Visite de « Par ailleurs », exposition de John Armleder au château des Adhémar centre d’art contemporain, à Montélimar, par l’artiste trop pop Nicolas Frespech. Du 28/06 au 28/09, tous les jours de 9h30 à 12h et de 14h à 18h, entrée plein tarif 3.50 €, gratuit jusqu’à 18 ans, 24 rue du château, Montélimar (26), tél. : 04.75.00.62.30.

Cet été, des œuvres de John Armleder sont aussi présentées au Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne dans le cadre de l’exposition « Micro-narratives, tentation des petites réalités » ainsi qu’au Centre Culturel Suisse à Paris.

Vue de l’exposition "Par ailleurs" de John Armleder au Château des Adhémar, à Montélimar. © Nicolas Frespech
< 15'07'08 >
Pour la visite du château, suivez les néons d’Armleder

(Montélimar, correspondance)

Vu mon contexte économique, je n’irai pas cet été prendre le frais en Bretagne ou d’autres destinations exotiques, je serai touriste de ma propre ville. Ce qui me rassure, c’est que je n’aurai aucune taxe CO2 à payer : tout se fait à pied sous une chaleur écrasante. J’ai commencé il y a 15 jours en allant dans un hôtel de ma ville vivre 24 heures de vacances entouré de Belges et de Suisses amoureux du soleil, des cigales et du nougat de Montélimar, ambiance « Secret Story » autour de la piscine : c’était génial.

Je continue cette semaine en allant visiter LE monument de la ville : son château médiéval imposant installé en haut d’une colline. Je prends mes lunettes de soleil, une bouteille d’eau, je m’interdis le short et le bob vissé sur la tête (ici on peut me reconnaître !), me voici prêt à gravir la colline. Efforts récompensés avec la superbe exposition d’art contemporain présentée dans les salles du Château des Adhémar : du Suisse John M. Armleder.

Ses créations contemporaines intègrent ce lieu chargé d’histoire (XIIe siècle) avec brio. Des néons empilés forment différents tas qui occupent les deux salles du logis seigneurial, et l’installation colorée dialogue parfaitement avec ces grands espaces aux murs de pierre. Aucune sculpture ne touche ou ne parasite les murs, c’est seulement la lumière émise par les néons qui les illuminent. Entrelacs de câbles électriques et de néons standards achetés dans n’importe quel magasin de bricolage. On se surprend à lever la tête pour regarder si par hasard les tubes ne se seraient pas détachés du plafond (on a déjà vu dans le passé des restaurations de bâtiments historiques avec éclairage au néon blanc, efficace et économique !).

Toutes les œuvres présentées ont été réalisées exclusivement pour cette exposition, exceptée « Party to a crime » (2003), elle aussi composée de néons. Bien entendu, l’œuvre de Dan Flavin est convoquée, John M. Armleder aimant revisiter l’histoire de l’art dans une interprétation contemporaine et décontextualisée des œuvres du passé. Il est d’ailleurs l’un des membres fondateurs en 1969 du mouvement ECART, proche de Fluxus.

Lointain descendant de Marcel Duchamp (oui, encore un !), l’artiste né à Genève en 1948 utilise du matériel standard (ici les néons) et dans un étrange rapport à la décoration (toujours le néon), redonne aux historiens de l’art quelques nouvelles interprétations du ready-made contemporain.

En 2006, à propos de sa rétrospective au Mamco de Genève, John M. Armleder déclarait : « Dans mon travail, par une sorte d’abus conscient, j’utilise une pièce qui a été pensée pour une raison bien précise et qui est complètement déplacée, ou encore une pièce qui au départ n’est pas de moi. »

Une autre salle du château présente des dessins post-préparatoires. Rébarbative au premier abord, elle mérite qu’on s’y attarde, offrant aux visiteurs l’éclairage nécessaire pour mieux comprendre le travail de l’artiste et sa relation au contexte de présentation.

Enfin, cerise sur le gâteau, une sculpture monumentale de l’artiste sera installée à l’entrée de la ville en septembre, composée de métal... et de néons bien entendu !

Ma prochaine destination locale prévue : le jardin public de Montélimar et son parc animalier, idéal pour un safari photo urbain.

nicolas frespech 

votre email :

email du destinataire :

message :