Vincent Elka revient pour poptronics sur les festivals Elektra (Montréal) et Art Rock (Saint-Brieuc), où il présentait son installation « Sho(u)t ».
« Feed » de Kurt Hentschlager présenté à Elektra 2008. © DR
< 20'05'08 >
« We make war, not art », par Vincent Elka
Vincent Elka fait partie des artistes que poptronics aime. Venu du graffiti et du célèbre terrain de la Chapelle à Paris dans les années 80, passé par la sculpture puis le Net et son activisme graphique dans les années 90, l’ex-Lokiss a été primé en 2007 pour sa première installation interactive au prestigieux Ars Electronica à Linz. « Sho(u)t » était ce printemps de sortie des deux côtés de l’Atlantique, au festival Art Rock à Saint-Brieuc et au festival des arts numériques canadien Elektra (du 7 au 11 mai). Alors quand Vincent Elka nous a proposé un après-coup, nous n’avons pas hésité. Subjectif et de parti pris, forcément, l’après-coup... WE MAKE WAR NOT ART ? « J’étais invité au dernier festival Elektra de Montréal et à celui d’Art Rock de Saint-Brieuc. Puis-je en parler ? Puis-je mieux en parler que les déesses blogueuses du genre ? Ai-je le bon recul, vais-je prendre la bonne pose ? Ai-je les bonnes baskets, le bon Ipod, mon logo Apple est-il assez lumineux sur le dos de mon portable ? Suis-je assez altern’kekechose pour l’attitude ? Moi mon blog je l’intitulerai bien « We make war not art » mais ce serait encore m’accorder trop de cynisme et ce serait une masturbation morbide. Alors je le nomme « emosmos » car ça vient de nulle part. Annick Rivoire est quelqu’un que je respecte, d’autant que beaucoup de gens l’ont lâchée à son départ de « Libération » dont Ecrans a retenu les bonnes idées (merci à elle). Alors ok, je lui écris mon rapport des deux évènements. Mais je vais le rédiger selon le process informatique sur lequel se base « Sho(u)t » : un système de neurones. Un système de boîtes noires indépendantes et pourtant reliées. Un truc qui vous échappe un peu après l’avoir fait naître. Là, une interconnexion de signifiants qui, selon votre humeur et votre passif, finira bien par vous révéler votre propre signifié de l’ensemble. Sinon éteignez votre machine et partez étreindre tout ce qui bouge. C’est ça la vie. Pas d’alternative. Mais j’ai fait très simple. BLACK BOX #0 Sho(u)t est une œuvre profondément publique et dont le champ d’intervention est populaire au plein sens du mot. Graphiquement élaborée dans la limite des possibilités technologiques actuelles, « Sho(u)t » est une œuvre interactive, ouverte et non élitiste. C’est un outil qui n’existe que si on l’utilise. Son ergonomie a été pensée et parfois contrainte dans cette seule direction. Il a été privilégié une rapide compréhension de l’œuvre et de son utilisation aux dépens parfois d’une recherche plastique moins accessible et plus expérimentale. « Sho(u)t » en un sens, a été modélisé comme une boîte en bois où l’enfant est censé faire passer des volumes cubiques, sphériques et pyramidaux. La sphère étant la douceur détectée dans votre voix, le cube le stress et la pyramide la violence. On rit de l’ensemble et « Sho(u)t » parfois aussi, quand elle est dans l’humeur. On ne dialogue que mieux lorsque l’on s’efforce d’utiliser des mots ou des caresses simples, non ? On appelle ça un préliminaire. Après on peut passer aux choses sérieuses. Une analyse des émotions en profondeur. BLACK BOX #1 Le VJ-ouet. Fatigué d’Arpanet et d’Ikeda (Autechre, dernier album, s’épuise par lui-même, vous me direz). Fatigué de ce son Ikea névrotique que l’on me ressort à chaque show. Ce son de repli, dont la seule mystique est celle de la machine, dont la seule sexualité est celle du trackpad clitoridien, et finalement dont la seule guerre est celle d’éviter le crash logiciel. Fatigué que l’on me ressorte les murs de sons, les infrabasses du hardcore d’il y a 15 ans. Les free parties fallait y aller ! Pour les strobos-neuronos, ben je te dirais qu’il y a cette drogue qui… Marre du minimalisme graphique, de l’abstrait complaisant et du noir et blanc et de sa facilité intrinsèque. Deux calques graphiques dans un des cinquante logiciels de VJing et vas-y que je te balance ça en syncope en pensant que le nirvana oculaire est proche. Al Jazzeera est parfois plus hallucinant, tu sais ? Ton truc démontre que t’es une grosse feignasse et que tu ne peux pas dépasser l’univers du