Que font les agitateurs et acteurs du net et de la culture quand tout le monde est en vacances ? Poptronics a posé la question à Jacques Perconte, pionnier du net-art.
"La marche au cœur d’Annette", fragment de film réalisé pour le spectacle "Annette entre deux pays", par Jacques Perconte. © Jacques Perconte
< 01'09'09 >
Jacques Perconte, qu’est-ce que tu fais pour les vacances ?

Jacques Perconte, plasticien et pionnier discret du net-art (le genre à oublier de signer ses œuvres ou à défendre un art partagé) n’est pas resté inactif depuis le début de l’année. De conférences en performances, il traque un certain sens de l’histoire dans ses images passées au tamis du Net. L’auteur du wiki très sarcastique sur l’histoire du net-art, « a wiki story of net-art », a répondu au questionnaire vacances de poptronics.

Qu’est-ce que tu fais pour les vacances ?
Ce que je sais, c’est que je vais souffler un bon mois. Soit partir avec la tente au hasard des routes ensoleillées (caniculées ?). Soit retourner en Corse dans la maison au fond de la vallée.

Quels plaisirs culturels tu te mitonnes pour l’été ?
Je ne prévois que quelques lectures. J’emmène Hans Christian Andersen, Ivan Illich, Serge Latouche, Vilèm Flüsser, Gurdjieff, François Flahault et quelques polars sans nom. J’ai une lecture très fragmentée toute l’année, je lis toujours plusieurs livres en même temps sur de longues périodes. Je lis beaucoup sur des écrans. L’été c’est l’occasion de donner du temps aux textes. Alors j’alternerai entre des bêtises et des choses qui peuvent être vraiment bien.
Je vais aussi faire des images. Touristiques : de la Corse, j’ai rempli Flickr. Pour des projets : c’est l’occasion de prendre le temps de poser ma caméra devant des paysages somptueux. L’année dernière, j’ai filmé le village où nous étions depuis le haut de la montagne opposée. Saisissant les mouvements savamment économisés des Corses au long de la journée aoûtienne distordus par la distance. J’ai filmé des heures les pentes boisées de la Castanica en regardant les nuages glisser... Mais ce sont des vacances, alors... d’abord le reste. Faire des images c’est encore retenir mon souffle...

Quelques minutes de détente en silence à Forci (août 2008) :


Quelle est ton attitude par rapport au Net pendant les vacances ?
Je débranche plutôt... mais j’ai un i-Phone et mes pauses sous couverture 3G en souffrent. J’espère le laisser de côté pour ne pas y penser. Ça me ferait du bien.
Et puis, rien ne vaut une bonne rentrée qui commence par le nettoyage d’une boîte mail pourrie par des centaines de centaines de spams qui ont réussi à passer les filtres...

Quels sont les projets auxquels tu t’attaques à la rentrée ?
Il faudrait que je me remette au yoga. Ça va être le plus compliqué (mais le plus simple).
Sinon, je travaille sur une série de nouvelles pièces. C’est un projet assez excitant parce qu’il se construit de manière assez profonde et naturelle. Il a émergé d’une suite de situations qui ont éclairci un travail de longue haleine en connectant des idées éparpillées. D’abord, il y a eu une commande d’un texte pour un ouvrage sur les arts numériques où je devais exprimer mes ressentis et mes visions. Je l’ai appelé « le jour où la terre s’arrêtera ». Ensuite une performance à l’INHA (Impakt) où je traçais un parcours au travers de mes films et de ma musique. Et puis une conférence au colloque « l’art au temps du numérique » que j’intitulais « le jeu du numérique et la fin du monde ». Tous les efforts que je faisais pour cette communication où je voulais exprimer mes questionnements sur ces idées qui me sont chères, à savoir : l’image, l’homme, l’interactivité, l’écologie, l’avenir.... se sont résolues quand j’ai compris que je ne devais pas raconter quelque chose mais le faire. Le jeu du numérique et la fin du monde sera une série de dispositifs interactifs... Je dois aussi finir le film sur la Corse. Il suivra mon exploration de la matière numérique et du paysage qu’on peut voir dans « uishet », « Pauillac-Margaux », « Le passage »... J’ai aussi un projet mêlant danse et vidéo dont le tournage devrait se tenir dans les jours qui viennent... Et je devrais avoir fini ce que je prépare pour la pièce de théâtre de Jacques Jouet mise en scène par Jehanne Carillon Annette entre deux pays. Et puis je travaille sur un 1% dans une des maisons de François Mauriac à Saint-Symphorien... Et (encore et), je reprends l’enseignement.

recueilli par cyril thomas 

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