« And Who Shall Go To The Ball ? And What Shall Go To The Ball ? », de Scott Walker, sortie le 25/09 (Beggars/4AD), en vente ici.
Après avoir tutoyé les Beatles en haut des charts, Scott Walker sort aujourd’hui des disques confidentiels et radicaux. © DR
< 25'09'07 >
Scott Walker, l’extrême chaos du silence... en musique
Et si la musique était surtout affaire de silence ? « And Who Shall Go To The Ball… », dernière livraison de Scott Walker, est incontestablement un pur rejeton du genre non répertorié des musiques malades, déviantes, à l’assise difficile, façon maëlstrom sonore. Scott Walker, c’est bien le même, qui, dans les années soixante, chantait sirupeux au sein de l’un des plus grands groupes pop d’alors, les Walker Brothers (« The Sun Ain’t Gonna Shine Anymore », remember). Celui aussi, qui, après « Nite Flights », l’ultime album des célèbres faux frères (1978), retourne radicalement à sa carrière solo avec « Climate of Hunter » (1984) et pratique désormais la musique comme une ascèse, une aventure parcimonieuse qu’il laisse éclater par à-coups, délivré des contingences du business. « The Drift », en 2006, enfonce le clou et partage le monde en deux : ceux qui osent se confronter à cette musique mentale, faite de psalmodies et d’arrangements complexes, parfois proches de la musique concrète… et les autres. « Jesse », extrait de « The Drift » : Avec un tirage limité à 5000 exemplaires, « And Who Shall Go To The Ball… » ne devrait pas inverser la tendance. Composé pour un ballet contemporain avec danseurs handicapés, ces quatres « mouvements » commmandités par le London’s South Bank Center synthétisent en quelque sorte les essais de Walker au cours des vingt dernières années : on passe d’un lent bourdonnement qui semble défier le silence – nous y voilà - à une musique de chambre (mortuaire). Une chambre remplie de cordes, d’effets « bande à l’envers », de pleins et de déliés, de cloches annonciatrices d’un chaos imminent, de stridulations quasi indus, qui évoquent l’époque « Tilt » (perle noire de 1995). Si l’on y ajoute l’absence pesante de toute voix (Scott Walker étant avant tout une voix, il y a donc un effet négatif/positif dans ce silence), « And Who Shall Go To The Ball… » a tout pour obtenir la palme de l’ovni musical de l’année. Le documentaire consacré à Scott Walker, « 30th Century Man », paru l’an dernier en DVD en attendant une hypothétique sortie en salle, devrait finir d’achever les fans. Un aperçu musical avec le « 4th Movement » (merci à Beggars France) :
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commentaire
écrit le < 26'09'07 > par <
jjbirge ys9 drame.org
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Cher Benoît, tu as de la chance d’avoir entendu les nouveaux CD et DVD de Scott Walker. J’ai découvert "Tilt" et "The Drift" cette année grâce à Franck Vigroux, ils m’ont rappelé la noirceur du méconnu Michael Mantler. La voix grave et monotone de Walker et l’invention sonore de ses orchestrations sont fascinantes. Il ne semble pas remporter tous les suffrages, c’est trop étrange semble-t-il. Mais je n’aime que le bizarre ! Je prépare un Pop’Lab pour Poptronics et ses CD font évidemment partie de ma playlist... Pas de trace en France des deux nouveautés. J’ai dû les commander en Grande-Bretagne. Amitiés, Jean-Jacques http://www.drame.org/blog/index.php ?2007/02/21/429-perles-de-culture
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