Pop’live, le tour des concerts et soirées de la quinzaine à ne pas manquer.
Néo-Jon Spencer rockabilly, Hanni El Khatib est le nouveau phénomène rock venu des Etats-Unis. Au festival des Inrocks le 03/11. © DR
< 26'10'11 >
Sortez ! Soy, Lana del Rey, Les Inrocks, Gala Drop, Earthling...
(Pop’live) Entre Pitchfork et Inrocks, les festivals maousses trustent une quinzaine marquée par le concert de la sensation Lana del Rey, passé en quatre mois du statut d’inconnue à celui de quasi star. Malgré cela, les propositions alternatives dans l’agenda des concerts sont nombreuses, en témoigne ce long-long pop’live plein de découvertes et de bizarreries.
Auparavant, soutien à Aligre FM, une des radios parisiennes non formatées, qui se voit privée d’antenne par TDF pour défaut de paiement. Une pétition est en ligne pour soutenir l’un des derniers indés de la bande FM parisienne. Signez et ensuite seulement, sortez ! Festivals d’automne Paris redeviendrait-il tendance ? Pour la première excursion hors Etats-Unis de son festival, Pitchfork (le site musical qui fait et défait les carrières depuis dix ans) a choisi la capitale française... pour ne programmer qu’un seul artiste d’ici, le surdoué Mondkopf ! Le Pitchfork Festival (Grande Halle de la Villette, 28-29/10) est évidemment complet (quelques places promises au guichet le 28), la faute à une affiche ratissant large. Curieusement, c’est la sélection électronique qui y est la plus finaude, avec un tas d’artistes qu’on aime (Aphex Twin, qu’on espère plus inspiré que cet été, Pantha du Prince, Four Tet, Erol Alkan...). Car au rayon rock et folk indé, la proposition est relativement classique avec la baudruche Bon Iver en étendard. Et si Pitchfork n’était plus si tendance que ça ?! Le sang frais, il faudra le chercher au Point éphémère, lors de la pré-party (27/10) avec notre nouveau héros borderline, le Canadien Dirty Beaches, aux côtés des Anglais Trailer Trash Tracy’s et King Krule, et à la soirée de clôture (29/10) où on attend beaucoup des Canadiens (encore !) Purity Ring, des Anglais post-dubstep Stay + et surtout des frangins de Disclosure (16 et 19 ans) annoncés, rien que ça, comme la relève de la bass music anglaise. Poids lourd plus qu’installé, le Festival des Inrocks prendra lui ses quartiers parisiens du 2 au 8/11 (jusqu’au 9 à Lille, Nantes, Marseille...). Après quelques éditions bodybuildées avec grosses affiches au Zénith (Justice, Franz Ferdinand...), le festival semble retrouver sa fonction première d’espace de découvertes. Le programme, roboratif (plus de 40 artistes), fait la part belle à la pop française et à un rock britannique bégayant ses riches heures 80 et 90 (hormis Django Django et Zulu Winter le 06/11, le second plus pour faire le malin puisque c’est le-groupe-à-qui-on-promet-la-lune, passez votre chemin). Django Django - « WOR » (2010) : Plutôt que de suivre les locomotives Wu Lyf (on démontait le phénomène par ici), Anna Calvi ou James Blake, on vous recommande le contingent nord-américain avec notamment la néo-Californienne EMA, dont le premier album a marqué le printemps et la rédaction de Poptronics (07/11, Olympia), et le folk orchestral saisissant d’Other Lives (02/11, Casino de Paris). On aurait bien suivi les Canadiens de Braids lancés sur les traces d’Animal Collective (03/11, Divan du monde), mais malheureusement ils sont programmé le même soir qu’Hanni El Khatib (03/11, Cigale), la sensation de ce festival 2011. Cet Américain, né d’une mère philippine artiste et d’un père palestinien ingénieur informatique, a grandi à San Francisco. Mais, loin de la collision d’influences possibles, il est devenu le nouveau héraut... du garage rock et d’un néo-rockabilly dont il rebat si efficacement les cartes que certains font déjà de lui le nouveau Jon Spencer. Ses prestations sur scène sont mémorables : son premier concert parisien début juillet, en duo guitare-batterie, est déjà dans les annales. Hanni El Khatib - « Loved One » (2011), réal. Ricky Saiz : Comme chaque année, le programme de Musiques volantes touche au sans-faute. Dix jours de festivals dans neuf villes (Metz, Bordeaux, Montpellier, Strasbourg... jusqu’à Luxembourg ou Stuttgart, du 2 au 13/11), avec une programmation aux idées très larges mariant électronique de pointe (The Juan Maclean), pop décalée (The Chap...), artistes cultes (Silver Apples, Arto Lindsay...) et projections diverses. Sans entrer dans le détail (allez fouiller le site plutôt bien fait), signalons l’étape parisienne au Point éphémère avec notamment les trublions normands Gablé (avec Jesus Christ Fashion Barbe, le 02/11) et le duo new-yorkais vaporeux Exit