Rock, electro, folk, expérimental : de ceux qu’on aime à ceux qui buzzent, passage en revue hyper subjectif des nouveautés musicales de l’automne, avec de vrais morceaux de MP3 dedans.
De quoi se retrouver dans le maquis des sorties de la rentrée. © DR
< 14'09'07 >
Pop’surf, elle est pas fraîche ma musique ?
Ce n’est pas la rentrée littéraire mais ça y ressemble : la pile de nouveautés est impressionnante. Pas chien, poptronics vous aide à retrouver vos petits dans ce maelström rock-electro-folk, avec de vrais morceaux de vidéos et de MP3 dûment négociés dedans. Et en faisant l’impasse sur ceux qui seront partout ailleurs : « White Chalk » de la divine PJ Harvey, « Shotter’s nation » de Babyshambles, « The Black and White Album » des Suédois garage régressifs The Hives ou « Smokey rolls down thunder canyon » du barbudo folk Devendra Banhart. Les inratables rock et folk On vous avait prévenus avant l’été. « Strawberry Jam » d’Animal Collective (Domino/Pias), outre le titre de la pochette la plus laide, emporte haut la main celui de disque de la rentrée –voire de l’année. En totale liberté, aux frontières du folk, de l’électronique et du bruit blanc, le quartette US atteint des sommets hypnotisants.
Autre album dont poptronics a déjà parlé ici et là, « Liars » (Mute/Labels), où le trio américain, s’il y écrit de « vraies » chansons, reste toujours aussi radical. Liars, « Houseclouds » : Lui aussi déjà disponible, « The Western Lands » (Warp/Pias), troisième –et meilleur– album de Gravenhurst, collection de morceaux accroche-cœur entre rage noisy et tout doux songwriting. Gravenhurst, « She Dances » : La tendance néo-folk ne se dément pas (Ben
Lee, José Gonzalez, Jeffrey Lewis revisitant le label anarcho-punk Crass, ou Jens Lekman, le nouveau Jonathan Richman). On retiendra plus particulièrement « This fool can die now » de Scout Niblett (Too Pure/Beggars, mi-octobre), dont poptronics vous a déjà dit grand bien, et le lamento de Beirut. Revenu des Balkans, Zach Condon a choisi la France des années folles comme inspiration centrale du doucement mélancolique « The Flying Club Cup » (4AD/Beggars, octobre), aux titres exotiques (« Cherbourg », « La Banlieue »). Ne pas non plus passer à côté du baroque et bariolé « Love is simple » d’Akron/Family (Young God/Differ-Ant), plein de pépites folk psyché en marge des canons du genre. Akron/Family, « Phenomena » : Enfin, deux maîtres donnent la leçon : Thurston Moore, tout pop en vacances de Sonic Youth, sur son deuxième album solo (on en parle mardi) ; et Pascal Comelade, pour une fois correctement distribué en France, qui propose sa « Mèthode de rocanrol » (Because Music). Décoiffant. Animal Collective, « Peacebone » : L’electro dans le cosmos Etrangement, les deux grosses sorties electro sont des lives. Passons sur celui plutôt bourrin de Vitalic (Different, fin septembre), plus rave que Bob Sinclar, le DJ officiel du sarkozysme, mais avec les mêmes gimmicks cheasy agaçants. A tout prendre, on optera pour le live de Daft Punk à Vegas (Virgin, fin octobre), en s’étonnant juste qu’il n’existe pas de version DVD (voir leur énorme prestation au Coachella 2006). Les Australiens Midnight Juggernauts seront eux la hype de l’automne, leur « Into The Galaxy » (petite mélodie, petits effets) a été joué partout cet été, et ils tourneront avec Justice aux Etats-Unis le mois prochain. Attention, pas d’emballement : « Dystopia » fatigue vite avec ses effets de recyclage 80’s. Plus intéressant, l’avènement annoncé de la néo-Kosmische, nouvelle