Sarkozy, du flou dans la gâchette
Deux heures : Nicolas Sarkozy a mené tambour battant sa conférence de presse de rentrée hier à l’Elysée, devant 600 journalistes. Ce matin, l’actualité « people » de ladite conférence occupe encore bien des pages sur le Net et dans les journaux (340 articles selon Google News sur sa réponse à la question sur Carla Bruni). Assez logiquement, les quotidiens de gauche ne ratent pas l’occasion d’égratigner sa stratégie de communication (« le président a justifié l’étalage de sa vie privée avec l’ex-mannequin, promise au mariage, sortez les violons, préparez les cotillons », écrit Libération), tandis que le Figaro rapporte qu’une « partie de la presse l’accuse de mettre en scène sa vie privée pour masquer certaines difficultés de sa politique notamment économique ». Est-ce la raison pour laquelle « Direct Soir », le gratuit de Vincent Bolloré, l’ami de Nicolas Sarkozy (c’est lui qui lui paye ses vacances), a titré « Nicolas Sarkozy et sa conférence de presse » (sans se mouiller, voir ci-contre la Une du quotidien du soir), avant de verser dans les pages intérieures dans le plus pur tract électoral (le président a su manier « aussi bien l’humour qu’un ton très ferme », a mis « souvent les rieurs de son côté »...) ? Par piles entières réapprovisionnées tout l’après-midi dans le métro parisien, « Direct Soir » avait visiblement anticipé la leçon de presse de Sarkozy, qui, après avoir esquivé la question de Laurent Joffrin sur sa façon très personnelle d’exercer le pouvoir (écoutez la réponse sonore du pdg de Libé sur Libélabo), a décrété : « Le seul problème de la presse, c’est sa diffusion. » Au-delà du people, Nicolas Sarkozy a surfé sur tous les sujets du moment, s’appuyant sur un concept tout nouveau pour lui, la « politique de civilisation » (empruntée à Edgar Morin, philosophe cité à cinq reprises, qui en répond ce matin), et en multipliant les effets d’annonce. Un effet « rideau de fumée » qui n’a pas échappé à notre chat pigiste préféré, Guillaume-en-Egypte, pas plus qu’à une bonne part des éditorialistes du matin .
L’icône Susan Kare
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