A la manière du pop’live, découvrez la pop’sélection d’expos, festivals et expérimentations numériques à voir en ligne, en France, ailleurs… Une nouvelle rubrique à retrouver régulièrement sur Poptronics.
Il est tout nouveau, voici le magazine MCD-Poptronics « Game Over Culture », en lancement à la Gaîté lyrique jeudi 22/09, avec une conférence autour du « jeu vidéo après Fukushima ». © DR
< 21'09'11 >
Net culture, quoi de net ?

Vous survivez, vous, entre dégoulinades spéciales 9-11, primaires au PS squattées par DSK et avalanche du tag « rentrée » ? La net-culture se plie de plus en plus à ces énervantes vagues calendaires : grands rendez-vous œcuméniques type Ars Electronica, qui a réussi l’exploit de faire venir à Linz (Autriche) près de 84.000 visiteurs (mais pas nous…), festivals renommés, programmations officielles (le prix d’une certaine normalisation ?)…

Alors que les lieux accueillant la culture numérique se multiplient, et parce que le Net reste un espace encore largement anarchique (et c’est ce qu’on aime...), Poptronics vous propose un nouveau rendez-vous. Pour faire le tri sur sur ce qui nous semble prometteur, visionnaire, intéressant, voici nos choix évidemment très-très subjectifs (et néanmoins argumentés), ici en France et là-bas loin-loin-loin, pour suivre le foisonnement babélien des supports et des offres. Notre première pop’sélection net-culture est tout ce qu’il y a de plus éclectique. Jeu vidéo déviant, installations politico-poétiques qui nous réconcilient avec la France…

Traces de Linz, Mons, Istanbul…

Cheval hybride et fusion à domicile. Comme on n’était pas à l’Ars Electronica (31/08-6/09), difficile d’en dire grand chose… Hors le succès de fréquentation, on se félicite néanmoins pour deux raisons : le duo Art Orienté Objet qui obtient un prix avec son projet d’hybridation entre cheval et humain, « May the Horse Live in Me », (dont on vous a déjà longuement parlé), et Prometheus Fusion Perfection, de Mark Suppes, pour réaliser soi-même sa fusion nucléaire à la maison, projet qui en dit long sur la folie du DIY et les dangers d’un monde qui spécule sur l’avenir des générations futures (merci Tchernobyl et Fukushima). Sinon, on peut toujours regarder en ligne les nombreuses conférences qui ont tourné autour de la théma 2011, « Origin » (comment tout a commencé).

Promenades streamées. City Sonics à Mons a changé de dates, passant de juillet à début septembre (du 27/08 au 11/09), pour accrocher un peu plus le public local qui, soyons honnêtes, préfère s’arsouiller à la bière qu’écouter des pièces sonores en plein air. Outre « Locustream Promenade », les paraboles de Locus Sonus (streaming en ligne, un projet en cours toujours passionnant), ceux qui n’ont pas pris le train pour la petite ville belge médiévale pourront écouter en ligne le mix de Rainier Lericolais et quelques interviews d’intervenants sur la Radio Sonic créée pour l’occasion.

Net-art en mode datamatrix. Istanbul n’est pas seulement la capitale qui monte en art contemporain (cf la biennale jusqu’au 13/11), c’était aussi, outre le focus que lui a chichement consacré la Gaîté lyrique à Paris, le lieu de convergence des chercheurs, critiques et artistes nouveaux médias qui se retrouvent lors d’Isea (Inter Society for Electronic Arts). D’aucuns chez poptronics en reviennent avec des rencontres plein les poches. Le projet « 6x6 / 36–Déplacement », porté par le collectif de curateurs Nunc (dont un certain Cyril Thomas qui officie ici…), est un objet hybride, entre publication papier et écran, code 2D, mobilité et net-art. Les six carnets de stickers en datamatrix (le code 2D qui, lu sur un téléphone un tant soit peu intelligent, permet d’accéder à des données numériques) renvoient à des œuvres en ligne d’artistes dont on ne peut dire que du bien : Annie Abrahams, Beatriz da Costa, Nicolas Frespech, Antti Laitinen, Albertine Meunier et Servovalve, en vis-à-vis de la page 6 et 36 d’un livre qui les a influencés. Intrigant et ludique, ce 6X6/36 s’achète physiquement (9,50€ chez Subjectile) ou en ligne (chez Immatériel pour 1,99€).

A voir en France

Fiction de l’espace-temps. C’est ce soir au Jeu de paume qu’est lancée « Blow Up ». La nouvelle séquence d’exposition sur l’espace virtuel du musée parisien (du 21/09 donc, jusqu’au 15 mars) est confiée à l’artiste Christophe Bruno et au curateur Daniele Balit, qui en ont fait un objet collectif. Sont annoncés les artistes Jean-Baptiste Bayle, Didier Courbot, Dora García, Charlie Jeffery, Jimpunk, Natasha Rosling, Carlo Steiner. Autant dire qu’on surveillera ça de près, en se rendant à 19h au musée de l’image écouter les commissaires et les artistes Jean-Baptiste Bayle et Didier Courbot défendre leur point de vue sur l’espace-temps fictionnel né du contrôle de l’information… Vaste programme !

