Réouverture du nouveau New Museum le 01/12 à New York.
Passé de Chelsea à Broadway, le New Museum s’installe à Downtown Manhattan et s’offre une nouvelle peau, conçue par Kazuyo Sejima et Ruye Nishizawa. © Dean Kaufman.
< 01'12'07 >
Peau neuve pour le New Museum de New York

La Bowery, artère new-yorkaise connue pour ses clochards et abris de nuit, depuis la Dépression de 1929 jusqu’aux années 1980, est le site de la première ouverture, depuis belle lurette, d’un nouveau musée à Manhattan - et de surcroît, le seul entièrement consacré à l’art contemporain dans cette ville. Le nouveau New Museum qui s’ouvre là le 1er décembre, avec son look splendide, n’est pas le premier bâtiment dans le processus de « gentrification » de la rue. Mais sa directrice, Lisa Phillips, aime à rappeler que bien des artistes ont travaillé de ce côté-là de Manhattan, à la croisée de Soho, du Lower East Side, des communautés juives et chinoises (et du deal de drogue, manifestement chassé des lieux).

Créé, il y a trente ans, d’un mouvement d’humeur de Marcia Tucker, une ancienne conservatrice du Whitney Museum en rupture de ban, et devenu célèbre pour avoir le premier (musée) affiché haut et fort le sigle SILENCE=MORT d’Act up, le New Museum, d’abord logé dans des bâtiments sur Broadway puis à Chelsea, s’est offert une cote de mailles étincelante d’aluminium anodisé. Cette peau, conçue par Kazuyo Sejima et Ruye Nishizawa (Agence SANAA de Tokyo) enveloppe six « boîtes » rectangulaires, chacune décentrée pour éviter tout effet de barre et encourager la fluidité des circulations et l’aventurisme des espaces d’expositions. Ceux-là sont conçus d’un seul tenant sans colonnes porteuses. Outre les trois étages d’expos, la salle multifonctions de 182 places, l’étage du service culturel et celui de la terrasse panoramique (outre café, boutique, librairie, etc.) le New Museum globalise son action, avec le service du « musée comme hub » : soit des programmations initiées avec d’autres centres d’art contemporain dans le monde (Mexique, Le Caire, Eindhoven…), en collaboration avec la commission Rhizome et sans passer par le pouvoir curatorial maison.

En apéritif, c’est l’inexorable Martha Rosler qui entre dans la danse avec la monstration de son projet « Bowery » de... 1974 et une « école de nuit », recyclage de la Manifesta 6 avortée à Chypre (à l’été 2006). Une première salve de manifestations au Musée nouveau est consacrée à l’« Unmonumental » (non monumental). Elle est découpée en quatre parties successives (Unmonumental Objet / Collage / Audio / Montage). C’est le moins que Lisa Phillips et ses (jeunes) associé/es puissent faire, étant donnée la tendance irrésistible des musées à enfler, enfler, enfler sous la pulsion irrésistible de l’argent qui les finance et les incite à le montrer. Ce qui est super en outre, c’est que les commandes d’inauguration passées à des artistes s’adressent à nos chouchous : Sharon Hayes, activiste et performeuse, Young-Hae Chang Heavy Industries, nos amis coréens du Net, Ugo Rondinone, qu’on ne cesse de louanger pour son exposition au Palais de Tokyo à Paris et Jeffrey Inaba, qui s’intitule directeur de l’institut sud-californien des « Future initiatives », rien moins. Si vous êtes à New York, le musée est gratuit à partir du 1er décembre à midi et pendant 30 heures.

elisabeth lebovici 

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