Deuxième chronique des « étonnements numériques » de Pierre Antoine Irasque, jeune curateur français en Corée du Sud. Parti à Séoul début 2015 en tant que producteur-conférencier du festival Bo:m, le fondateur de VIDEO Like ART nous donne des nouvelles de la Corée du Sud et ses interstices entre deux mondes, réel et virtuel.

Festival Bo:m 2015, 9ème édition du festival dédié au « Dawon Art » (performance, danse, arts visuels, en gros la nouvelle scène artistique coréenne…), du 27 mars au 19 avril à Séoul.

« Order-made Repertory : Kkwe », de Lee Heemoon, au Festival Bo:m 2015 qui présente la jeune scène coréenne. ⓒ K.YOUNG
< 28'05'15 >
SouthKorea Etonnements numériques : Dawon Art

(Séoul, correspondance)

Le Festival Bo:m s’est engagé pour sa dernière édition, à Séoul du 27 mars au 19 avril, dans une entreprise ô combien difficile, celle de définir la place des artistes coréens en Corée du Sud, en Asie et plus largement sur la scène internationale.

Dirigé par Seunghyo Lee, le Bo:m s’est attelé au lourd travail de rassemblement, de reconnaissance et de promotion dont les artistes coréens ont besoin aujourd’hui, qui tentent d’affirmer une identité coréenne solide pour faire partie intégrante d’un monde contemporain, celui de l’art actuel.

L’artiste Lee Heemoon représente bien ce particularisme coréen, entre tradition et modernité. J’ai pu apprécier son dernier spectacle, « Order-made Repertory : Kkwe », sorte de rite traditionnel corrigé à la pop coréenne, dans lequel l’artiste est un être hybride parfois chanteur, danseur, humoriste, divertisseur, chaman...

« Order-made Repertory : Kkwe », Lee Heemoon, 2015 :



Le Festival Bo:m s’est notamment attelé à redéfinir la propre contemporanéité des artistes coréens qui expérimentent et proposent des projets uniques, émancipés des standards de l’art contemporain. Cette édition a développé une nouvelle énergie et un nouvel élan pour attirer un autre public à partir de deux idées, la contemporanéité locale et la référence croisée.

La première idée est à la fois internationale et régionale, collective et intime. L’émancipation de l’art contemporain peut commencer par une considération des périphéries comme zones de création et de dynamisme. Les capitales centralisent lieux artistiques, artistes et marché. Or, une bonne partie des artistes habitent, vivent et créent à l’extérieur de ces hubs internationaux. Des groupes, des collectifs et des communautés naissent et défendent une autre vision du monde, désindexé de l’hégémonie occidentale, celui d’un réseau multipolaire.
Tentons une décentralisation des considérations artistiques !
La contemporanéité est-elle en périphérie ? Si oui, quelles sont ces périphéries ?

Dawon Art, la contemporanéité coréenne
La deuxième idée, la référence croisée, est à la fois un concept mais peut être appréciée surtout comme un mode de fonctionnement, une façon de voir le monde, une façon de vivre. Dawon Art s’impose par soi-même et par la créativité asiatique et coréenne. Il est un condensateur de ces flux artistiques et de ces références partagées/échangées qui traversent la Corée du Sud et l’Asie. C’est la perception d’une mondialisation diverse, où les frontières et les limites sont en perpétuel mouvement. Le monde est un réseau hyperconnecté et hypercomplexe.
Rien n’est imposé tout est discuté !
Comment définir un Monde, seul ? Quel est ce nouvel ordre mondial ?

Dawon Art s’actualise au gré des artistes, de leurs expérimentations artistiques et de leurs innovations créatives. Ce mouvement est un laboratoire et work in progress qui s’appuiera sur leur volonté de proposer leur propre voie, leur contemporanéité, leur existentialité.

-> Lire la première chronique SouthKorea-Etonnements numériques
pierre antoine irasque 

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