Trouble du réel. Même impatience pour l’exposition à venir au 104 dès ce week-end (vernissage le 23/09), intitulée « In_perceptions », qui présentera six installations de l’Argentin Leandro Erlich, Ann Veronica Janssens et Lawrence Malstaf, jouant sur le trouble, modifiant le sens du toucher, le rapport au réel, entre chaos et vertige. Malstaf est du genre à provoquer des tempêtes en chambre close, tandis qu’Ann Veronica Janssens joue subtilement des effets de lumière et que Leandro Erlich a déjà trompé son monde avec un vernissage en piscine… Bref, on devrait logiquement y revenir…

Séquence autopromo. Poptronics y a travaillé cet été : c’est demain (21/09) que sera lancé le numéro MCD-Poptronics « Game Over Culture », un magazine papier bilingue qui fait le tour de la planète en mode jeux. Pour en parler, une conférence (à 19h) s’intéressera au paysage actuel de cette culture à part entière. « Le jeu vidéo après Fukushima » (parce que le tsunami et la catastrophe nucléaire n’ont pas seulement mis à mal l’environnement autour de la centrale japonaise, mais participent à la reconfiguration mondiale de cette industrie) donnera la parole à Mathieu Triclot, l’auteur du formidable « Philosophie des jeux vidéo » (éditions Zones), à Alexandre Bourlon, ingénieur gameplay chez Ubisoft et enseignant au labo jeux d’Epitech, ainsi qu’à Stéphane Adamiak, responsable nouveaux projets chez Orange. Le tout sera suivi d’un cocktail et d’une présentation, dans l’espace jeux de la Gaîté, des dernières réalisations du collectif canadien Kokoromi, et du labo montréalais TAG (Technoculture, art and Games Research center, tenants de la ligne « indé » en matière vidéoludique. Une ligne dont vous vous doutez que poptronics se sent proche, la preuve avec cette plongée underground à New York, au cœur de la nouvelle arcade, chez Babycastles.

A déguster online

Varda-Marker, l’hommage. Voilà, les Rencontres photo d’Arles, c’est fini (on y revient très vite), et pour se réconcilier avec les critiques désastreuses qu’on a pu lire ici ou là, on recommande cette séquence signée Télérama.fr donnant la parole à Agnès Varda, l’amie cinéaste du grand Chris Marker, à propos de l’exposition qu’Arles lui consacrait cet été. Photos volées à la caméra espion dans le métro, plongée dans Second Life où le réalisateur de « La Jetée » s’est fait construire un musée imaginaire, L’Ouvroir, qui réconcilie avec l’idée même du musée… Agnès Varda dit merveilleusement, simplement, chaleureusement, son admiration pour l’œil défricheur, moqueur et déshabilleur de Marker.

Chris Marker par Agnès Varda, réal. Pierrick Allain, Yasmine Youssi pour Télérama.fr :


Datacenters, lieux pour l’art. « Art in datacenters », le dernier projet d’Etienne Cliquet qu’il a élaboré cet été en résidence à Montréal, s’intéresse aux datacenters. Ces monstres de stockage de données qu’il considère « comme des musées ou des bibliothèques puisqu’une part grandissante de notre connaissance y est stockée et archivée » deviennent grâce à lui l’espace d’exposition irréel de pliages inspirés des origamis, renommés « ordigamis ». Simplement subversif…

Icônes Apache. On en profite pour signaler la mise en ligne d’« Iconorama », l’une des réalisations à mettre au crédit d’étudiants des écoles d’art d’Angers et Toulouse, sous la direction du même Etienne Cliquet et de Sonia Marques. Des icônes Apache de 20 X 22 pixels redessinées, puis exposées, imprimées, réagencées, qui questionnent notamment les liens entre print et web :



HTML5, le cauchemar d’Apple. Enfin, il ne vous aura pas échappé que les tablettes numériques, sous l’impulsion de la firme à la pomme, ont déboulé sur le marché et se fraient plus qu’un chemin, une autoroute dans nos usages numériques. Cependant, même si les usagers adoptent rapidement leur nouvel appendice techno, les contenus innovants sont encore peu nombreux. Pour un « Wired » qui explore les capacités nouvelles de ces machines, combien de maquettes à l’ancienne, en PDF, tout juste agrémentées de liens hypertexte ou d’une vidéo à voir en ligne ? Du coup, « Aside » nous a tapé dans l’œil : non seulement il est plaisant à feuilleter, mais en plus il est conçu en HTML5, qui permet (entre autres) de s’émanciper des Appstores et autres censures des gros fournisseurs de supports mobiles. Et donc, « Aside » donne des idées… On n’en dit pas plus…

Présentation d’« Aside », le premier magazine en HTML5 :



Et aussi :
16/09-25/09 : Smart City 2011, recherche et production artistique sur le thème de la ville intelligente, créative et durable, à Paris.
22/09 : « I-Dance » live, de Pierre Giner avec Patrick Vidal, à partir de 21h, Centre des arts d’Enghien.
23/09-16/12 : « Invisible et insaisissable », exposition au Centre des arts d’Enghien autour de la question des nanosciences (vernissage le 22/09 à 19h).
30/09 - 2/10 : Stereolux à Nantes.
1/10 : Nuit blanche à Paris (et ailleurs).
1-2/10 : Le Cube fête ses dix ans, à Issy-les-Moulineaux.
annick rivoire 

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