Commission anti-piratage d’un côté, abandon des DRM de l’autre, et le vinyle qui revient en force, bardé de MP3...
Ironie de l’histoire, la dématérialisation de la musique (avec le MP3 et le téléchargement) aboutit au retour du disque vinyle... "augmenté" de MP3. © DR
< 06'09'07 >
Au « mini-Grenelle » anti-piratage, où sont les pirates ?
C’est la tarte à la crème du sarkozysme naissant : après le « Grenelle de l’environnement » promis au printemps, bientôt un « mini-Grenelle de la gratuité » sur la question du téléchargement illégal. C’est Denis Olivennes, ci-devant président de la toute nouvelle commission de lutte contre le téléchargement illicite (et PDG de la Fnac, laquelle propose sa propre offre de téléchargement légal... ne cherchez pas le conflit d’intérêt, bientôt ça n’existera plus), qui l’a réclamé mercredi 5 septembre lors de sa prise de fonction. L’auteur du nuancé « La gratuité, c’est le vol » (Grasset) veut mettre fournisseurs d’accès, producteurs de musique ou de cinéma et ayants droit autour de la table pour trouver une hypothétique réponse (graduée ?) au téléchargement illégal. Rappelons aux amnésiques que les accords de Grenelle avaient permis de solder mai 1968 en réunissant autour de la table syndicats, patronat et représentants du gouvernement... Passons sur l’ironie de l’histoire (Sarkozy a vomi sur Mai 1968 pendant la campagne, mais joue du vocabulaire et de la méthode à plein tube), pour s’interroger sur le fond : autour de cette table, qui représentera la masse des internautes qui pratiquent jour après jour le téléchargement (pas forcément illégal, faut-il le rappeler ?). Et puis, l’heure est-elle encore à la discussion alors que les DRM (Digital Rights Management, les verrous technos qui empêchent la duplication d’un titre numérisé) sont quasi-morts et les labels de plus en plus versés dans le numérique ? Un signe qui ne trompe pas : la tendance, venue des Etats-Unis, au couplage inattendu vinyle-MP3. Petit point d’étape d’un dossier toujours brûlant. La ministre de la Culture, Christine Albanel, le disait hier dans « 20 Minutes » : « Il faut mettre en place une offre légale encore plus attractive et des dispositifs pour informer les internautes sur les dangers du piratage et du téléchargement illégal. Ils doivent prendre conscience qu’il y a un risque de tarir la création à sa source. » Les majors n’ont pas attendu les conseils ministériels pour battre en retraite sur les DRM et surenchérir tout l’été à coups d’annonces. Universal, après avoir absorbé l’indépendant V2 (Calexico, Bloc Party, dEUs, Murat…), vient de lancer une offre piégée avec Neuf Cegetel, soit un forfait permettant le téléchargement illimité sur son catalogue. Mais les fichiers, lisibles uniquement sur Windows Media Player, deviennent muets si l’on quitte l’opérateur (en gros, du DRM déguisé)… Autre géant, EMI a lancé un e-label en France à l’orée de l’été : Reset Jr ne renonce pas aux albums « physiques », mais a l’ambition d’aller au plus près des internautes. Sorti fin août, « Digital Shades vol.1 », de M83, a ainsi eu droit à une écoute et un chat en ligne, et un concours de vidéos vient d’être lancé en partenariat avec Eyeka. Draguer les internautes dans le sens de plus d’écoute... sans céder sur les ventes. Comme souvent, les solutions les plus originales sont à chercher du côté des indépendants. Surfant sur le retour en grâce du vinyle au-delà du cercle électronique (du 12’’ au picture disc), ils sont nombreux à proposer des LP avec un code pour télécharger les morceaux en MP3. Le phénomène est encore très américain : Merge (Arcade Fire, M. Ward) s’est lancé le premier en 2006 sur une partie de son catalogue, suivi par Saddle Creek (Bright Eyes, Cursive, Two Gallant) et Matador (Cat Power, Mogwai, Yo La Tengo), l’offre couplée LP-MP3 étant chez eux systématique. Mais d’autres s’y mettent : Sub Pop l’a proposée pour l’album de The Shins au printemps, Touch & Go s’apprête à le faire pour l’excellent « Autumn of the Seraphs » de Pinback (sortie mardi prochain avec un EP inédit).
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commentaire
écrit le < 07'09'07 >
Bonjour Juste pour complementer votre texte : il y a quelques années déja : Shellac (Touch and Go , je crois) fournissait un Cd (équivalent) integré a son album vynil. Mais il est vrai que le rock n’existait plus a l’époque.
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