Nuit blanche 2009, « ACR remix, toujours quelqu’un écoute et quelqu’un n’entend pas », une installation de Pierre Giner avec Patrick Vidal, ligne 11 du métro et kiosque à musique du Jardin du Luxembourg, Paris, le 3/10 à partir de 19h et sur le Net ci-contre.
Au kiosque à musique du Jardin du Luxembourg, une théorie de sound-machines pour écouter des remix d’art sonore. © Pierre Giner
< 03'10'09 >
Nuit blanche avec Pierre Giner : fais écouter l’art à ton voisin
On finirait par croire que la culture traitée par la gauche ou la droite, c’est du pareil au même… A preuve avec cette Nuit blanche 2009, totalement représentative du syndrome du désengagement public de la culture en France. Certes, la proposition du maire de Paris est institutionnalisée : 8 ans déjà qu’au début octobre, installations et performances en plein air font sortir les Parisiens et faire se confronter la « populace » à des œuvres généralement confinées dans l’espace muséal. Pourtant, le succès populaire ne vaut pas pérénnisation : c’est une version resserrée que la mairie de Paris propose cette nuit du 3 au 4 octobre. Un budget rétréci (un peu plus d’un million contre deux auparavant), un périmètre replié sur trois zones (autour des Buttes Chaumont dans le 19e, autour du Luxembourg dans le 6e et autour de l’Hôtel de Ville dans le 1er) et surtout un « off » beaucoup plus achalandé que le « in » : 80 événements associés, dont Notopos, la nuit de la poésie entre Gare au théâtre à Vitry et la Maison de la poésie à Paris, ou encore le parcours de Synesthésie à Saint-Denis et Aubervilliers (avec Vincent Ganivet et les LabAu, entre autres). Veilhan, Closky, Aitken, Fleury... Au final, la trentaine de projets officiels Nuit blanche 2009 convoquent quelques figures de l’art contemporain défendues par les deux commissaires, Alexia Fabre et Franck Lamy (du Mac/Val, le musée d’art contemporain du Val de Marne) (et que les pop’nautes apprécieront) : Claude Closky au gymnase Laumière, Xavier Veilhan à la patinoire Pailleron, Doug Aitken au théâtre de la Ville, Kimsooja sur le parvis de l’Hôtel de ville, Sylvie Fleury à Notre Dame de Paris, Janet Cardiff à l’Eglise Saint-Séverin, Eric Duyckaerts à Normale Sup… Autant d’interventions dont on ne doute pas qu’elles attireront du monde, d’autant que l’été indien survole la capitale. Si cette Nuit blanche où le « in » peau de chagrin (mais de qualité) s’augmente d’un « off » conséquent est symptomatique de la situation de la culture en France, c’est précisément dans cette évolution : la culture financée par les pouvoirs publics n’est plus qu’un faire-valoir pour des initiatives privées -et ce n’est pas le budget en trompe-l’œil du ministre Frédéric Mitterrand qui fera illusion. Bref, que le pouvoir soit PS ou UMP, la culture n’est pas vraiment à la fête ces temps-ci... Hors les murs, dans les jardins et sur poptronics Foin de ces considérations politiques, l’art dans la rue, dans les jardins, sur les façades et partant, hors ses murs, est toujours bon à prendre, ne serait-ce que parce qu’il peut ainsi toucher des publics toujours réticents à fréquenter les musées. Et poptronics, pour accompagner le mouvement, a décidé d’accompagner une des propositions offertes aux Parisiens et touristes cette nuit, pour la propulser dans l’espace du Net, et l’augmenter ainsi d’une autre dimension. « ACR remix, toujours quelqu’un écoute et quelqu’un n’entend pas » est la proposition d’un artiste très très ami de poptronics, qui déjà il y a deux ans avait fait danser la Nuit blanche avec son génial I-Dance (un remix de danseurs virtuels activés en temps réel) : on a nommé Pierre Giner. Avec Pierre Giner, nul doute que l’art est à la fête. On devrait même dire en fêtes au pluriel, puisque le même dispositif est joué à deux endroits différents, et devrait logiquement donner deux ambiances totalement différentes : le jardin du Luxembourg d’abord, où un maelström d’enceintes et sound-machines posé sur le kiosque à musique donnera le ton. Ici, c’est le son qui est à voir. Dans le métro ensuite, sur la ligne 11 (exceptionnellement ouverte toute la nuit), où les haut-parleurs qui traditionnellement crachotent les affreux messages de la RATP diffuseront un remix des créations sonores de l’ACR, le fameux Atelier de création radiophonique de France Culture (concocté chaque semaine par Philippe Langlois et Frank Smith). Le liant entre ces deux points d’écoute ? « Alexia Fabre et Frank Lamy ont demandé à Frank Smith et Philippe Langlois qui ont demandé à Pierre Giner qui a demandé à Patrick Vidal le remix de 12 pièces sonores produites dans le cadre de l’ACR. » Fais passer l’art à ton voisin, en d’autres termes. Pierre Giner est un artiste qui aime créer des situations des contextes artistiques où la création des uns et des autres (pas que la sienne, donc) rencontre un public, dans une ambiance généralement ludique. La preuve ? L’Atelier de création radiophonique de France Culture, un bastion de la composition d’art radiophonique parfois un peu abscons et pourtant toujours fureteur et intéressant, offre des perles réalisées avec Guesch Patti, Boris Achour, Vincent Dieutre, Jonas Mekas, Christophe Honoré, Boris Charmatz, Laurie Anderson, Georges Tony Stoll, Melik Ohanian, Matali Crasset ou encore Lee Ranaldo. Le plasticien aurait pu se contenter de réfléchir à la meilleure manière de les faire « traverser l’espace public ». Il a préféré s’adresser à Patrick Vidal, un « historique » de la scène du Ddjing, entendez un mec de la nuit qui fait danser les foules, pour lui demander de remixer ce patrimoine sonore. C’est donc un DJ qui animera le kiosque à musique du Luxembourg, tandis qu’une boucle composée à l’occasion sera diffusée sur la ligne 11 (de 19h à 7h du matin). Pour que la rumeur festive se propage au-delà des limites parisiennes, poptronics s’associe au projet en diffusant ladite boucle. Bonne nuit !
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