vague de la techno minimale allemande, qui tend à essaimer dans la technosphère tendance « recherche et développement » (le label Systematic, Marc Romboy ou le parrain, Oliver Huntemann). Poptronics parie sur la Germano-Russe Xenia Beliayeva, activiste et égérie de tout ce petit monde, qui sort fin octobre le EP « The Slow Dance » (Dance Electric), réalisé avec le Français Da Fresh. Xenia Beliayeva, « Chocolate » : A noter aussi, sur le défricheur label Leaf, un nouveau Efterklang, cocktail de joliesses instrumentales, esprit « fanfare de la déglingue » et voix post-tout (rock, electronica), et « Cosmos », troisième album instrumental tout en plages étirées du Mexicain Murcof. L’expérimental sur la brèche C’est devenu une habitude, à chaque rentrée ses revenants, en vrac : Ian Brown, ex-leader lippu des Stones Roses, Edwyn « Girl Like You » Collins (quasi-survivant, lui, après une double hémorragie cérébrale), l’icône goth Siouxsie en solo ou Debbie Harry, après quatorze ans d’éclipse (était-ce bien nécessaire ?). La mode est telle que l’arlésienne de la reformation de My Bloody Valentine a refait surface à la fin de l’été… A noter, le tir groupé des vieux de la vieille de l’expérimental. Tuxedomoon fête trente ans d’avant-garde avec un coffret comprenant le tout nouveau « Vapour Trails », des raretés et un DVD (Crammed Discs, octobre). Egalement actif depuis les années 70, The Residents adapte pour « The Voice of Midnight » (Mute/Labels, mi-octobre) un sombre conte d’Hoffmann. On reviendra sur le collectif culte. Le rare Scott Walker (trois albums et une BO en vingt-cinq ans) est lui pris d’une subite fringale. Un an après « The Drift », le revoilà avec l’instrumental « And Who Shall Go To The Ball ? » (4AD/Beggars, fin septembre), composé pour un ballet de danse contemporaine. Quant au retour en grâce no wave, il ne se dément pas : James Chance et Lydia Lunch seront en concert à Paris en octobre. Mais malheureusement, pas ensemble. Ils font le buzz La planète rock s’agite pas mal autour des new-yorkais Tiny Masters of Today. Bowie les adore et leur « Bang Bang Boom Cake » (Reset Jr/EMI) déroule un casting épatant (Russel Simmins de Blues Explosion, Kimya Dawson, Fred Schneider des B 52’s, Karen O. et Nick Zinner de Yeah Yeah Yeahs). Et pour cause : ce rock garage mâtiné de hip-hop est dû à… Ivan, 13 ans, et sa sœur Ada, 11 ans, qui se sont mis à la musique parce que, privés de télé et sans console à la maison, « il fallait bien trouver d’autres distractions ». En Grande-Bretagne, les Cajun Dance Party, du haut de leurs deux singles, sont le petit groupe indie branché du moment, le nouveau phénomène pop sémillante s’appelant Jack Penate, qui collectionne les unes du « NME » avant même l’arrivée de « Matinee » (XL Recordings/Beggars, début octobre). Emblématique d’un certain retour au rock progressif (malheur…), Patrick Watson réconciliera les fans de Jeff Buckley et de Pink Floyd quand, chaperonnée par Sufjan Stevens, la folkeuse tendance s’appelle St Vincent (poptronics a déjà éventé son cas). En France, ça buzze autour de la rappeuse bretonne Yelle, qui cite Lio et reprend A Cause des Garçons, soutenue mordicus par une génération Fluokids qui transforme le paysage musical en grande cour de récré. On passe notre tour. Tiny Masters of Today, « Radio Riot » :
PopAntivirus#8 Resistencia (2) ou la musique libérée
L’émoi EMA Tous les sons sont au Sonic Protest 2015 Clermont 2020, le court du jour 4 : « Acid Rain », un rêve de rave Le Loup sort du bois |