Music (avec les popeux de Veronica Falls, le 08/11). Autre initiative à saluer, mais toute neuve celle-là : le festival Chhhhhut, dédié par antiphrase aux musiques qui font du bruit, secoue depuis début octobre la torpeur marseillaise. Monté en collaboration avec le festival varois Musiques insolentes et le Luff suisse, mené par un collectif d’associations et de (petites) salles, Chhhhhut décortique la noise à coup de conférences, expos, projections, performances sonores (Jean-François Pauvros en duo avec le local de l’étape Jean-Marc Montera, Jean-François Blanquet, Olivier Di Placido et Arnaud Rivière...) et concerts (Cheveu). On souhaite à cet indépendant de chez indépendant de s’installer durablement dans le paysage pas toujours facile de la culture en bord de Méditerranée. On a gardé le meilleur pour la fin, histoire de conclure ce riche programme festivalier sur une autre initiative ultra-indé. Mené par l’association Yamoy’, SOY (Nantes, 27-31/10) se veut résolument à rebours des festivals classiques : tiré par des têtes d’affiche qui n’en sont pas (Bonnie Prince Billy et Silver Apples, au Lieu unique le 30/10), c’est un festival éditorialisé au sens noble du terme, guidé par le plaisir de faire découvrir d’autres musiques. On retrouvera lors de cette neuvième édition beaucoup d’artistes défendus ici, de Dirty Beaches (quand on vous dit que c’est l’homme du moment !) aux Finlandais de K-X-P qui concassent krautrock, disco et electronica comme personne, mais aussi une belle affiche noise (les Berlinois de Schnaak, les Américains de Necro Deathmort) et expérimentale (Eternal Tapestry, signé sur Thrill Jockey, le performer australien Lawrence English), sans oublier les marges jazz et folk (Steve Gunn, Cian Nugent, tous deux à voir aussi à Paris le 27/10). Explosé dans une dizaine de lieux, à prix d’ami, voire gratuit… On ne saurait trop recommander de passer la Toussaint à Nantes. K-X-P - « 18 Hours Of Love », réal. Koja (2010) : Scènes parisiennes Gourou de Björk, on pensait Mark Bell rangé des dancefloors sous son nom propre. Erreur : il opère un retour qu’on n’attendait plus avec... LFO, soit l’un des pionniers de la techno anglaise. Absent du grand raout des 20 ans de Warp, silencieux sur disque depuis 2003, LFO fera événement à la Grande Halle le 29/10, avec un live inédit qui revisitera les riches heures du groupe à la seule main de Bell depuis quinze ans. Egalement au menu de cette We Love, Miss Kittin et Jackson. A noter, la scénographie a été confiée à 1024architecture (François Wunschel et Pier Schneider, deux anciens du collectif Exyst) qui installera pour l’occasion sa Boom Box, une scène en forme de ghetto blaster, qui tourne depuis une paire d’années un peu partout dans le monde. Si vous voulez pousser la nostalgie des années 90 jusqu’au bout, signalons une soirée trance (mais oui !) le 31/10 dans un lieu tenu secret (le retour des raves ?!). Les infos sont ici, vous en faites ce que vous voulez ! A vos risques et périls aussi, la nostalgie Death In Vegas (Bataclan, 01/11) avec un Richard Fearless sérieusement à court d’inspiration sur son nouvel album « Trans-Love Energie ». C’est le duo maudit du trip-hop : Mau, un des tous meilleurs rappeurs anglais, et le producteur Tim Saul (qui participait ces derniers temps au projet arty Tristesse contemporaine) avaient tout pour faire la nique à Tricky, Portishead et Massive Attack quand le mouvement n’était que naissant à Bristol. Mais le premier album d’Earthling, « Radar », est arrivé trop tard après les « Maxinquaye », « Dummy » et « Blue Lines », qui ont fait de leurs amis des stars. S’il reste un classique indémodable, il n’a pas, loin s’en faut, rencontré son public et vaudra à Earthling une longue traversée du désert. Son successeur, « Humandust », pourtant prêt en 1997, ne sortira en catimini qu’en... 2003. Le suivant, « Insomniac’s Bell », disponible en digital depuis 2010, a enfin trouvé une maison de disques pour le parrainer, ce qui permet à Earthling de quitter son île (Maroquinerie, 04/11). Le duo reprend les choses où il les avaient laissées il y a dix ans sur un disque mélancolique et long en bouche, audacieux et nervé de cordes. Concert pour nostalgiques là encore. Earthling - « Lab Baby » (2011) : Après quelques belles gamelles, la petite faune parisienne a progressé dans l’usage des patins à glace et est donc prête à affronter le retour des soirées On Ice, que Born Bad organise pour la troisième saison à la patinoire Pailleron, tous les premiers vendredis du mois jusqu’en mars. Première le 04/11 avec l’écurie du label : un concert de La Femme et deux DJ sets, dont celui du