Egalement disponible, « Cahier dans la marge n°8 » (Arts Factory), 8,5€.
Rencontre avec la dessinatrice Nine Antico, en compétition officielle à Angoulême avec
« Le Goût du paradis » (Ego comme X), 16€.
Egalement disponible, « Cahier dans la marge n°8 » (Arts Factory), 8,5€.
A quoi rêvent les jeunes filles ? L’insouciance dessinée par Nine Antico, jeune dessinatrice en sélection officielle à Angoulême. Dessin extrait de son "Cahier dans la marge" paru en décembre dernier. © Nine Antico
< 30'01'09 >
Nine Antico, mémoires BD d’une jeune fille pas rangée
Elle dessine l’adolescence, aime le rock et sa première BD, « Le Goût du paradis », plongée autobiographique dans le cœur d’une jeune fille des années 90 à Aubervilliers, est sélectionnée au festival d’Angoulême 2009, catégorie Jeune Révélation. Un joli prétexte pour rencontrer Nine Antico, 27 ans, avant son départ pour Angoulême. La clope au bec, le look rock’n’roll et l’air déterminé, la dessinatrice s’est livrée au jeu des questions-réponses dans un bar du côté de la Bastille, à deux pas du bureau qu’elle partage avec d’autres illustrateurs dans un immeuble béton et coursives aux allures de squatt berlinois. « Je dessine depuis que je suis toute petite » « A la crèche déjà, j’avais envie de vivre l’amour » Surtout, sur fond de repas de famille dominical rythmé par Jacques Martin, « Le Goût du paradis » dresse le portrait en creux d’une adolescente solitaire et sage, bonne élève en décalage avec son environnement banlieusard (rap et roulements de mécanique), qui non seulement n’a pas les même codes que ses voisins, mais n’a pas de codes du tout : les codes, c’est les autres. Reste à s’inventer. « J’ai été refusée par toutes les écoles d’art, ce qui m’a rendue aigrie pendant longtemps. Mais ça m’a permis d’être moins académique, je suis plus laborieuse dans mon dessin, mais plus libre aussi. Mon style, je l’ai trouvé au fur et à mesure que je dessinais “Le Goût du paradis”. Maintenant, je sais ce que je veux, je ne suis pas adaptable, je ne gagnerai pas ma vie comme illustratrice ou graphiste, je préfère être serveuse et développer mes propres projets. » « Injecter l’intime dans des personnages de fiction » C’est ainsi que sa prochaine BD mettra en scène une fausse bio croisée de Bettie Page et Linda Lovelace (l’actrice du porno « Gorge profonde »), deux grandes figures érotiques. « Je suis très attirée par l’érotisme en BD, plus que dans les films, car on est complètement dans l’univers du fantasme et de l’imaginaire. » Le point de départ : « Une fable où Hugh Hefner reçoit deux filles qui veulent poser pour “Playboy”, et les fait se promener dans la vie de Page et Lovelace. Ce qui m’intéresse chez elles, c’est qu’elles ont eu toutes les deux des vies chaotiques, avec des hauts et des bas, mais ont su construire une carrière en jouant avec leur sexualité, même si Bettie Page était une forte tête qui savait exactement ce qu’elle faisait, pour qui l’érotisme était un jeu, et que Linda Lovelace se voyait plus comme une victime bringuebalée par des choix qui ne lui appartenaient pas complètement. » Déjà soixante pages de faites, mais encore un an de travail, selon elle (on peut en avoir un léger aperçu là) : « Le projet est ancien et à la mort de Bettie Page, j’ai un peu paniqué, ça m’a mis la pression. » Si elle rêve qu’une de ses BD soit adaptée au cinéma, l’actualité de Nine Antico, c’est Angoulême. En briscarde du festival, dont elle a parcouru les travées pour les éditions Cornélius pendant quelques années, elle ne se laisse pas plus impressionner que ça par le « Cannes de la BD » : « Angoulême c’est surtout l’occasion de boire des coups avec des grands comme Charles Burns ou Daniel Clowes. Dans le meilleur des cas, je repars avec le prix et mon livre est réimprimé. »
L’émoi EMA
L’icône Susan Kare Sur les traces du point G dans « Mon Lapin Quotidien » (2018) Angoulême, l’avenir de la BD passe par le Web |