à même le sol en caoutchouc.

Et les œuvres ? Benjamin Weil, curateur historique des nouveaux médias (d’Äda’web au SFMoma, de Villette Numérique 2004 à son poste actuel de directeur d’Artists Space à New York) propose des créations originales d’artistes dits émergents. « Oracle », flux d’images aléatoires de Sebastian Diaz Morales, « Barbe bleue », conte freudien d’Alice Anderson (où Barbe bleue est une femme à barbe), « Mary-Koszmary », la fable grotesque de Yael Bartana, ces huit vidéos (avec celles de Dora Garcia, Judith Kurtág, Valérie Mréjen, Shahryar Nashat, et Su-Mei Tse) imposent des mondes imaginaires très singuliers.

A découvrir donc en fermant les yeux sur le très présent logo Hermès qui fait exister ces œuvres. Et en évitant de trop se poser de questions sur la validité de la nouvelle mission d’Hermès, jusqu’ici plutôt discrète et efficace dans ses aides à la production d’art et d’expos. Cette H Box qui se veut tant dans l’air du temps pose en effet la question du poids du mécénat dans la création. Sa place idéale n’est-elle pas la rue, plutôt que cette itinérance de luxe, de musée d’art contemporain en prestigieux centre d’art (bientôt le Mudam à Luxembourg, avant Londres et le Japon) ? C’est en tout cas tendance, puisque Chanel lance en mars à Hong Kong son Mobile Art, un pavillon d’art itinérant imaginé par l’architecte Zaha Hadid.

laetitia sellam 

votre email :

email du destinataire :

message :

< 1 > commentaire
écrit le < 05'01'08 > par < annick.rivoire cqg poptronics.fr >

Scène ubuesque cet après-midi 5/01 au centre Pompidou : trois vigiles expulsent à leur façon, c’est à dire musclée, les spectateurs de la H Box au motif que "l’installation est temporairement fermée".

Un visiteur s’en émeut, veut des explications. Le ton monte, un responsable de l’accueil du public se déplace pour expliquer au monsieur que l’hôtesse chargée de réguler l’accès à la H Box (10 personnes maxi en même temps) ayant abandonné son poste, et étant donné que le Centre ne peut mobiliser la sécurité pour contrôler qu’il n’y ait aucune dégradation de l’œuvre, l’espace est fermé. Pourtant, les vidéos tournent encore, et pas moins de 5 personnes du Centre sont physiquement présentes. Le responsable de la sécurité reconnaît que la situation est tordue, et qu’elle s’est produite à plusieurs reprises depuis que la boîte est installée au niveau -1 (les hôtesses Hermès, qui n’ont d’autre tache que d’empêcher les visiteurs de s’agglutiner dans l’espace confiné de la boîte, abandonnent leur poste plus souvent qu’à leur tour, balance-t-il).

La faute à qui ? Cette petite histoire prouve par l’absurde qu’un partenariat privé-public ça se travaille, et que toute mobile qu’elle est, cette architecture Hermès nécessite qu’on se préoccupe ici comme ailleurs des conditions de sécurité, de diffusion et d’intégrité des œuvres.