"Rien de nouveau sous le soleil", Marie Reinert DR
< 03'05'07 >
De l’art vidéo en boîte à chaussures
Il y a belle lurette que l’art s’émancipe des murs de l’institution, du land art aux installations urbaines en passant par le théâtre de rue…. De là à regarder des vidéos d’artistes en essayant des chaussures... C’est en effet ce que propose le cycle Vidéo-room à la boutique chic Michard Ardillier, suite à la rencontre entre l’association hyperactive Ma-asso et Colin Michard, le vendeur de chaussures (et propriétaire de la fameuse boutique. Cet habitué des concerts Audio-Room de l’association bordelaise avait plutôt en tête d’accueillir des performances ou des mixes live de musique électronique expérimentale. Pour Eddie Ladoire, co-fondateur de Ma-asso, il ne s’agit pas « de faire de l’institutionnel, mais du punk ! Michard Ardillier a un côté super bobo et hype, sauf qu’ils sont dix fois plus punks que nous. On va montrer de la vidéo d’art dans le magasin à des gens qui ne sont pas du tout prêts à prendre ça dans la tête puisqu’ils viennent acheter des chaussures … »Quatre vidéos, programmées trois semaines chacune, sont diffusées entre mars et juin. Les vidéos de Marie Reinert puis d’Alain Declercq succèdent ainsi à "Warmadawar" de Nicolas Moulin et au travail photographique de Clémentine Roy. Pour Marie Reinert, investir un lieu commerçant n’est pas une première. En partenariat avec Arnaud Labelle-Rojoux, elle avait dirigé en 2003 une performance dans les rayons d’un supermarché Atac parisien. Pour Vidéo-Room, elle propose "Rien de nouveau sous le soleil", un travail chorégraphique basé sur le jeu physique de la négociation, de la domination ou de la manipulation dans le monde de l’entreprise, du 3 au 19 mai. Puis, à partir du 31 mai, PHB ITV d’Alain Declercq, s’attaquera aux peurs collectives. A son habitude, l’artiste joue de la notion de contrôle et de l’idéologie du tout sécuritaire. Cette vidéo est tirée de l’installation "WarGames" (2006) dont une partie avait été réalisée en résidence à Bordeaux en 2005. En parallèle, une image extraite de chaque vidéo prendra place sur les panneaux d’affichages de la ville de Bordeaux. Trente exemplaires par image, « bruts de décoffrage » selon Hélène Perret, co-fondatrice de Ma-asso, resteront visibles dans le centre pendant une semaine, du 27 mai au 3 juin. « Vidéo-Room, c’est un électron libre, un projet pavé dans la mare », estime Hélène Perret. Ces quatre pièces jamais n’ont jamais été montrées en Aquitaine. A l’exception du CAPC et du Café Pompier (géré par l’association de l’école des Beaux-arts de Bordeaux), l’art vidéo n’a pas vraiment de lieu de diffusion dans la région. Pour Ma-asso, « ce sont des artistes qui auraient dû être programmés à Bordeaux et en Aquitaine depuis longtemps… ». Le cycle Vidéo-Room entend rétablir l’équilibre. Quitte à mélanger chaussures, boîtes noires et art vidéo…
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