Rencontre avec Philippe Vasset et Xavier Courteix, co-créateurs d’un Site blanc, prolongement sur le Net de l’exploration des zones urbaines vides décrite dans « Un Livre blanc » (Fayard, 2007).
Zone blanche n°6 à Genevilliers (Hauts-de-Seine). © Xavier Courteix
< 01'08'08 >
Ce site n’est pas une carte
Il n’aura échappé à personne que c’est la période des vacances et, partant, des grandes escapades. Et celle que poptronics vous convie à partager n’est pas des moins dépaysantes : la visite (via le Net, on ne se refait pas) de Paris par ses creux, en compagnie de Philippe Vasset et Xavier Courteix du formidable « Site blanc ». « Nulle part – si ce n’est dans les rêves – il n’est possible d’avoir une expérience du phénomène de la limite aussi originaire que dans les villes. » Cette limite fixée par Walter Benjamin, dans « Paris capitale du XIXe siècle » (1939), l’écrivain Philippe Vasset est allé la chercher dans les zones blanches non cartographiées : friches, interstices du maillage urbain, zones tampons, aires en transit, no man’s land désaffectés. Carte IGN 2314 OT en main, il a exploré pendant un an et demi les dernières frontières de Paris et sa banlieue, de Chevilly-Larue au port de Genevilliers, du Bourget à Alfortville, à la recherche de ces espaces vides, « cette peau des villes sans maquillage », dit-il. De ses pérégrinations, il a tiré « Un Livre blanc », dont François Bon, son « parrain » en littérature, a fait la critique en septembre 2007. Et puis s’est associé à deux plasticiens, Xavier Courteix et Xavier Bismuth, pour fonder l’Atelier de géographie parallèle et ledit « Site blanc », manière de poursuivre l’aventure sur le Web. « Les livres les plus intéressants sont des livres ratés, ceux qui ne font pas le tour de leur sujet, explique Philippe Vasset en touillant son café. Un Site blanc prolonge le Livre blanc, il est susceptible d’évoluer autant que ces zones sont ouvertes et évoluent. » Une rencontre comme une évidence entre Xavier Courteix et Philippe Vasset, qui crapahutaient dans les mêmes no man’s lands : le premier photographiait le champ des ondes magnétiques (à découvrir sur son site), le second faisait l’explorateur moderne. Sur un « Site blanc » (inauguré dans la foulée de la parution du livre, en septembre 2007), cartes, dessins GPS (de Xavier Bismuth), photos, vidéos et sons documentent une quinzaine de lieux. Avec en tête cette idée de géographie non figée, qui échappe à l’inventaire. Car ce qui est révélé à un moment précis de ces zones évolue : elles sont en mutation permanente, se remplissent, se construisent, disparaissent, bougent selon des lignes fluctuantes. La preuve, les zones recensées au lancement du site ont toutes depuis été reconstruites ou sont en passe de l’être. « Le site est un instantané fuyant, pas un guide, ni une carte. » Plus une performance artistique, graphiquement très réussie, qu’un carnet de voyages. Puisque tout bouge, le « Site blanc » aussi. Parmi ses projets : décliner le concept sur d’autres villes et intégrer régulièrement de nouvelles zones (en fonction des rencontres, pour l’instant Rome et Berlin sont au programme avec respectivement, l’Observatoire nomade et laboratoire d’art urbain Stalker qui travaille sur les marges urbaines, et l’artiste sonore Marcus Gammel). Puis, un projet avec l’Atelier de création radiophonique de France Culture, qui fera dialoguer deux personnages, un dans la ville, un dans une zone blanche, et dégagera ainsi les lignes de fuite sonores au passage de l’une à l’autre. La géographie imaginaire est ainsi un moyen de prendre quelque distance avec les débats sur la ville à l’étroit, coincée aux entournures (densité, refonte urbaine...).
L’exemplaire Claude Closky
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