Extrait de "Ballettikka Internettikka", d’Igor Stromajer, 2006. © DR
< 01'06'07 >
Stromajer, chef de ballet sur le Net, artiste à Paris
Une vache volante, une théorie de petits robots, une musique semi-planante pour une chorégraphie retransmise en léger différé sur le Net depuis les toilettes du rez-de-chaussée de la fameuse Volksbühne de Berlin, l’antre du théâtre le plus contemporain… C’est une des dernières représentations de “Ballettikka Internettikka”, un ensemble de performances qui mélangent entrisme (squatter le Bolchoï ou la Volksbühne) et recours aux médias dits “tactiques” (retransmission en wifi, avec le dispositif le plus low-tech qui soit, mais mobile), performances bien entendu totalement farfelues, signées de l’un des plus brillants artistes nouveaux médias, le Slovène Igor Stromajer. Un géant dans tous les sens du terme, qui présente ce vendredi soir à Paris une partie de sa prolifique production artistique. Cet homme est un pur produit de l’Est post-soviétique, passé directement du joug coco au grand bond en avant techno, il en a conservé une saine causticité quant à l’usage de technologies parfois aliénantes. Revenu des heure passées devant l’écran, il remonte sur scène, la plus classique qui soit, pour chanter le code HTML de ses créations pour le Net comme un opéra ("l’Oppera Teorettikka Internettikka", à l’opéra de Ljubljana en 2001). Un peu plus tard cette même année, il lance "Ballettikka Internettikka" première partie, où le voilà qui danse face à une webcam : c’est l’absence d’images entre deux rafraichissements (toutes les 20 secondes) qui l’intéresse alors, ce "trou" qui doit permettre aux internautes de laisser l’imagination filer. Le 9 juillet 2006, Igor Stromajer, accompagné de son complice Brane Zorman, investit les toilettes de la Volksbühne pour une retransmission "presque live" de son ballet où flottent désormais des robots et une vache, en six fois une minute de streaming, dont on peut voir les archives sur son site. Stromajer est en France et c’est exceptionnel. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler qu’il est l’un des rares artistes du Net dont une œuvre ait été achetée par le centre Pompidou pour enrichir sa collection nouveaux médias : « Sm.N - Sprinkling Menstrual Navigator” ( 2000). Ses créations ont été reconnues non seulement par Beaubourg, mais aussi par le musée Reina Sofía à Madrid ou encore la Computerfinearts Gallery à New York, autre gage d’immense talent (pour percer du Net aux grands musées, il faut être un génie...). A son actif, plus de cent expositions dans le monde, des prix, une reconnaissance internationale qui n’ont pas l’air d’entamer sa bonhomie barbue. Pour expliquer, raconter, montrer ce qu’il nomme "guerrilla internet ballet", Igor Stromajer est l’invité de la neuvième session d’Upgrade ! Paris. Ces rendez-vous mensuels, "nœuds autonomes unis par l’art, la technologie,et un engagement de combler les fossés culturels", sont nés à New-York en avril 1999 avant d’essaimer dans le monde. Upgrade ! fonctionne sans hiérarchie entre ses fondateurs et les "nœuds" locaux (à Caracas, Lisbonne ou Paris), façon utopie participative du réseau. En France, c’est le collectif Incident, autre figure historique des nouveaux médias (il existe depuis 1994), qui s’y colle, avec des partenaires comme Ars Longa ou le labo Citu. Les réunions, publiques et mensuelles, sont l’occasion de voir un artiste (ou chercheur ou théoricien) expliquer une heure durant son travail. Avec Stromajer, l’explication peut tourner à la performance. On vous aura prévenus.
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commentaires
écrit le < 04'06'07 > par <
a rUL bram.org
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N’oublions pas qu’Igor Stromajer a passé deux semaines à Montpellier en décembre 2006 pour préparer et présenter l’Oppera Internettikka - Protection et Sécurité avec Annie Abrahams et la chanteuse Christine Kattner. http://bram.org/info/oips/index.htm
écrit le < 19'06'07 > par <
dgspa aLf free.fr
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Voilà le vidéo totale de son intervention à upgrade/ars longa attention 1H !!! http://video.google.fr/videoplay ?docid=84258817638813866
Métavers, tout doit disparaître (et Hubs aussi)
Papillote à l’âge du Faire Et un jour, tout s’efface (sauf Papillote)… Mal au Pixel #9, l’art du réseau sans paillettes ni selfies |