Massacre à Créteil ! Ce n’est pas le titre d’un film gore, quoi que. Massacre fut la météorite tonitruante des 80’s constituée du guitariste britannique frappadingue Fred Frith, du bassiste Bill Laswell et du drummer Fred Maher. Leur disque « Killing Time » affichait une férocité et une virtuosité instrumentales rares. « Killing Time », et c’est là le secret du culte qui lui est dû depuis sa parution en 1981, contient presque toutes les audaces esthétiques et les métissages sur lesquels on bougera anarchiquement pendant les vingt années à venir. S’y carambolent envolées free rock funk, cassures rythmiques époustouflantes, vocaux et cris parcimonieux complétés de sons pré-enregistrés, noise avant l’heure. Ils sont ce vendredi 22/02 à la Maison des arts de Créteil, et devraient faire du bruit...

Avec un tel patronyme, Massacre ne prétendait pas survivre à sa propre invective au-delà d’une courte série de concerts et d’un unique album. Un an, pas plus, qui suffira à les poser dans l’histoire. Les trois fondateurs étaient tous déjà bien occupés, Fred Frith, issu du libérateur combo Henry Cow dans l’Angleterre des années 70, planait déjà haut dans les sphères de la musique improvisée. Bill Laswell et Fred Maher venaient de créer Material, au tournant du post punk et d’une proto-disco expérimentale fédératrice du meilleur de la scène new-yorkaise. Laswell deviendra ensuite le boss fécond du label Axiom et l’omniprésent producteur d’une cohorte de réalisations expérimentalo-dub-world-hip-hop.

Massacre renaît de son carnage virtuose à partir de 1998. Le groupe sort quelques disques sur le label de John Zorn, Tzadig, avec un autre batteur non moins mythique, Charles Hayward de feu This Heat.

En bonus vidéo, le premier clip de Material pour l’inquiétant instrumental disco « Secret Life » (1981) :

Fred Frith et Bill Laswell, live avec le Bladerunner Project de John Zorn, à Paris en 2000 :

jean-philippe renoult