L’exposition « Playback » est l’une des plus attendues de la rentrée, par son ambition d’unir dans un même mouvement et une scénographie originale deux champs qui ont parfois du mal à cohabiter, la musique et les images. Le clip musical (ou vidéo clip, ce vilain anglicisme), vous l’avez reconnu, est un objet hybride et mal perçu : il est l’objet d’une curiosité mêlée de condescendance car il se situe à mi-chemin du support strictement promotionnel et de la « vraie » création artistique avec un auteur derrière.

On a pu percevoir ces dernières années une tentative de revalorisation de ce vilain petit canard, thèses très savantes à l’appui, sans parler des plaidoyers pour un statut d’auteur associé au réalisateur desdits clips (SPPAM + SPPF) et de sa présence légitimante dans certains festivals de cinéma « tradi ». Mais revenons à l’essentiel : Nicole Brenez rappelle dans le catalogue de l’exposition au Musée d’art moderne de la Ville de Paris que « le clip sert de laboratoire permanent au cinéma » et que « sa forme brève le renvoie à ses origines fertiles, à sa veine expérimentale ». C’est précisément ce qu’on viendra chercher dans « Playback », non pas une nouvelle histoire du clip mais une proposition moderne et originale qui apparierait certaines vidéos marquantes et « officielles » (on se réjouit de revoir la trilogie de Derek Jarman pour les Smiths ou le travail de Richard Kern autour de Sonic Youth et Lydia Lunch, dans la partie « Seen On TV », entre autres incunables) et des travaux d’artistes contemporains qui jouent autour de la notion de clip pour mieux la corroder (l’équation clips = MTV = $ étant encore valide, il est très tentant de la faire exploser).

A voir ou à revoir donc des pièces enrobées de Charles Atlas, Joseph Beuys, Thomas Hirschhorn, la célèbre série conçue autour des Residents, « One Minute Movies », ainsi que le clip de Blur réalisé par la pop’star Damien Hirst. Reste à savoir si la scénographie, conçue par le décorateur des lives de Justice (l’énorme croix, c’est lui), sera à la hauteur.

Même si la comm’ fait peur (une page Myspace Playback - sic - censée proposer régulièrement de nouvelles vidéos, tel un work in progress), on sera attentif aux nombreux évènements prévus avant Noël autour de l’expo. Feedback sur « Playback » tout bientôt sur poptronics.

Un exemple des incunables de Playback, pour le côté labo cinéma, « The Queen Is Dead », de Derek Jarman pour les Smiths :

L’alliance artiste-groupe, ici Damien Hirst pour Blur dans « Country House » :

benoît hické