Yvonne Rainer, « Spiraling down » (2008) , « Assisted living : good sports 2 » (2011), au Centre Pompidou-Metz, Studio, le 2/02 à 20h30, et au Centre Pompidou-Paris, Grande salle, les 4 et 5/02 à 20h30, 14€-10€.

Rencontre avec Yvonne Rainer, au Centre Pompidou-Paris, Petite salle, niveau –1, le 3/02, à 19h, entrée libre.

Attention événement : Yvonne Rainer est en France, au festival Montpellier Danse (ci-dessus le 28/01, "Spiraling Down"), au centre Pompidou à Metz, ce 2/02, à Paris les 3, 4 et 5/02. © Paula Court-Performa
< 02'02'11 >
Yvonne Rainer : si le cerveau est un muscle… et un genre

Exercice d’actualité : deux chorégraphies
Ce soir, au centre Pompidou-Metz, les 3 et 4 février au centre Pompidou-Paris, la chorégraphe et réalisatrice américaine Yvonne Rainer présente ses deux dernières créations, montées en janvier dans le cadre de Montpellier Danse 2011 : « Spiraling Down » (2008) et « Assisted Living : Good Sports 2 », sa toute dernière chorégraphie.
« Spiraling Down » : un quartet de danseurs, une profusion souterraine de références cinématographiques, de figures classiques de la danse, de gestes et d’images, des renvois à des formes footballistiques, à des photographies antimilitaristes, à des mouvements de pièces historiques d’Yvonne Rainer. Ces mêmes pièces qui, dans les années 60, installèrent sa carrière dans la danse postmoderne américaine. Sous-textes visuels et référentiels.
« Assisted Living : Good Sports 2 » : six danseurs, voire neuf individualités. En background : le quotidien photographique des pages sportives du « New York Times », recueillis pendant deux ans. Sous-textes visuels de la vie banale.

Exercice d’actualité : la rencontre
Centrale aussi : au centre Pompidou-Paris, jeudi soir, avec Yvonne Rainer. Avec celle que, de façon désormais historique, on qualifie de « figure » clé, de « phare » de la danse postmoderne américaine. Avec celle qui abandonne la danse dans les années 70 pour la réalisation de films expérimentaux. De l’éphémère du mouvement rendu à son extrême forme minimale à la captation d’une recherche narrative et théorique par le cinéma. Avec celle qui engage dans des devenirs le corps de la danse, le corps des danseurs, la présence du spectateur ; qui engage dans des devenirs de genre et d’identités sexuelles, qui engage dans une subversion des normes hétéronormées et de classe.

Exercice de biographie 1
San Francisco, 1934 – Fin des années 50, New York : Yvonne Rainer fait ses apprentissages auprès de Martha Graham, Merce Cunningham, et participe aux ateliers d’Anna Halprin.
1962 : elle fonde avec Trisha Brown, Steve Paxton et Simone Forti, le Judson Dance Theatre. Invention d’un langage chorégraphique dans les proximités des lignes minimales de John Cage, dans les indéterminations des genres artistiques. Rainer monte ses premières pièces : « We shall Run » (1963), « At My Boody House » (1963) ou « Part of a Sextet » (1964). Ce désir de brouiller les frontières entre les pratiques chorégraphiques, performatives, plastiques, sonores, les quelques images d’archives que nous avons de la performance « 9 Evenings : Theatre and Engineering », présentée en octobre 1966 au 69th Regiment Armory (New York), en fournissent une idée assez précise : Rainer fait se déplacer des danseurs et des non-danseurs qui marchent, transportent des objets et des accessoires dans un espace marqué par des sculptures de Carl André. Rainer (un autre soir, ce sera l’artiste Robert Morris), dirige les « interprètes » par talkies-walkies.

Exercice de biographie 2
Yvonne Rainer produit en 1965 une sorte de manifeste qui signifie ses refus des archétypes de la danse classique, des rapports au spectacle, des relations au spectateur. « Manifeste du non » : « Non au spectaculaire, non à la virtuosité, non aux métamorphoses et à l’illusion, non à l’envoûtement et à l’empire de l’image de l’artiste, non au caractère héroïque et antihéroïque, non à l’imagerie de pacotille, non à l’engagement de l’interprète et du spectateur, non au style, non à l’interprète, non à l’excentricité, non à l’émotion. » Ligne de radicalité, ligne aussi dans la sphère du minimalisme.

Exercice de biographie 3
C’est « Trio A », premier volet de « The Mind is a Muscle ». La pièce est jouée par Yvonne Rainer ou par des danseurs qui ne doivent jamais regarder le spectateur. Composition du mouvement simple et radicale. C’est la ligne Rainer. Le corps se déplace dans sa forme et sa gravité. Il ne raconte que ce corps avec ses déplacements.

Exercice de biographie 4
Les pièces-performances d’Yvonne Rainer se développent autour du verbal, d’une parole enregistrée qui intervient. Paroles ou écrits qui sous-titrent la chorégraphie. Dialogues ou monologues qui croisent et recroisent les corps, leurs déplacements. Le moment narratif est contenu même dans le plus minimal. En 1972, Yvonne Rainer passe à la réalisation, produisant pendant une bonne dizaine d’années des films d’avant-garde. « Lives of Performers » (1972), « Film about a Woman who… » (1974), « Kristina Talking Pictures » (1976), « The Man who Envied Women » (1985), « Murder and Murder » (1996).
Il y a dans ces narrations cinématographiques un au-delà du moment minimaliste. Yvonne Rainer semble aussi se raconter, ou plutôt raconter des expériences de devenir. Le devenir féministe, le devenir lesbien, le devenir queer. Tension entre la réalité et le moment des théories qui traversent les histoires et les images. Dans les déconstructions (parce qu’il faut bien utiliser ce terme-là) des codes masculins et patriarcaux, réflexions à partir de sa subjectivité et de son propre corps dans le vieillissement et la maladie.

Exercice final (provisoire)
Retour à la danse dans les années 2000. Donc, à ces soirées dans les centres Pompidou, pour continuer à exercer sa pensée, son propre corps et ses doutes, avec Yvonne Rainer.

« RoS Indexical », Yvonne Rainer, Dublin Dance Festival 2010 (extrait) :

marjorie micucci-zaguedoun 

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