Visite de l’atelier d’Alexandre et John Gailla, duo d’artistes encore underground, mais plus pour longtemps, à Berlin, à l’occasion de la 5e Biennale d’art contemporain allemande, du 5/04 au 15/06.
© Alexandre et John Gailla
< 14'04'08 >
A Berlin, dans l’atelier des frères Gailla
(Berlin, envoyé spécial) A l’occasion de la Biennale d’art contemporain de Berlin (on y reviendra), poptronics est parti défricher les arrière-cours de la capitale allemande, à la recherche de l’avant-garde vantée par les artistes eux-mêmes. A Kreuzberg, haut-lieu de l’émergence d’une culture interlope et underground des années 90, galeries d’art et petits troquets à l’aspect plus ou moins douteux témoignent des diverses nationalités accueillies dans cette zone ouverte à toutes les exubérances. A quelques rues de la Berlinische Galerie et du magnifique Jüdisches Museum de Daniel Libeskind se dresse l’Aqua Carré, ancien complexe industriel réhabilité en studios et ateliers d’artistes ! Identifier son origine relève de la gageure : manufacture électrique pour les uns, usine de munitions pour d’autres, l’architecture fait davantage penser à ces centres administratifs de distribution de l’eau typiques de l’ex-RDA. D’apparence austère, le lieu abrite une pépinière de jeunes talents, musiciens pop-rock-electro, archi-designers-décorateurs néo-ultra-post-modernes et autres créateurs de bijoux. Côté plasticiens, Alexandre et John Gailla, nés à Vevey en Suisse il y a 30 ans, au talent trouble, nous ont ouvert la porte de leur atelier. Ces jumeaux sont d’abord passés par une phase de différenciation plastique pour parvenir à affirmer chacun son identité propre et singulière. L’un est parti apprendre aux Etats-Unis, à l’I.C.P de New York puis à San Francisco, l’autre est resté en Suisse. Leurs études terminées, ils se sont mis à créer des œuvres signées de leurs deux prénoms. Visite en image et en son. « Diptyque », 2006 : Dès l’entrée, un diptyque de portraits de dos (des transferts photos) donne le la en jouant sur l’indéfinissable, entre peinture et photographie. Une œuvre qui surligne un sentiment très contemporain associant la peur de l’usurpation identitaire à la recherche d’une identité formelle propre à chacun. Les frères Gailla développent des portraits anonymes qui manifestent ce trouble : visage humain perdu, comme les repères qui permettraient de se représenter la position sociale du portraituré. Une galerie d’individus quasi-semblables qui dépasse la dépossession d’une identité clairement identifiable pour focaliser... sur l’épiderme. Au sol, des poupées anonymes, sortes de sculptures réduites à leur plus simple ossature. Leurs squelettes esquissés en fil de fer prennent diverses positions. « On Knees », 2008 : Cette accumulation ne renvoie pas du côté d’une enfance joviale et heureuse mais dessine un univers angoissant, fonctionnant sur la réitération d’un double. La poupée est à la fois motif sculptural et motif privilégié de certaines toiles. Ce travail est à mi-chemin entre les poupées d’Hans Bellmer et celles photographiées par Cindy Sherman. Alexandre et John Gailla invitent les spectateurs à toucher les différents panneaux modulables de l’œuvre afin de recomposer entièrement l’image, comme dans un jeu d’enfant (jeu de pousse-pousse). « Dolls 1 à 6 », 2006 : Du bric-à-brac de livres, de dessins, de sculptures, de photographies qui parsèment la pièce principale, émergent plusieurs œuvres représentant des morceaux de corps fragmentés sous cellophane. Le corps n’est plus perçu comme une entité propre mais comme un simple agencement d’organes, de fragments. Prolongeant leurs réflexions sur l’identité corporelle, les deux artistes ramènent l’anatomie au niveau de la barquette de viande. Paré d’une bonne dose d’humour, noir, bien sûr. En réutilisant le dispositif « interactif » des poupées, le jeu de pousse-pousse détourne le macabre au profit d’un rapport ludique qui donne à réfléchir. « Menschenhand », 2005 :<br /> « Schweinekopf », 2005 : A contrario des œuvres de Vanessa Beecroft, des clones de Gilles Barbier ou des sculptures des frères Jake et Dino Chapman, les corps ne sont pas chez les Gailla des constructions mutantes monstrueuses ou des avatars, encore moins dans une hybridation avec un animal ou quoi que ce soit d’autre. Ils sont avant tout des surfaces, des replis, des traces d’une mémoire de l’individu. La texture de la peau est ici la matière première et unique. Ainsi Alex et John Gailla rejoignent plus les préoccupations d’un artiste comme Patrick van Caeckenbergh, collectionneur de photographies de peaux en plan rapproché. « Max », série Friends, 2007 :
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