Noël Akchoté est un vieux compagnon de route des musiques libres. Depuis 25 ans, ce jazzman contrarié, qui se produit cet après-midi à la Maison des Métallos (concert gratuit), dans le cadre de Sonic Protest, navigue en dilettante surdoué entre rock, musique électro-acoustique et pop. Après s’être fait les dents en compagnie de Chet Baker et Philip Catherine, il plonge sa guitare dans les univers en apesanteur de Fred Frith et Evan Parker, au début des années 80, qui lui apprennent à secouer le cocotier jazz. Le nombre de ses collaborations est depuis impressionnant (Henri Texier, Louis Clavis, David Grubbs, Luc Ferrari, David Sylvian, Jean-François Pauvros, Earth etc…) mais la rencontre de Quentin Rollet en 1996 est décisive : elle marque la naissance du label Rectangle.

En sept ans, Akchoté et Rollet ont produit et publié une cinquantaine d’albums et de maxis, dont ceux de Jean-Louis Costes, Red et les Recyclers, qui initie une collaboration avec Katerine. Akchoté délaisse parfois la scène pour le cinéma, notamment dans le beau film de Thierry Jousse, « Les invisibles », dont il est l’un des acteurs et le compositeur. Pour Sonic Protest, ce grand amateur de reprises (dans une veine bop très rafraîchissante) s’attaque sur scène au répertoire de Kylie Minogue, la peste des antipodes à peu près revenue de tout mais qui, à l’instar de Madonna, sait s’entourer. Il a tiré de ses bluettes post-ado 80’s un album de reprises, « So Lucky », sorti il y a un peu moins d’un an. « J’ai eu envie de sa force, de son histoire, de ses personnages, explique-t-il. Alors j’ai accroché un peu de lingerie mauve "Love Kylie" au mur et écouté tous ses titres. Et j’ai jamais pu choisir. » Les tubes de Kylie sont de fait signés par le trio Stock, Aitken & Waterman, très bons mélodistes. Ce que démontrera Akchoté tout à l’heure en désossant les structures de ces scies (on conseille aux impatients de lire cette longue interview).

« I Should Be So Lucky », reprise de Kylie Minogue par Noël Akchoté, pour une session Libé-Labo, suivie de « Fragments » :

benoît hické