Radiophonic 2007, du 25 au 28/10, à écouter sur SilenceRadio.org et en flux sonore 24h/24, Les Brigittines, petite rue des Brigittines, Bruxelles. Entrée : 5€. Pass : 12€.
L’affiche de Radiophonic 2007, radio-laboratoire, véritable espace de création sonore. © DR
< 26'10'07 >
Radiophonic, écoutez la vraie différence

« Vous faites quoi comme métier ? Je suis compositeur. Et ça se passe comment ? Je suis couché en travers de la vie et la vie me traverse, comme tout le monde. » Luc Ferrari (dans Autobiographie n°14).

Créateur d’ambiances, de son, d’images sonores et autres « petites enfilades hétéroclites et composites », compositeur de musique contemporaine disparu en 2005, Luc Ferrari apparaît à l’affiche de Radiophonic 2007, festival belge au-delà du pointu qui fédère bien des tentatives de création radio. Dans la pure tradition des héritiers de Schaeffer, toute la fine fleur des sons morcelés, recomposés, tripatouillés et gratouillés se retrouve à Bruxelles jusqu’à lundi, et on line pour tous les autres. C’est l’avantage d’un festival d’allumés dont on sait qu’ils ont la fibre technologique chevillée au corps. Il faut donc envisager ce week-end comme une longue plage de silence (pour nous), pour voyager d’une oreille à l’autre, de paysages sonores en fictions radio, d’hommage à Luc Ferrari donc en « Anti-concours de sons rebelles », le programme roboratif comptant pas moins de soixante artistes et collectifs (dont Jean-Philippe Renoult, qui contribue à poptronics).

Le festival bruxellois, fruit de l’atelier de création sonore radiophonique (l’équivalent belge de celui de Radio France), prend acte de la révolution des modes de diffusion (podcast ou « baladodiffusion » en bon mais moche français). L’occasion de décrèter le « post-radiophonique » comme d’autres la post-modernité, soit « une tentative d’appréhender de nouvelles formes de langages, d’expressions sonores et de modes de diffusion qui se propagent au delà d’une volonté de contrôle, de propagande ou de discours ». De l’art radio, en quelque sorte, qui traverse la création sonore, la fiction et le documentaire. Jérôme Joy, qui gère le laboratoire Locus Sonus entre Nice et Aix-en-Provence (entre la villa Arson et l’école des beaux-arts d’Aix), y présentera une de ses (rares) compositions, « Sobralasolas ! Acte 1 ».

Côté poésie, Lucille Calmel et Sebastian Dicenaire proposent « WarpZoneRadio (Word Is A Virus) », le 26/10 à 20 h, avec une tripotée d’invités qui joueront, comme dans l’univers du jeu vidéo dont est tiré le titre de cette performance (une warpzone est un passage secret entre deux niveaux), « aux confins du verbal et du sonore ». En gros, on peut s’attendre à une ébouriffante création poétique mixant voix polyglottes (Maja Jantar et ses rires souffles et sons de gorge) ou les samples de pluie et de craie de Mathias Beyler. Il faudra aussi s’abandonner aux images mentales générées par l’e-scape. Cette initiative de l’Union Européenne de Radiodiffusion soutient une série d’événements radiophoniques comme ce vendredi à 22 h, les élucubrations bruitistes mais intimistes de Martiens Go Home, duo belge composé de Benoît Deuxant et Roland Wouters, qui improvisent sur les ondes à partir de sons de composants électroniques cassés pour composer des paysages sonores « anti-ambient ».

Le programme est tellement riche qu’on peut passer la nuit à se perdre de site en site, d’écoute en surprise audio, chacune explosant à sa façon sur l’une des dizaines de radios expérimentales européeennes (et new-yorkaises) invitées à ce Radiophonic post-radio. A Bruxelles ou pas, on vous dit, silence, oreilles affûtées bien ouvertes sur la post-écoute donc !

annick rivoire 

votre email :

email du destinataire :

message :