Performance WJ’ing au Mapping Festival de Genève. © Stéphane Pecorini
< 27'04'07 >
Musiques à voir en congrès suisse
La troisième édition du Mapping Festival, le rendez-vous des dernières tendances des images sonores (lives AV pour audiovisuelles, sets de WJ’s pour Web-jockeys, installations et performances architecturales…), est l’occasion de vérifier que le VJ’ing a bien changé ces dernières années, de plus en plus émancipé de la musique électronique, dont il a longtemps été le corollaire extasié. Fini donc le proto-VJ’ing stroboscopique à la Spiral Tribe, et bienvenue à la musique visuelle et à son intégration dans les pratiques culturelles ultra-contemporaines. L’époque est propice à l’interdisciplinarité, mot sésame qui permet à bon nombre de manifestations – jadis marginales – de gagner les galons de la subvention et de la supposée maturité. Les performances AV (« audiovisuelles »), avatars dits « sérieux » du VJ’ing, se multiplient dans tous les festivals dignes de ce nom – de Sonar à Onedotzero en passant par l’Ars Electronica ou Lovebytes. On assiste donc à un mouvement de fond, qui participe d’une légitimation du VJ’ing, au sens le plus large, dans les sphères culturelles. Le Mapping Festival de Genève s’inscrit dans ce mouvement, qui tente de fédérer le milieu en pratiquant l’ouverture tous azimuts —mode de survie connu ! Pour cette troisième édition, les organisateurs ont investi le Bâtiment d’Art Contemporain (BAC), vaste espace proposant plusieurs installations en parallèle d’une programmation de lives et performances très pointues (à l’Usine), avec entre autres Luciano ou Birdy Nam Nam pour la musique ou, du côté des performances, Antonin de Bemels, vidéaste belge aux talents protéïformes, Sylvie Astier et Isabelle Arvers, opératrices invitées par Anne Roquigny d’une nouvelle forme de VJ’ing, le WJ’ying (pour Web Jockeys), qui tapissent l’espace d’images glanées sur Internet. Du côté des installations, on retiendra surtout les travaux toujours aussi pertinents du collectif français Exyst, qui, à l’instar de leurs collègues belges [[Lab[au]->http://www.lab-au.com] proposent une nouvelle forme d’architecture, en investissant un espace du BAC et l’habillant d’images générées par ordinateur, façonnant ainsi les contours d’une nouvelle discipline très ludique, l’architecture visuelle, sorte de pendant nerd à la psychogéographie chère aux surréalistes. A noter également la Compact/Box, installation interactive sonore et visuelle composée de cinq platines vinyles jouant des disques, dont le public peut modifier le rythme, créant ainsi des variations de sons et d’images en faisant œuvre de VJ’ing. Enfin, on notera la présence sur tous les fronts – performance et installation – de l’italien Quayola, très réputé dans la sphère du graphic design, et dont la présence à Genève est un signe de plus de la porosité des genres et de toute la vitalité du VJ’ing contemporain !
Ryoichi Kurokawa, le naturaliste numérique
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