J’en vois d’ici qui rigolent : qu’est-ce que c’est que ce nom ? On les arrête tout de suite : Dan Snaith alias Caribou ne porte pas de bois sur la tête, il verse là son écot à la régénération du bestiaire rock contemporain (Panda Bear, Arctic Monkeys, Deerhoof, Pedro The Lion, Grizzly Bear, Le Tigre, Le Loup, Modest Mouse, Wolf Parade, on en passe…). Avec les Byrds pour influence cardinale, ce nerd canadien ne pouvait faire moins... A l’origine (2000) pourtant, Caribou s’appelait Manitoba et déployait son talent de mélodiste dans un folktronica racé et remarqué (« Up In Flames », 2003). Si bien remarqué d’ailleurs, que Handsome Dick Manitoba, leader d’un obscur groupe californien (The Dictators), menaçait notre homme d’un procès pour usurpation d’identité. L’affaire peut sembler anecdotique, mais elle a mis un méchant coup à Dan Snaith, contraint, alors qu’il commençait tout juste à se faire un nom, de se rebaptiser Caribou, en 2004. Un nom qui s’est imposé à lui en plein trip. La forêt canadienne de Manitoba étant peuplée de caribous, c’est logique. Normal, Snaith aime la logique, docteur en mathématiques, comme son père et son frère (qui enseignent dans de prestigieuses universités britanniques).

Ce changement de nom lui a aussi fait prendre un virage musical. Relocalisé à Londres, ce batteur de formation a, sur son cinquième album, quitté les rivages strictement électro pour devenir un orfèvre en marqueterie pop. Avec la voix de Jeremy Greenspan des Junior Boys en soutien, son dernier-né « Andorra » (City Slang/Cooperative Music) ne s’autorise que deux (mais saisissantes) échappées électroniques, préférant revisiter la pop psychédélique et les Beach Boys. Un album qui a ses ratés mais qui inlassablement revient se glisser sur la platine.

A 28 ans, Dan Snaith n’est pas un monstre de glamour mais, à l’heure du total look fluo et du tout pour l’image, sa musique lumineuse et narcotique parvient heureusement à faire son chemin. Elle vient de même de toucher le mainstream : la carillonnante ouverture d’« Andorra », « Melody Day », fait office de jingle météo du Grand journal de Canal +. Bref, Caribou est enfin tendance et pas seulement parce qu’on approche de Noël. Même si, exceptionnellement, il va falloir bourse délier à la Flèche d’or mercredi (12 €), on ne peut que conseiller de se frotter à son univers électro-rétro.

« Melody Day », tube en puissance :

matthieu recarte