plug-in : un effet plug & play sur mesure fait en 5minutes. En gros marre du snobisme 8-bits et cette élite de dandys aussi punk que Justice est un groupe créatif. Ce truc d’épure était justifié quand tu faisais du Flash dans les années 90 du siècle dernier, du net-art (voir la très belle collection on line de Doron Golan) qu’y disent, et que les contraintes de poids, de débit vidéo et de streaming Internet étaient telles qu’il fallait limiter lourdement tes animations et user de ces subterfuges. Mais là, t’as plus d’excuses. Vu le matos offert par Elektra (très pro). Ta surcharge de trame et ta synchro image/son c’est vu, revu et survu. Alain Thibault, sympathique ami et musicien et boss d’Elektra, ne fait pas toujours confiance aux commissaires qui s’érigent en connaisseurs du genre. La zone est encore vierge, les imposteurs se mélangent aux experts ! Fais-la toi-même cette programmation des performances ! Pourquoi n’est-il pas possible que l’on me balance Evol Intent, Counterstrike, Current value, Black Sun Empire ou Upbeats, Burial mixés avec Sunn O))), Lightning Bolt, Earth ou les noiseux nippons de Boris ? Tout ça c’est de la musique mais bon, tu trouveras bien leur équivalent multimédia. Du game art, why not ? Mais plus loin ! Mais si ! Cherche bien, pas à Linz ni à sa succursale chinoise, plus loin, beaucoup plus loin. Cherche et programme ! Du maximalisme sombre et dégénératif et conscient de la réalité dans laquelle nous vivons, puisque cette réalité par défaut est sombre et dégénérative ? Ou du maximalisme joyeux ? Des chercheurs en mécanique quantique ou mathématique fondamentale : les vrais poètes du bonheur. Leurs modèles informatiques sont extraordinairement beaux. Simplifier, ce n’est pas toujours aller à l’essentiel. L’épure c’est parfois l’omission. D’où la difficulté récurrente à expliquer les mécanismes cosmiques autour de la seule formule d’Einstein. Pourquoi ce serait différent dans le domaine de l’art ? Ah oui, l’esthétique.. Ah oui, ce besoin de thérapie à moindre frais... Que chacun lève enfin son cul dans cette salle immense de l’Usine C et gueule : je ne suis pas qu’un réceptacle, je ne suis pas qu’une information ! C’est mon tour de te violenter ! (Vu que c’est un peu le but inavoué de toutes ces perfs). La pub fait déjà ça très bien et tout aussi frénétiquement ! Si l’ouput c’est de la passivité contemplative, autant vendre les laptops Apple utilisés à l’issue du show et faire de la pub directe ou virale ensuite. Je peux vous donner des conseils en marketing si vous voulez... Ok, « Feed » de Kurt Hentschlager sort du lot. Du bout des bras. Comme Granular Synthesis en d’autres lieux.
Bien sûr la chaise robotique de Max Dean est formidable. Rien à redire. Pas un VJ-ouet lui… Pas vraiment convaincu par l’immersion sonore de Steve Heimbecker. Plus convaincu par mon sytème 7.1 home cinéma. Ça fait mal, désolé.
Cependant intéressé par le show très franco-français et très seventies d’Arnaud Rebotini en exceptionnel performer. Sinon colère... -mais ok j’ai la colère facile. « Robotic Chair », Max Dean :
BLACK BOX #1B Merde, de l’interactif c’est du cinéma participatif ! C’est plus futuriste que les salles numériques HD ! Le festival du Film de Rotterdam 2008 l’a bien compris avec la programmation « Free radicals » d’Edwin Carels (dans laquelle « Sho(u)t » a eu également la chance d’être inclus). Cannes le fera en l’an 2200 mais Sean Penn, en tant que président du jury 2008, récompensera un cinéma ancré dans la réalité, sinon conscient de celle-ci. Alors à quand de l’interactif lui aussi dé-virtualisé, dé-snobisé, démocratisé ? Ne laissons pas tout aux militaires et à Google pour nous inculquer l’utilité et le confort d’outils d’auto-surveillance concrète ! BLACK BOX #2 Rock et multimédia. Ça dépend quel rock et quel multimédia. Mais ça a le mérite rare de mélanger les genres et de confronter les publics. Et ça c’est vraiment bien Jean-Michel Boinet, boss d’Art Rock. Bravo pour ça, c’est courageux surtout quand on sait que les expos sont gratuites et en plein centre ville de Saint-Brieuc. On quitte l’élite geek et universitaire pour rencontrer les scolaires surexcités, les gamers adolescents qui vous explosent le micro en 5 minutes. J’aime vraiment ça. Finis les longs discours, place à l’utilisation brute. 10000 personnes en 4 jours, qui dit mieux en France ?
