Sonorités, du texte au son, jusqu’au 15/10 à Montpellier, prix variable (de 0 à 10€, pass festival à 30 €), contact et résa. : bonjour@sonorites.org ou 06.78.22.13.69.
Esther Ferrer, une Espagnole adepte de la performance autour des mots, ici au festival INFR’ACTION 06, à Sète. © DR
< 13'10'08 >
Sonorités, impressions sonores

(Montpellier, envoyé spécial)

C’est à Montpellier qu’il fallait être ce week-end, pas pour le parfum d’été indien qu’on a pu vérifier ailleurs, mais pour évoluer dans la ville au gré des performances du festival Sonorités. D’un théâtre à l’université, du hall d’expo de l’école d’art au centre culturel Rabelais, de l’Espace multimédia Kawenga au restaurant le Baloard qui le jouxte et sa salle de concert en sous-sol, Sonorités redessine une cartographie de la ville au gré de mouvements heureux, où la déambulation compte presque autant que la programmation.

Anne-James Chaton, poète sonore et l’un des pères du festival actuellement en résidence à la villa Kujoyama au Japon, revient au pays avec Andy Moor, guitariste transfuge et transgenre des Hollandais de The Ex. Leur pièce commune, « Le Journaliste » (dont on peut voir un extrait vidéo ici), revisite l’actualité à coups de cut-up cinglants chez l’un, de riffs sanglants chez l’autre. A la base, la re-lecture de titres ordinaires ou grotesques de la presse écrite. La poétesse plasticienne espagnole Esther Ferrer marche et parle et puis marche encore, parle toujours, et n’hésite pas, dans le flux de ses mouvements, à rappeler qu’un certain chant national nous dit aussi de marcher, afin qu’« un sang impur abreuve nos sillons »...

En prenant comme sous-titre de cette quatrième édition « du texte au son », c’est toute l’abstraction des mots que Sonorités explore, de la voix parlée à la voix amplifiée en passant par la voix désaccordée. Ainsi, il n’est pas sûr que le collectif franco-danois créé pour l’occasion se comprenne bien, mais c’est le flux du work in progress de leur « Sonorème » qui compte. Leur poème sonore construit au travers d’échanges paratextuels improvisés court jusqu’à mercredi. Encore plus loin du texte, mais au plus près du sens, le Néerlandais Yannis Kyriakides a recueilli des entretiens avec des personnes « ordinaires » : un travailleur immigré électricien, un DJ, un couple de jeunes artistes, un percussionniste... Mais plutôt que d’en restituer les propos, il en redessine les univers à partir des entre-mots de l’interview, c’est-à-dire ces « heu », « humm », bruits de bouches et autres hésitations qui d’habitude parasitent le texte. Brodant un canevas électronique sur cette partition sans verbe, il donne à entendre au-delà des mots de leurs auteurs.

Encore plus radical, le compositeur et musicologue originaire de Baltimore, Ian Nagoski, tisse une toile de drones appareillée d’un humble dispositif : une table de mixage et trois lecteurs CD. En aparté de son concert et avant la lecture qu’il prépare pour le lendemain, Nagoski me fait découvrir un incroyable enregistrement phonographique de 1919 de la chanteuse grecque exilée à New York Marika Papagika… Je repars avec, et paraphe ainsi ma promenade sonore montpelliéraine.

Dans mon sac à sons, j’ai mis des cailloux blancs, pas seulement ceux qui permettent de retrouver son chemin, mais aussi ceux qui ouvrent d’autres voies. Avec par ordre d’apparition à l’oreille :

Sonorèmes franco-danois
Anne-James Chaton et Andy Moor
Emmanuel Rabu
Yannis Kyriakides
Esther Ferrer
Ian Nagoski
Marika Papagika

jean-philippe renoult 

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