Depuis (au moins) Kukl ou The Sugarcubes, on sait que l’Islande est peuplée de musiciens transgenres. L’hurluberlu barbu qui joue ce soir à Paris ne déroge pas à la règle dite des plus têtus électrons libres d’Islande. Mugison opère en effet aux frontières de l’electro lo-fi et du folk déviant, du blues claudicant de Tom Waits et du rock poppy à la Beck. Il vocifère façon cendrier humain sur des samples de son lave-linge, des gargouillis de son ventre ou toutes sortes de bizarres bruits de bouche. Bref, Örn Elías Gu_mundsson est un allumé qui, à 29 ans, a déjà connu de multiples vies : marin sur les côtes russes, clown pour enfants malades, coursier d’un agent de change ou encore ouvrier dans une usine de conditionnement de poisson… Ce dernier boulot a été, selon ses dires, décisif : le son lancinant des machines aurait inspiré son choix de faire de la musique. A moins que ce ne soit son père, star du karaoké en Malaisie…

Toujours est-il qu’au début des années 2000, il quitte son île pour Londres, où l’extrémiste électro Matthew Herbert le repère et le signe illico sur son label Accidental. « Lonely Mountain » (2003) et surtout « Mugimama, is this monkey music ? » (2004) installent Mugison et sa bande (Mugimama et Mugimaster aux instruments). Depuis, malheureusement, pas grand-chose (deux musiques de films). Il présente ce soir « Mugiboogie », un enregistrement live. En concert, ce bidouilleur folktronica se présente habituellement seul, avec guitare et laptop, samplant les cris du public et hurlant comme un beau diable. Des performances qui laissent rarement de marbre.

Mugison - « I want you », extrait de « Mugimama, is this monkey music ? » :

Mugison - « Mugiboogie », live au festival islandais Aldrei fór ég suður qu’il a créé :

matthieu recarte