patron JB Wizz. Patiner c’est bien, rigoler c’est pas mal non plus. Ce sera l’alternative ce soir-là. Les hurluberlus Bonaparte, bien connus de nos services pour leur tendance au déguisement outrancier, leur électro-punk mal élevé et leurs textes aux petits oignons (« You know James Joyce, I like your voice / You know Baudelaire, I like your hair / You know Churchill, I know Kill Bill / You know Tolstoy, I know Playboy » dans l’inoubliable « Too Much Too Much » qui les a lancés il y a trois ans), sont de retour dans nos contrées pour défendre un DVD de leurs exploits live (Point éphémère, 4/11). Attention : prévoir chaussures résistantes aux pogos et de quoi éviter liquides et autres objets volants. Bonaparte - « 0110111 (Quantum Physics & A Horseshoe) », bande annonce du DVD (2011) : Tout a déjà été écrit (ou presque) sur le phénomène Lana del Rey (Nouveau Casino, 07/11), apparu en ligne il y a pourtant quatre mois à peine ! L’accélération du temps n’est pas un vain mot… C’est Chryde de la Blogothèque qui résume le mieux l’affaire : « Lana del Rey a tout préparé pour que l’on parle d’elle. Elle a digéré le 2.0, le mash-up, les poses artificielles, joue avec la représentation quasi-pornographique de sa personne. Heureusement pour elle, elle a aussi écrit une superbe chanson. » Cette chanson, c’est « Video Games », lancée en ligne le 1er juillet avec une vidéo maison qui s’est répandue comme une traînée de poudre. Résultat : un buzz affolant qui fait tinter les oreilles de Pias et de Polydor (Universal), des pré-commandes qui s’affolent puis une place au top des ventes (n°1 iTunes dans neuf pays dont la France, n°10 aux Etats-Unis), des dates complètes partout au prix fort (il en coûtait 20€ à Paris), et de la playliste radio en veux-tu en voilà (France Inter en tête en France). Lana del Rey - « Video Games » (2011) : Née à New York, Lizzy Grant de son vrai nom, 24 ans, a grandi à Lake Placid dans le nord de l’Etat et a effectivement tout compris au marketing 2.0, surfant la tendance rétro (dont Anna Calvi ou Cults ont aussi profité) avec clin d’œil aux geeks lanceurs de mode (elle susurre son amour des jeux vidéos sur fond de cordes dans son titre phare). Sans oublier un storytelling ravageur : elle a bossé dans un steakhouse, était programmée pour y rester avant d’aller tenter sa chance à Brooklyn et de chanter pour des boss de maisons de disques un peu trop entreprenants... Pour rendre l’histoire encore plus belle, elle avoue n’avoir écrit en tout et pour tout que trois chansons entre minauderie et mélancolie. Sauf qu’en grattant un peu, on découvre, comme avec Anna Calvi l’an dernier, que Lana del Rey a déjà eu une vie musicale. Fin 2008, elle a sorti un EP, passé inaperçu, intitulé « Kill Kill », et même un premier album ! « Lana del Rey », produit par David Kahne (tout sauf un inconnu : il a travaillé avec McCartney, les Strokes ou les Bangles !), est sorti exclusivement sur iTunes USA en février 2009 pour disparaître de la circulation trois mois plus tard. Un simple coup d’œil à la pochette de cette production Warner permet de mesurer l’ampleur du relooking que s’est infligé (qu’a subi ?) la New-Yorkaise. Certaines plate-formes l’ont d’ailleurs ressorti des limbes. C’était notre séquence « le Net adore les belles histoires, les majors adorent le Net ». Pour changer du tube, l’un des deux autres morceaux en circulation, « Blue Jeans ». Lana del Rey - « Blue Jeans » (2011) : Trop pop Lana del Rey ? Essayez les Japonais Guitar Wolf (03/11, Flèche d’or) et leur punk copié-collé 1977 ou, plus intéressante, la double affiche Alan Licht et Oren Ambarchi (01/11, Batofar), qui n’ont plus aucun gage à donner en faiseur de bruits à base de guitares. Aux plus valeureux, on recommandera le mini-festival Tanzprotest que les Instants chavirés organisent autour de ce label remuant (04-05/11), installé depuis huit ans désormais dans le paysage des musiques sauvagement agressives. Enfin, si vous voulez chalouper sur des sons infusés au tropicalisme et à l’Afrique (une scène très vivace en ce moment), signalons la venue de la clique rock californienne de Fool’s Gold (Trianon, 05/11) et surtout des Portugais de Gala Drop (Mains d’Œuvres, 02/11) avec leur synth-pop psychédélique, ensoleillée et teintée d’électronique. La découverte de la quinzaine. Gala Drop - « Drop » (2010), réal. Antonio Contador : On en a parlé sur Poptronics, vous pouvez y aller ! 27/10 : Plaid, avec Gordon Shumway et Alex & Laetitia (soirée Warp Club) au Rex. Autres concerts et soirées 26/10 : Why ? « acoustic piano tour » au Café de la danse.
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