« Sho(u)t » en cycle ultra-basique, je crie = ça bouge. Aussi primaire que je déplace ma souris = le bouton change de couleur. Mais le titre « Sho(u)t » est piégeur et j’assume l’utilisation en hurleur cramé à l’adrénaline. Tant qu’on l’utilise sans réticence ni défiance. Et pourtant une programmation générale qui ne sacrifie en rien à la qualité. On retrouve Sonia Cillari et sa belle installation « Se mi Sei Vicino » dont la portée sociale et sensuelle n’est plus à expliquer ou prouver. Pablo Valbuena et ses « Augmented sculptures », très immersif et beau. Moins convaincu par l’œuvre de Scott Snibbe (« Social Light ») trop dirigé « game-play évènementiel » mais j’ai noté la simplicité d’utilisation de la caméra infrarouge grâce à son développeur. « Se Mi Sei Vicino », Sonia Cillari :
BLACK BOX #3 J’ouvre trop ma gueule. Pardon. Un artiste qui critique c’est un artiste très critiquable. J’assume. Je donne autant que je reçois... les leçons. C’est entendu. Je respecte le public tant qu’il devient acteur. Pardon. Je n’aime que les musées très ouverts et très gratuits. Pardon. Etre auteur multimédia c’est devenir un catalyseur public, vu que tout le monde partage plus ou moins vos outils. C’est une première dans l’histoire de l’art. Un catalyseur... sans devenir le Jérôme Savary de la dailymotionnaille. Pas simple… à bientôt. Vincent BLACK BOX #4 _blank _kill all the smileys » < 3 >
commentaires
écrit le < 25'05'08 > par <
oubicat u5a hotmail.com
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Ou encore we make war, not artisanat / we make art, not artisanat / we make war, not warner bross Encore un belle éjac faciale Je sais pas si t’as une grande gueule, étiquette qu’on aime à te coller Mais tu poses clairement la question de savoir qui est le public, qui est le spectateur, qui est l’élite, qui regarde, qui choisi ? Dans Sho(ut) évidement : ’œuvre profondément publique dont le champ d’intervention est populaire’ Et dans cet article : ’passivité contemplative, Que chacun lève enfin son cul, confronter les publics, Tant qu’on l’utilise sans réticence ni défiance, la portée sociale et sensuelle n’est plus à expliquer, Je respecte le public tant qu’il devient acteur, Etre auteur multimédia c’est devenir un catalyseur public’ Pourquoi l’homme crée, pourquoi l’artiste s’expose, pourquoi les commissaires exposent qui, pourquoi les acteurs montent sur scène, pourquoi les prostitués vendent leur corps ? Pourquoi le public vient voir ? Pourquoi présenter des ouvres qui prétendent fédérer, sur un beet 8-bit, quand on expose à une élite p’tite bite ? Un bel enjeu serait d’oser être à la hauteur de son public, et donc de viser haut, populaire : Tu le dis bien : "quand on donne, on reçoit... des leçons’ ! C’est interactif c’est ça ? Pourquoi mettre son public au niveau le plus bas , pour pouvoir présenter d’la merde et faire croire aux gens que comme cette merde à pris l’avion, elle est extraordimerde ? C’est pas un symposium à ce que je sache ? On s’adresse pas à des savons ? On vient pas résoudre des problèmes de caca ? Va voir une pute, donne lui... disons l’équilalent d’un RMI (mauvais jeu de mot), dis lui que tu veux qu’elle te donne tout ce qu’elle a (c’est le Minimum n’est ce pas ?), fait toi lécher l’anus... et dégage, le cul ouvert, avec l’envie de chier. T’as pas été pénétré mais tu t’es fait enculer : et t’es presque content. Ben c’est pareil Mais t’as raison, c’est mieux quand c’est gratuit : Faites l’amour, et la guerre !!!
écrit le < 25'04'09 > par <
olivier69 vD8 noos.fr
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Son of the Gun
écrit le < 04'10'09 > par <
tofogel rAE yahoo.fr
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Juste bravo. Vive la colère... Elle n’aurait pas de sens si des plus jeunes n’y trouvait du grain. Et c’est le cas. Vive la colère. Merci
Ryoichi Kurokawa, le naturaliste numérique
Métavers, tout doit disparaître (et Hubs aussi) And the Show must go on, Hello World, épisode 5, par Systaime « Exit » le cinéma, par ici le « Home Cinéma » à Créteil Clermont 2019, le court du jour 7 : « The Passage » Les stratégies obliques de Venetian Snares Les vies artificielles de Christa Sommerer et Laurent Mignonneau Art Rock trouve sa formule record |