Après-coup sur Deep North, la Transmediale 2009, le festival nouveaux médias qui s’est tenu à Berlin du 28/01 au 01/02. Voir également les interviews et vidéos réalisées à l’occasion par Arte sur le blog dédié.
« Stimuline » de Lynn Pook et Julien Clauss, l’une des performances qui ont réhaussé le niveau du Club Transmediale, en perte de vitesse cette année. © DR
< 04'02'09 >
Transmediale 2009, climatiquement correcte

(Berlin, envoyée spéciale)

La neige s’est invitée en fin de Transmediale, comme pour renforcer la thématique « Deep North » du festival berlinois. Alors que cette édition 2009 attirait nettement moins de visiteurs mais plus de critiques chez les festivaliers, on s’interrogeait : est-ce à cause de la thématique qui laisse froid ou bien de la crise (économique, des représentations, etc.) ? Pas simple non plus de saisir l’articulation entre les différentes pièces qui composent le festival (toujours pléthorique), entre conférences scientifiques et présentations d’œuvres ou de problématiques (rapports Nord/Sud, open hardware, critique et consommation...).

Scénographie de l’urgence
Mais la glace n’a pas envahi toute la programmation... Malgré une scénographie trop présente qui mange certaines œuvres par son côté bricolé (l’ambiance « camp d’urgence » est trop illustrative : œuvres projetées sur des bâches recyclées, structures montées à l’arrachée qui donnent à certaines pièces un aspect brouillon, cartels scotchés vite fait par terre, matelas sous plastique disposés dans le lieu...), certaines pièces ressortent particulièrement. C’est le cas notamment du premier prix 2009, « Tantalum Memorial » des artistes Graham Harwood, Richard Wright et Matsuko Yokokoji, qu’on connaît pour leur travail depuis les années 1990 au sein du collectif Mongrel et avec le lieu dédié aux médias libres Mediashed, près de Londres.

Très cher, le coltan, un minerai très prisé pour sa grande résistance à la corrosion, est utilisé dans les téléphones portables et les consoles de jeux. Son commerce et son contrôle sont à l’origine d’un des conflits les plus sanglants en Afrique, au Congo. Le « mémorial du Coltan » met subtilement en relation un serveur de téléphonie sociale, « Telephone Trottoire », créé par les artistes en collaboration avec les animateurs d’une émission de radio à l’attention de la communauté congolaise de Londres, et un dispositif mécanique obsolète de téléphone. « Tantalum Memorial » interroge une écologie médiatique (les rapports entre matériaux bruts, réseaux téléphoniques et de communication) en opérant des transpositions entre bouche à oreille et service téléphonique, tout en mettant le doigt sur la complicité non intentionnelle des utilisateurs de téléphones portables et de consoles.

Dans le même registre écolo-responsable, « Extreme Green Guerrillas » est une série de propositions pour vivre avec un impact minimum sur l’environnement (cliquer ici pour une mini-animation). Avec beaucoup d’humour et un peu de provocation, l’artiste et designer Michiko Nitta propose une alternative aux solutions écologiques actuelles basées sur la consommation (alimentation bio, tri...) en trois points : la communication (utiliser les migrations animales pour envoyer ses messages par des puces RFID, autant en ce qui concerne les animaux sauvages ou domestiques), l’alimentation (créer des nouvelles espèces à partir de celles considérées comme nuisibles et comme gastronomiques, comme un pigeon-caille à lâcher dans la nature et à chasser pour son repas) et la mort (mourir à 40 ans et donc repenser la façon d’utiliser le temps).

L’or qui lévite, le paon qui fume
Tout le contraire du projet vain et manquant d’humour « Natural Fuse », de l’architecte et designer Usman Haque qui le présentait lors d’une conférence : les plantes y sont utilisées comme fusibles pour éviter une surconsommation d’énergie (en réseau, les plantes sont alimentées d’eau de manière automatique et si les habitants d’une maison, d’un quartier, d’une ville, utilisent trop d’énergie, le système arrête d’arroser les plantes et celles-ci meurent). On doute que le dispositif technique soit très écolo en lui-même...

Côté performances, « Sonolevitation » du duo Evelina Domnitch et Dmitry Gelfand, en ouverture de la manifestation, a tenu ses promesses. Les artistes russes manipulent des feuilles d’or en lévitation acoustique, présentant ce phénomène scientifique dans une approche mêlant recherche fondamentale et recherche artistique. Hasard du calendrier, ils étaient hier soir à Paris, pour une performance intitulée « 10000 plumes de paon dans de la mousse d’acide ».

Une banque pour troquer les savoirs
Côté Club, le versant dansé de la Transmediale, la programmation en soirée s’est révélé plutôt fade, mais le programme diurne a été nettement augmenté, proposant au même endroit discussions, ateliers (celui constructiviste avec les artistes de xxxxx), installations et performances, comme « Stimuline » de Lynn Pook et Julien Clauss.

Ce fut également l’occasion de prendre part à l’échange de savoirs de la « Bank of Common Knowledge ». Le collectif barcelonais Platoniq à l’origine de cette proposition lançait le projet « SOS », un système mobile d’échanges de savoir ou d’objets, d’organisation horizontale pour des actions collectives...

anne laforet 

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